Messe du 5e dimanche de Pâques

 

Abbé Canisius Oberson, église du Bon Pasteur, les Geneveys-sur-Coffrane, le 22 mai 2011
Lectures bibliques : Actes 6, 1-7; 1 Pierre 2, 4-9; Jean 14, 1-12Année A

Chers amis rassemblés dans cette église, et vous qui nous écoutez à la radio, nous aimerions sans doute bien rencontrer un jour Jésus et lui dire : « Montre-nous le Père », c’est-à-dire montre-nous Dieu. Pour essayer de trouver Dieu, des gens passent leur vie à réfléchir. D’autres partent à l’autre bout du monde, ils vont parler avec des sages de l’Inde ou d’ailleurs, en espérant que la petite lampe s’allume enfin en eux et qu’ils puissent dire : Euréka, j’ai trouvé Dieu ! J’ai connu un vieil homme qui est venu me trouver et qui pleurait en me disant : comme j’aimerais croire en Dieu, comme je vous envie d’être croyant, mais je ne le peux pas !

À Philippe qui était un peu bouché, Jésus dit : « Celui qui me voit, voit le Père ». Pour voir Dieu, il faut donc voir Jésus, le fréquenter, en faire un compagnon de route, un guide, un ami. Et Jésus qui nous dit Dieu, c’est un gaillard étonnant. Il vivait dans une liberté extraordinaire. Sa boussole, c’était l’amour qu’il avait pour son Père, et l’amour qu’il avait pour tous. Quand des gens étaient rejetés, mis de côté, lui faisait exprès d’aller vers eux, parce qu’il savait que Dieu son Père les aimait. C’est pour ça qu’il allait vers les lépreux, qu’il mangeait avec les gens peu recommandables, au grand scandale des bien-pensants. Il pardonnait aux pécheurs, et pour lui les gens étaient plus importants que les lois. En agissant ainsi, Jésus voulait dire : voilà mon Dieu, voilà votre Dieu, c’est ainsi qu’il vous regarde, vous pardonne, vous aime ! Pour aller vers ce Dieu-là, « je suis le chemin, la vérité et la vie ». Alors, inutile de faire de grandes théories sur Dieu, « regardez-moi, écoutez-moi et suivez-moi », veut dire Jésus. C’est ce que nous faisons lorsque nous ouvrons un évangile, seuls ou avec d’autres, au catéchisme ou en famille.

Mais il faut encore ajouter ceci : Jésus n’est pas une pièce de musée qu’on va visiter dans l’évangile ou à l’église. Il est ressuscité, vivant, Pâques nous le rappelle. Son ciel, ce ne sont pas les nuages et le vide intersidéral ; non, son ciel, c’est nous, c’est les humains qui peuplent le monde entier. Nous sommes des « pierres vivantes » du nouveau temple où Jésus habite. Ce qui veut dire que Jésus et Dieu son Père, nous en trouvons l’image vivante sur nos visages d’humanité ; sur vos visages réjouis d’enfants, sur le visage de vos parents, de vos frères et de vos sœurs, mais aussi sur le visage des malades, des vieillards, des personnes handicapées, des étrangers, des foules de pauvres et d’affamés de notre planète.

Quand on a une fois réalisé que nous sommes la demeure de Dieu, alors on sait aussi qu’on ne peut plus se contenter de prier et de lire l’évangile pour être une pierre vivante, même si c’est très important. Alors, quoi faire ? Avant toute chose, j’ai envie de dire : nous laisser toucher, nous laisser aimer par les autres, nos voisins comme les réfugiés qui nous appellent à nos frontières, les pauvres et ceux qui ne comptent pas, ces handicapés à qui on voudrait encore diminuer leur rente parce que les plus riches ne veulent pas partager. Les regarder, ces pauvres, comme on contemple Jésus donnant sa vie pour nous sur la croix, pour accueillir le cœur d’humanité qui bat en chacun d’eux. Voilà la première étape, qui nous permettra de rayonner l’amour de Jésus pour la seconde étape, celle de l’amour donné, précisément, qui passe par le respect de la dignité de chacun, par la compassion et le partage dans la justice.

Vous l’avez ainsi compris : on ne peut pas voir Jésus et Dieu sans voir les autres. Et si l’on regarde bien au fond du cœur des humains, on ne peut pas les voir sans voir Dieu. C’est ainsi que, chrétiens, nous cheminons vers Dieu avec Jésus, en donnant la main aux foules de ce monde que Dieu aime. – Amen.

 

 

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