Messe du 5ème dimanche de Pâques

 

Abbé Jean-Marie Nusbaume , le 20 avril 2008, à l’église de Porrentruy
Lectures bibliques : Actes des Apôtres 6, 1-7; 1 Pierre 2, 4-9; Jean 14, 1-12 – Année A

400 ans de la mort du prince-évêque Jacques-Christophe Blarer de Wartensee

Avez-vous remarqué que dans la plupart des groupes, il y a toujours quelqu’un qui exprime à haute voix les questions que les autres se posent tout bas ?

Ainsi en est-il de Thomas et de Philippe parmi les disciples de Jésus.
L’un veut connaître le chemin… l’autre veut voir le Père… 

Leurs questions ne ressemblent-elle pas aux  nôtres ?

A nos interrogations sur la destinée humaine, sur notre destinée personnelle, Jésus donne aujourd’hui comme hier les mêmes réponses :

« Je pars vous préparer une place. Là où je suis vous y serez aussi. »
« Je suis le chemin, la vérité et la vie. »
« Qui m’a vu a vu le Père »

Cette parole de Jésus nous appelle à nous engager sur le chemin de la foi. Car croire en Dieu n’est-ce pas un appel à croire en Jésus ? Et croire en Jésus, n’est-ce pas croire en Celui qui l’a envoyé ?

Quand j’entends Jésus dire : « Je pars vous préparer une place. Là où je suis vous y serez aussi », je pense à l’expérience vécue par celles et ceux qui s’aiment.

Quand deux personnes s’aiment, il n’y a rien de plus important pour elles que d’être ensemble dans la durée et l’intensité. Peu importe où et comment.

N’en va-t-il pas de même pour les disciples et le Christ ?
Etre avec Lui, n’est-ce pas ce que nous pouvons désirer de plus fort ? Etre avec Lui, déjà ici bien sûr, mais surtout pour toujours, par de-là la mort, auprès du Père.

Quand j’entends Jésus dire : « Je suis le chemin, la vérité et la vie », je pense à ces femmes et à ces hommes qui acceptent que le Christ passent en eux pour les faire passer du dehors au-dedans, de ce monde au Père.

Jésus est le chemin de Dieu vers l’homme et de l’homme vers le Père. Mais il est aussi le chemin de l’homme vers lui-même et vers les autres.

Ce chemin ne nous est pas inconnu, étranger, inaccessible. Il passe dans l’humanité. Il traverse les générations. Il épouse tous les aléas de l’histoire. Il passe en chacune et en chacun pour nous entraîner en avant, vers le Père, vers le Royaume à venir.

Jésus est le chemin de l’Eglise dans ses splendeurs, dans ses misères et surtout dans son désir d’accomplir fidèlement la mission confiée : annoncer l’Evangile à la famille humaine.

Il est le chemin de l’humanité dans ses heures glorieuses comme dans ses heures tragiques. Il se fraie un passage dans le cœur des femmes et des hommes, comme par exemple celles et ceux qui souffrent de la faim  en Haïti ou dans certains pays d’Afrique.

Il est le chemin dans la conscience des femmes et des hommes dont les droits sont bafoués, au Tibet, au Soudan et ailleurs encore. Il inscrit son passage dans les blessures des victimes des agressions, des attentats, de la guerre et de toutes les violences de notre monde.
Et aussi déconcertant que cela puisse paraître, Jésus est le chemin qui veut se frayer un passage dans le cœur et la conscience de ceux qui terrorisent ou exploitent l’être humain. Car rien ne l’arrête.

Parce qu’il est le chemin, Jésus est la vérité. Il est la parole unique et définitive de Dieu sur l’homme et de l’homme sur Dieu.
Parce qu’il est le chemin, Jésus est aussi la vie en plénitude  qui nous donne de vivre en ressuscités déjà ici et maintenant et qui nous rend capable de nous engager pour faire vivre nos frères et sœurs en humanité.

Quand j’entends Jésus dire : « Qui m’a vu a vu le Père », je pense à tous  les affamés d’absolu, tous les chercheurs de Dieu qui se laissent rencontrer par Lui, dans la personne du Christ.

Jésus ressuscité, c’est Dieu fait chair, être de chair et de sang, chair et sang donnés en nourriture à chaque eucharistie pour construire l’Eglise… L’Eglise, dont la mission depuis les origines est de donner à entendre, à voir, à toucher, à manger Celui qui appelle l’humanité à passer des ténèbres à son admirable lumière.

Cette année, Porrentruy fait mémoire des 400 ans de la mort du prince-évêque Jacques-Christophe Blarer de Wartensee et des 33 ans de son règne dans un siècle troublé par les guerres civiles et de religion qui secouaient l’Europe.

Son souvenir s’est inscrit dans les livres d’histoire et aussi dans la pierre : le château reconstruit dont la tour du coq porte l’emblème de Blarer, le collège et l’ancienne église des Jésuites.

Prince et évêque, Blarer a eu le souci de garder ses sujets dans la foi, de visiter les paroisses de son diocèse, de mettre en œuvre les décrets du Concile de Trente. Homme de foi, il a vécu dans la prière et la simplicité, confiant dans la miséricorde de Dieu.

Evoquer Jacques-Christophe Blarer de Wartensee comme un personnage du passé est insuffisant pour nous baptisés. Au cœur de l’eucharistie, à cause de notre foi en la résurrection, nous faisons mémoire de lui comme un vivant.  Car, en lui, comme dans le plus obscur et le plus petit de ses contemporains, Jésus est passé pour l’entraîner par-delà la mort dans la communion avec le Père.

Habités par l’Esprit du Ressuscité, nous voulons donc regarder non seulement vers le passé, mais surtout vers l’avenir, vers le Royaume de Dieu, là où le Christ nous conduit et nous attend.

Aujourd’hui, comme aux premiers temps de l’Eglise, comme à chaque génération, il nous arrive certainement de nous interroger sur notre destinée, sur notre avenir.
A ces questions, Dieu donne comme réponse le Christ, dont les paroles sont esprit et vie… le Christ qui nous appelle à mettre en Lui notre confiance  alors qu’il nous redit ce matin :

« Je pars vous préparer une place. Là où je suis vous y serez aussi. »
« Je suis le chemin la vérité et la vie. ».

« Qui m’a vu a vu le Père. » 

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