Messe du 7ème dimanche ordinaire

 

Abbé Jean-Marie Vienat, au C.A.R.E., Genève, le 23 février 2003.

Lectures bibliques : 2 Corinthiens 1, 18-22; Marc 2, 1-22

Chers amis,

Nous nous arrêtons à présent pour quelques instants de méditation, de réflexion en lien avec l’évangile que nous venons d’entendre, cette rencontre du paralytique avec Jésus, cette guérison extraordinaire illustrée par les douze tableaux que vous voyez autour de l’autel.

D’abord, voyons un peu l’attitude du paralysé et des quatre personnes qui le portaient. Comme ils ne pouvaient s’approcher de Jésus en raison de l’immense foule qui se trouvait devant la maison, ils montent sur le toit, le découvrent, font une ouverture et descendent le brancard sur lequel est couché le paralysé. Il faut le faire ! Aller sur le toit en montant l’homme paralysé, ouvrir le toit et descendre le paralysé pour atteindre Jésus. C’est fascinant, hallucinant comme diraient certains. Ces hommes étaient certainement très forts, astucieux, ingénieux, mais ce qui frappe le plus dans l’attitude de ces hommes, c’est qu’ils voulaient à tout prix rencontrer Jésus. Ils avaient une foi à déplacer des montagnes, une confiance énorme, ce qui explique leur détermination impressionnante. Passer par le toit, il fallait le faire !

Aujourd’hui de nombreuses personnes sont dans ce monde attirées par le Christ Jésus, mais leur itinéraire spirituel de vie ne correspond peut-être pas aux attentes que nous pourrions avoir à leur égard. Il peut s’agir aussi de personnes dont l’histoire de vie ne correspond en rien aux standards habituels ou de personnes ayant un vocabulaire ou des attitudes vestimentaires, un mode de vie fort déroutant pour la majorité des chrétiens. Il peut s’agir de personnes peut-être un peu en marge par rapport à certaines normes ou à certains critères de la société.

Saurons-nous comme Jésus, accueillir généreusement ceux qui passent par le toit pour le rencontrer. Oserons-nous jouer le rôle des brancardiers, de ces porteurs de l’évangile en leur offrant notre soutien pour les hisser jusqu’au toit et les rapprocher de Jésus ?

 

L’attitude de Jésus. Qu’est-ce que Jésus dit au paralytique ? Il lui fait une double réponse. Il lui dit d’abord : Mon fils, tes péchés sont pardonnés. Va, prends ton grabat et marche. Jésus qui voit la double détresse de cet homme, la double blessure, le guérit à la fois dans sa paralysie physique et en même temps, il lui manifeste le miracle du pardon de Dieu. Il le guérit d’une maladie intérieure, beaucoup plus profonde, les blessures de son cœur. La guérison de son corps lui permet de se lever et de marcher et de rentrer chez lui. Le pardon, la guérison intérieure le remet debout dans sa dignité d’homme, véritable miracle du cœur. Voilà un homme totalement comblé. Il est guéri, dans sa santé et dans son intérieur. Cette double guérison, cette double libération, met en lumière une chose extrêmement importante pour nous, en nous montrant qui est vraiment Jésus Christ, envoyé de Dieu, le Fils de Dieu. En effet, en se levant doublement guéri et pardonné, le paralytique donne la preuve de la vérité de ce que dit Jésus.

Pour que vous sachiez que le Fils de l’Homme a le pouvoir de pardonner les péchés sur la terre, il dit au paralytique : Je te l’ordonne, va, prends ton grabat et marche.

Aujourd’hui nous pouvons ensemble dire à Dieu : « Oui Seigneur, augmente notre foi, fais grandir notre foi, nous en avons besoin ». Nos expériences de pardon, de libération, de guérison auprès de personnes particulièrement en difficulté, nous permettent d’affirmer que personne n’est irrécupérable aux yeux de Dieu, que la souffrance, le mal, les blessures et la mort, n’auront jamais le dernier mot. « Seigneur, tu nous vois rassemblés devant toi, nous sommes plus ou moins des blessés de la vie, nous aussi. Viens nous rassurer et fortifier notre foi. Nous avons tous besoin d’être reconnus, estimés, valorisés et aimés. Viens, Seigneur nous rassurer. Viens faire grandir notre foi et notre espérance. Ensemble, nous te le demandons instamment. »

Avec le paralytique pardonné et guéri, nous pouvons exprimer aussi notre joie et notre reconnaissance, même s’il n’est pas exubérant, qu’elle joie pour lui, quel soulagement de vivre cette expérience de pardon et de guérison. C’est un double miracle de l’amour. Le paralytique exprime sa joie en sortant devant tout le monde, et commence certainement à gambader de joie et les gens de s’écrier, stupéfaits : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil ».

 

Ces miracles d’amour existent aussi aujourd’hui chez nous. Je songe particulièrement au travail remarquable et merveilleux accompli chaque jour sur le terrain, au C.A.R.E., par une solide et généreuse équipe de bénévoles et de professionnels, aux qualités de cœur, aux compétences, à la gratuité, au don de soi, à leur générosité. Je songe aux visages qui s’éclairent, aux gens qui se remettent en route, qui se remettent debout. Je songe au pain que l’on partage, à la chaleur humaine, à la remise en route que l’on fait ensemble, aux regards qui nous font vivre, ainsi qu’aux cœurs et aux bras ouverts, ici ; autant de miracles d’amour que nous vivons au quotidien au service des plus petits, des plus démunis, ici à Genève. Miracles aussi de la part des personnes accueillies, qui malgré leurs blessures, parfois très profondes, ont beaucoup de richesses en elles et qui nous les font partager. Elles nous permettent d’affirmer que nous pouvons continuer notre chemin avec confiance. Ces personnes que nous rencontrons et qui sont accueillies ici, elles nous donnent leur richesse. Elles nous offrent leur cœur. Elles nous accordent leur confiance, leur reconnaissance et tant d’autres valeurs de leur vie et leurs qualités de cœur, leur courage, leur sens du partage.

On pourrait citer des centaines d’exemples. Je n’en citerai qu’un qui m’a frappé : Il y a quelques années, nous étions en hiver, il faisait très fois, un garçon m’a demandé une paire de souliers chauds ou de bottes. Un autre garçon, Pierre, qui était à côté de lui, lui a dit : « J’en ai deux paires à la maison, je t’en offre une paire demain. » Combien d’exemples pourrions-nous citer, mais ils sont parfois très difficiles à transmettre, parce qu’ils viennent du cœur. Cela me fait penser à l’affirmation de Mère Teresa qui nous disait : « Les pauvres nous évangélisent. C’est par eux que nous devenons riches ». Richesse mutuelle partagée, véritable miracle d’amour, comme dans l’évangile.

 

En conclusion, chers amis, à la suite de l’affirmation de Mère Teresa, en voici encore quelques unes que je vous offre comme des perles sur le chemin de votre vie. Chacun prend celle qui lui correspond le mieux : Le Seigneur nous rappelle dans la prière du « Notre Père » que nous sommes toutes et tous, sans exception, « fils et filles » du même Père, qui est notre Dieu. Jésus nous rappelle ceci : Ce que vous faites aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites et encore Le plus grand parmi vous, c’est celui qui se met au service des autres. L’abbé Pierre, à sa manière, nous transmet cette pensée suivante : « La vie est un peu de temps qui nous est donné pour, si on le veut, apprendre à aimer ». Et le Père Guy Gilbert, le lutteur infatigable dans les rues de Paris et les prisons nous dit ceci : « Lutte et aime là où tu es » Quand le Christ est au cœur de ce témoignage, quelle force. Je n’en connais pas de plus grande, parce qu’elle est invincible.

Chers amis, puissent ces perles lumineuses que nous venons d’entendre, éclairer nos cœurs et nous aider à poursuivre notre tâche avec plus de confiance, de courage et de persévérance et que nous puissions réaliser, à notre tour au C.A.R.E. ou ailleurs, partout où nous sommes, des miracles d’amour.

Amen

 

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