Messe du 7e dimanche de Pâques

 

Chanoine Jean-Paul Amoos, à l’abbaye de St-Maurice (VS), le 24 mai 2009
Lectures bibliques :
Actes des Apôtres 1, 15-26 ; 1 Jean 4, 11-16 ; Jean 17, 11-19 – Année B


“Pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient eux aussi consacrés par la vérité”.

Mes frères, mes soeurs, chers auditeurs,

Ce verset, tiré de la grande prière de Jésus prononcée au soir de la sainte Cène, à la veille de sa mort, est d’une densité et d’une importance peu communes.

Les mots “pour eux je me consacre” rappellent l’admirable page du livre d’Isaïe lue lors de la liturgie du Vendredi Saint  dans laquelle le prophète souligne la parfaite innocence du Serviteur s’immolant pour les autres:

C’étaient nos souffrances qu’il portait
et nos douleurs dont il était accablé…
Il a été transpercé à cause de nos péchés,
écrasé à cause de nos crimes.
Le châtiment qui nous rend la paix était sur lui et c’est grâce à ses plaies que nous sommes guéris.

Cette prophétie du serviteur souffrant, Jésus se prépare à l’actualiser  au cours du dernier repas en instituant l’Eucharistie où sa chair est livrée pour la vie du monde, et où son sang de l’alliance nouvelle est répandu pour la multitude en rémission des péchés.

Et c’est cette consécration totale du Christ qui nous aide à comprendre ces mots :
 “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis”.

Les mots : “Pour eux je me consacre” veulent donc bien dire : je m’offre pour eux en sacrifice. Ces mots et cette attitude de Jésus disent bien qu’il indique lui-même le but de son immolation. Et ce but n’est pas d’abord que les disciples restent fidèles à sa doctrine, mais bien : “afin qu’eux aussi soient vraiment consacrés, de façon complète et pour toujours”, par la participation à son sacrifice.

Ce passage de la prière du Christ a une importance capitale pour tous. D’abord pour les apôtres qui venaient d’être ordonné prêtres : “La sanctification que Jésus leur obtient, les consacre comme prêtres et victimes, dispensateurs de la grâce et comme liens d’unité”.

Il en va de même pour tous les croyants, qui dans le mystère du Christ, deviennent, comme le souligne une des préfaces du dimanche : “race élue, sacerdoce royal, peuple acquis, qui passe des ténèbres à son admirable lumière afin d’offrir, par Lui, Jésus Christ, des sacrifices spirituels à Dieu le Père.

Tout chrétien est invité à offrir ”sa propre personne en hostie vivante, sainte et agréable à Dieu”.

Puisque dans toute cette prière, Jésus a en vue l’unité parfaite des siens, on peut aussi entendre ce passage de la façon sui­vante: “Je me consacre pour eux, afin qu’eux aussi se consacrent (se sacrifient) les uns pour les autres”.

“Je vous ai donné l’exemple pour que vous agissiez les uns envers les autres comme j’ai agi envers vous”. De même que je m’immole pour vous, de même, vous aussi vous devez vous immoler les uns pour les autres. Ce que j’ai fait par un don absolument gratuit devient, pour vous, une mission.

Si Jésus a donné sa vie pour nous, nous devons, nous aussi donner notre vie pour nos frères.  C’est saint Jean qui nous le dit dans sa Première lettre, car celui qui prétend demeurer en Lui doit se conduire lui aussi comme le Christ s’est conduit.

Cette notion importante qu’est la “sanctification”, la “consécration”, nous la trouvons dans la lettre aux Ephésiens, où il est dit : “Le Christ a aimé l’Église : il s’est livré pour elle afin de la sanctifier en la purifiant; car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée.”

Cette sanctification et cette consécration seront parfaites dans la mesure où nous consentirons à nous laisser à la fois sanctifier et sacrifier à l’exemple du “Christ-Tête” qui doit nous guider vers le salut en nous conformant à la volonté de Dieu qui est sainte et sanctifiante.

Dès notre baptême, Jésus nous dit sans cesse : “C’est pour toi que je me consacre afin que tu sois, toi aussi, consacré en vérité”.
Si le baptême nous insère dans la passion, la mort et la résurrection du Christ, l’Eucharistie, à son tour, achève notre union au Christ autant qu’il a souffert ; si le baptême peut être appelé le sacrement de la foi qui est le fondement de la vie spirituelle, l’Eucharistie, elle, est le sacrement de la charité, le “lien de la perfection”.

En priant pour ses Apôtres, Jésus implore, demande au Père la sainteté et la charité de ses Apôtres. Il veut que soit gardé et transmis ce trésor surnaturel qui devait parvenir jusqu’à nous.
De plus, avec les dernières paroles de cette prière Jésus nous montrent que nous avons été, à cette heure-là, présents à sa pensée  et aimés d’avance.

La prière du Sauveur nous associe étroitement aux Apôtres : tout ce qu’il vient de demander pour eux, il le sollicite également pour nous.

Ce que les Apôtres ont reçu, ils nous l’ont transmis.
En ces jours qui nous acheminent vers la Pentecôte, tenons-nous avec la Vierge Marie au Cénacle, ouvrons nos cœurs à l’Esprit. Que se creuse en nous le désir de sa venue, afin d’être, à notre tour, consacrés dans la vérité et comblés de sa joie afin de combler de joie nos frères, au travers de ce signe par excellence qu’est l’amour que nous avons les uns pour les autres.

 

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