Messe du 7e dimanche de Pâques

 

Chanoine Jean-Paul Amoos, à l’abbaye de Saint-Maurice, le 27 mai 2001.

Lectures bibliques : Actes 7, 57-60; Apocalypse 22, 12-20; Jean 17, 20-26

« … que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ».

Mes frères, mes sœurs,

Nous venons de l’entendre, Jésus prie, il prie pour les Apôtres, sans nous oublier.
Jésus est venu dans le monde pour rétablir le grand pont de l’amour entre Dieu et les hommes, pont qui a pour nom communion, unité.

Jésus prie afin que l’humanité retrouve et vive l’unité, cette unité perdue au lendemain de la création où, au coeur du Paradis terrestre, Adam et Eve avaient succombé à la tentation du diviseur, de Celui qui n’avait pu et ne peut admettre une harmonie parfaite entre l’homme et Dieu, entre l’homme et la femme. Jésus prie et donne sa vie pour cette unité vitale et fondamentale. Pour cette unité signe par excellence qui témoigne de Lui et de son oeuvre. Pour cette unité qui traduit le mystère de la Rédemption et qui conduit à la foi.

Oui, à la veille de son sacrifice pour la gloire de Dieu et le salut du monde, Jésus prie et livre sa vie, sa vie source d’unité. Unité à ne pas confondre avec uniformité. Si Jésus avait désiré l’uniformité il n’aurait pas d’abord prié, il aurait édicté des règles à suivre; et si à première vue l’uniformité paraît sécurisante voire même attrayante, dans la réalité, elle est bien moins vivante qu’une unité à réaliser et à bâtir.
Passer de l’unité à uniformité c’est tentant, même l’Église au cours des siècles a parfois succombé à la tentation de l’uni-formité !

En priant pour l’unité, Jésus voulait des hommes et des femmes libres, – pas indépendants – mais libres, greffés sur la sève de son amour exprimant leurs différences et non leurs différends.

Dans sa prière, Jésus implore pour ses futurs fidèles la grâce de l’unité la plus parfaite qu’on puisse imaginer, faite à l’image de l’union indissoluble existant entre le Père et le Fils.

« … que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé »

Ce verset nous fait découvrir trois réalités ! Premièrement : le but principal de la prière de Jésus : « que tous soient un ». L’unité des croyants entre eux a sa source dans la Trinité; c’est la même unité qu’Il avait demandé pour les apôtres. Deuxièmement, la prière de Jésus indique un but encore plus élevé : « qu’eux aussi soient en nous » : l’union des croyants avec les Personnes divines. L’unité de la communauté chrétienne se fonde sur l’unité de chacun de ses membres avec le Père et le Fils; et c’est de cette parfaite unité que jaillit la « joie complète « . Troisièmement, cette unité sera un motif de crédibilité pour toute l’humanité : « pour que le monde croie que tu m’as en-voyé ».

Rien, en effet, ne manifeste si bien la vérité de l’évangile que la charité des fidèles : « à cet amour que vous aurez les uns pour les autres, tous vous reconnaîtront pour mes disciples … » Dieu n’est jamais cause de discorde, mais de paix. Pour le monde, divisé à tant de points de vue, l’harmonie des esprits ancrés dans une même foi et l’unité des cœurs animés d’un même amour sont une prédication muette, mais très efficace.

Saint Ignace d’Antioche un passionné d’unité prêchait avec une insistance frappante : « Aimez l’union, fuyez les divisions, soyez les imitateurs de Jésus-Christ, comme lui aussi l’est de son Père ».

Le but des dons de Dieu c’est que nous soyons unis par une union conforme à celle qui lie le Père au Fils ».

« Moi en eux » « Toi en moi » : Jésus demeure dans les croyants par la grâce, Il habite dans leurs cœurs par la foi, Il demeure en eux par sa chair offerte en nourriture. « Le pain que nous rompons n’est-il pas communion au corps du Christ ? Puisqu’il n’y a qu’un pain, à nous tous nous ne formons qu’un corps, car tous nous avons part à ce pain unique », écrivait Saint Paul aux Corinthiens. L’unité des fidèles est un effet du sacrement de l’Eucharistie.

« Que leur unité soit parfaite » : le Christ prie pour l’unité de tous les croyants de tous les temps. En effet, plus une commu-nauté est nombreuse et plus elle se développe à travers les générations qui se succèdent, plus aussi sont à craindre les forces centrifuges qui risquent d’amener la division. Ce danger menaçait l’Église des apôtres dans la mesure même où elle devait s’augmenter et s’étendre en tous lieux. Jésus le sait parfaitement, et c’est pour cela que, dans sa sollicitude de Bon Pasteur désireux de l’unité du troupeau, il prie pour son Église avec une ferveur particulière : non seulement il demande pour elle à quatre reprises la grâce de l’unité, mais il veut que ce soit une unité consommée, parfaite et durable.

Nous savons que ce vœu du Christ n’a de loin pas été toujours exaucé… des divisions, il y en a eu au sein de l’Église, mais aujourd’hui, les diverses confessions chrétiennes ont pris conscience des dégâts causés par la division. On s’active à découvrir des voies de communion.

La conférence des Églises européennes et le Conseil des Conférences épiscopales d’Europe réunis à Strasbourg le mois dernier vient de rédiger une charte œcuménique en vue d’une collaboration croissante entre les Églises d’Europe. Les par-ticipants ont clairement manifesté que l’unité entre les chrétiens était plus nécessaire que jamais pour ne pas trahir le sacrifice du Christ et pour donner au monde les signes du salut.

Pour conclure, voici quelques phrases de cette charte :
« De nombreuses formes de collaboration oecuménique ont déjà fait leurs preuves. En fidélité à la prière du Christ : « Que tous soient un » (…) nous ne devons pas en rester à la situation actuelle. Mais, ayant conscience de nos fautes et en étant prêts à nous convertir, nous devons nous efforcer de vaincre les divisions qui existent encore entre nous, pour annoncer ensemble, de manière crédible, la Bonne Nouvelle de l’Évangile parmi les peuples ».

« Comme Seigneur de l’Église une, Jésus Christ est notre plus grande espérance de réconciliation et de paix ». « En son nom, nous voulons poursuivre un même chemin en Europe. Nous demandons à Dieu l’assistance de son Esprit Saint. »

 

 

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