Messe du 6ème dimanche de Pâques

 

Abbé Jean-Jacques Martin, à l’église N.-D. de l’Assomption, Fleurier, le 1er mai 2005.

Lectures bibliques : Actes 8, 5-17; 1 Pierre 3, 15-18; Jean 14, 15-21 – Année A

Chers amis,

 

Vous avez bien entendu cet évangile ? Alors vous serez d’accord avec moi si d’emblée je relève que Jésus ne dit pas : « évadez-vous, fuyez ce monde » mais qu’il dit plutôt : « organisez-le autrement, ce monde »

Parce qu’il y a un monde qui est tenté de réduire simplement l’homme à ce qu’il fait ou encore mieux à ce qu’il possède.

Oui, il y a un monde qui est en quelque sorte transformé en supermarché où tout se vend… tout !

Et Jésus nous dit : « ce monde, il faut qu’il devienne autrement, donc ce qu’il n’est pas ».

Et je me suis dit que c’est précisément pour nous permettre de changer le monde que Jésus va s’en aller. C’est pour cela qu’il nous dit : « encore un peu de temps et le monde ne me verra plus ». Parce que si Jésus reste là, il y a la tentation de croire que Jésus pourrait s’acheter dans les rayons des supermarchés, comme on achète les autres choses, et au prix, par exemple, de trente deniers…

Et c’est donc l’absence de Jésus qui sera véritablement la meilleure garantie de sa présence. Jésus finalement, et j’aime à le dire souvent, est ailleurs. Et il ajoute : « je ne vous laisserai pas orphelins. D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant ».

C’est pour cela que Jésus promet d’envoyer l’Esprit Saint, le Défenseur, l’Esprit de vérité.

Au passage, vous aurez remarqué que Jésus ne laisse aucune consigne pratique concernant l’organisation de l’Eglise. Il ne donne son sentiment ni sur la formation des prêtres, l’élection d’un pape, la place des femmes dans l’Eglise, l’organisation de la paroisse. Il nous promet son Esprit !

Et il faut être capable d’accueillir ce don de Dieu, ce nouveau regard qui s’appelle l’Esprit.

Alors oui, « si vous m’aimez vous resterez fidèles à mes commandements » devient possible, mais – je dirais – à deux conditions : la première condition, c’est reconnaître le Christ, accepter sa Parole, lui laisser l’initiative. C’est ce que nous avons lu dans le livre des Actes des Apôtres : la Parole Dieu précède la venue de Pierre et Jean. C’est toujours Dieu qui prend l’initiative, alors ne cherchons pas à le contrarier. La seconde condition, c’est la fidélité aux commandements. Et cette fidélité est très bien décrite dans la première lettre de saint Pierre dont nous avons entendu un passage tout à l’heure : « vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous : faites-le avec douceur et respect ». Je reste toujours très impressionné par cette parole de l’apôtre Pierre : permettez-moi de vous partager un moment personnel que j’ai vécu : oui j’ai été très impressionné par cette parole lorsque ma maman, au soir de sa vie, m’a dit, comme un testament, qu’elle avait toujours essayé de vivre cette espérance, qu’elle avait toujours essayé de rendre compte de l’espérance qui l’habitait et qu’elle voulait que cela soit dit à ses funérailles. Quelle fidélité à la Parole de Dieu !

Alors oui, la connaissance du Christ et la fidélité à ses commandements sont, me semble-t-il, les deux conditions essentielles pour recevoir cet Esprit Saint, ce Défenseur, cet Esprit de vérité.

Je sais bien que le mot « commandement » n’est plus tellement à la mode ; je prends cependant le risque d’en formuler quelques uns de ces commandements, mais de façon positive afin de bien se rendre compte qu’avec Jésus de Nazareth nous passons à une autre dimension, celle qui nous offre la clé du bonheur :

· sois artisan de paix au point de croire que la conciliation et le compromis sont possibles même et surtout là où tant de gens s’imaginent résoudre les conflits par la force, la violence et le chantage

· sois faiseur de pardon là où tout le monde s’évertue à rendre coup pour coup, à miser sur la riposte. Toi, continue à dire qu’on peut toujours se comprendre et à te comporter en conséquence

· sois capable, alors qu’on t’injurie, qu’on te maltraite, qu’on te calomnie, de continuer ton chemin. Et tu seras surpris de voir tes accusateurs s’interroger

· sois fidèle jusqu’au bout : et quand tu dis « oui » que cela t’engage sans avoir besoin de prouver ton oui ; et quand tu dis « non », ne le justifie pas puisque ton « non » a été réfléchi

« Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements »

Je vous rappelle que Jésus dit cela à l’heure où il passait de ce monde à son Père.

« Je m’en vais » dit Jésus.
Si Jésus peut partir, si l’Esprit peut venir, c’est qu’il a une issue. Nous ne sommes donc pas prisonniers, coincés dans un monde en impasse et une existence sans issue.

La clé du bonheur, c’est que Jésus nous ouvre un espace pour vivre, une histoire à faire et qui se fait déjà.

Etonnante discrétion de Jésus qui s’efface pour ne se faire que chemin. Respect de Dieu pour l’homme qui ne veut pas que Jésus puisse être utilisé comme paravent pour camoufler les peurs du changement.

Jésus ne veut pas se faire récupérer… Jésus ne veut pas être pris pour un spectacle…

Jésus est un témoin, un envoyé !
(Jean Debruynne)

A notre tour, en aimant Dieu et en gardant ses commandements, d’être un témoin, d’être un envoyé.

Et alors, bonne route à chacun d’entre nous.

AMEN !

 

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