Messe du 9e dimanche du temps ordinaire – Journée des malades

 

Chanoine Michel de Kergariou, à l’église N.-D. de l’Immaculée Conception, Leysin, le 6 mars 2011
Lectures bibliques : Deutéronome 11, 18-28; Romains 3, 21-28; Matthieu 7, 21-27 – Année A

Notre église de Leysin, dont nous célébrons cette année le 100e anniversaire, est dédiée à la Vierge Marie Immaculée Conception, toute pure dès sa naissance, accueillante à l’appel du Père, transparente à l’Amour de son Fils.  C’est sous ce vocable qu’elle s’est révélée à l’enfant de Massabielle, Bernadette Soubirous, à Lourdes.
Ainsi donc, aujourd’hui, je suis vraiment heureux et quelque peu ému de m’adresser à vous, chers malades, depuis cette église de Leysin. Marie, l’Immaculée Conception, Lourdes, tout nous oriente vers vous depuis ce lieu centenaire. Ses murs, s’ils pouvaient parler, exprimeraient tant de prières, de supplications, de révolte légitime aussi, mêlées de sentiments d’espérance et d’abandon spirituel dans la souffrance de la maladie : « Seigneur, si tu le veux tu peux me guérir » ; « Seigneur, que ta volonté soit faite et non la mienne »
Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus dit en effet : « il ne suffit pas de me dire Seigneur, Seigneur ! » pour entrer dans le royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux». Ces paroles de Jésus ne sont pas si facilement acceptables…  Serait-ce « la volonté du Père ma maladie ? » Oh ! Que NON !

Par ses paroles, ses attentions, ses miracles, les malades n’ont-ils pas été les privilégiés de Jésus ? Et lui-même ne juge-t-il pas ses disciples sur ce constat : « J’étais malade et vous m’avez visité » ou au contraire « vous n’êtes pas venus me voir ».
Dans sa lettre pour la journée des malades publiée au nom de la conférence épiscopale, Mgr Roduit, Abbé de l’Abbaye de St-Maurice, rappelle cet élément du jugement dernier au chapitre 25 de Matthieu. « Jésus s’identifie au malade, comme il l’a fait pour le pauvre affamé ou assoiffé, le prisonnier ou l’étranger. » écrit-il. Oui, Jésus est venu dans le monde en s’identifiant depuis la crèche, à tous les déshérités du monde,  pour partager leurs souffrances, les soulager par sa présence et son amour, donner les signes de restauration de la Vie par sa Résurrection.

La maladie n’est pas seulement physique. Elle est reconnue souvent psychique et spirituelle.
« Corps, cœur et esprit » nous rappelle Mgr Roduit, « c’est tout l’être qui a besoin de santé ». On parle ainsi facilement de maladie psychosomatique quand la souffrance psychologique et les peines de cœur se répercutent sur la santé du corps. Et de reconnaître que pour soigner un membre ou une partie du corps, on se rend attentif  aujourd’hui de plus en plus à la réalité affective, voire spirituelle, du patient. Aussi, malgré la surcharge actuelle de travail, nous remercions et encourageons les soignants,  quel que soit leur niveau de soins, à porter leur attention à tout l’humain, et consacrer un minimum de temps avec le patient, délicatement, sans s’immiscer dans sa vie privée au-delà de ce que lui permet son désir,  souvent très fort, de communiquer.

Allons plus loin : L’humain est aussi social.
Combien de souffrance et de maladie dont le déséquilibre économique, politique et social est responsable ! Combien de malades de la faim, de la sous-alimentation ou de la malnutrition à cause de l’exploitation économique. Combien d’artistes, littéraires, penseurs et même chercheurs réprimés par des dictatures idéologiques, politiques ou religieuses.
Ces souffrants manquent cruellement de médecins qui ne sauraient être que ceux qui détiennent les responsabilités de la gouvernance des nations. Il semble au contraire qu’à ce niveau les patients ne doivent compter que sur eux-mêmes,  se soigner eux-mêmes. Ecoutons le cri qui s’élève de tant de pays  aujourd’hui  de la part de ceux qui souffrent et sont malades de manque de reconnaissance et de respect de leur dignité d’hommes et de femmes. Dignité bafouée qui n’est pas seulement le fait de tyrans sans conscience, mais aussi, et davantage encore,  le produit d’un libéralisme sans contrôle, d’un appât du gain, qui profite de ces mêmes gouvernements pour puiser dans les richesses de leurs pays.
A combien de peuples, aujourd’hui, ne sommes-nous pas portés à penser en cette  « journée des malades ». Et aucun peuple n’est épargné, ne serait-ce qu’en une partie de sa population.
Depuis les premières pages de la Bible, c’est la même présence de Dieu exprimée à Moïse : « J’ai vu la misère de mon peuple,  … je l’ai entendu crier … oui, je connais ses souffrances … je suis descendu pour le libérer». 
Et c’est Jésus qui nous le démontre et nous dit « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde ».

Depuis la découverte de la pénicilline, la cité de Leysin et son Eglise ne sont plus affectées par la santé physique comme au temps de la tuberculose.
Les écoles internationales ont transformé en s’y installant les sanatoriums d’autrefois. A surgi alors à Leysin une nouvelle action de guérison : dans le domaine de la vie ensemble, de la relation à l’autre, de l’écoute et du respect, voire de l’enrichissement mutuel : en un mot LA PAIX.
Sur un mur de la nef de l’église centenaire va être fixée une grande toile faite de multiples tissus et objets provenant des 5 continents, grâce aux étudiants. Au centre un point lumineux irradie, tel un esprit nouveau, sur ces pièces éparses et diverses pour les unir entre elles par un fil invisible et constituer une unité harmonieuse et paisible.
Un appel vibrant, une annonce confiante dans une représentation prophétique d’un monde nouveau animé d’un esprit et d’un cœur nouveaux comme le dit le prophète Ezéchiel.
 Un vœu de guérison pour le monde. 
 Que notre cœur aujourd’hui se fasse sensible à toutes ces souffrances et ces luttes pour en soutenir les acteurs.
Pour vous les malades, quelle que soit votre souffrance, physique, psychique, spirituelle ou sociale, confiance et persévérance dans l’épreuve. Le Christ est à vos côtés pour la Vie.
AMEN

 

 

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