Messe du 4ème dimanche de Pâques


Chanoine Jacques OEUVRAY, église Saint-Maurice, Buix, le 11 mai 2003.

Lectures bibliques : Actes des Apôtres 4, 8-12; 1 Jean 3, 1-2; Jean 10, 11-18

 

Ecouter la voix de quelqu’un et le connaître !

Chers frères et sœurs,


C’est l’expérience que Jésus nous propose de faire, pour découvrir le Ressuscité au cœur de nos vies comme un Bon Berger qui nous conduit vers le Père, qu’il est le seul à bien connaître puisqu’il vient de lui jusqu’à nous.

 

Le monde ne manque pas de prétendus bergers. A époque régulière, les médias nous annoncent qu’un de ces soi-disant bergers s’est enfermé, avec ses disciples, loin du monde et que beaucoup sont allés jusqu’à mourir en les suivant. Certains même demandent de les suivre car ils connaissent où se trouve l’axe du bien pour lutter contre l’axe du mal. Et certaines personnes, dans leur désarroi ou leurs problèmes, sont prêtes à suivre n’importe qui, pourvu qu’il les flatte en leur disant qu’elles ont raison.

 

Je suis le Bon pasteur. Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent… elles écouteront ma voix, dit Jésus. On ne devrait jamais ouvrir l’évangile ou écouter la lecture du dimanche sans chercher à bien connaître la voix de Jésus.

 

Nous n’avons jamais vu son visage. Mais nous avons sa parole. Les gardes, envoyés par les grands prêtres pour arrêter Jésus, revinrent bredouilles et éblouis : Jamais, disent-ils, homme n’a parlé comme cet homme ! Nous pouvons dire que nous connaissons la voix de Jésus quand nous sentons, instinctivement, que personne n’a parlé et ne parlera comme lui. Il emploie les mots les plus ordinaires, mais ces mots, dans la bouche de Jésus, reviennent de très loin, ayant pris des résonances qui peuvent changer une vie par un seul mot ! Et vous, chers frères et sœurs qui vous unissez à nous par les ondes, vous entendez des paroles sans voir nos visages mais vous entrez dans la même connaissance de Jésus que nous parce que, comme nous, vous écoutez sa voix, ses paroles.

 

Nous en avons toutes et tous fait l’expérience, de ces mots et de ces phrases qui changent notre vie. Nous avons entendu des dizaines de « je t’aime » autour de nous, au cinéma, à la télévision. Mais, lorsque quelqu’un qu’on aime et connaît nous a dit : « je t’aime », tout a changé. Nous avons entendu et prononcé des centaines de fois « papa », « maman », mais pour vous, parents, le premier « papa » ou « maman » qui est sorti de la bouche de votre enfant, a bouleversé à jamais votre vie.

 

Ce mot, cette phrase qui change tout, il est justement dans l’évangile de ce dimanche et cette parole ouvre, soudain, sur l’infini.

 

Je donne ma vie pour mes brebis ! Le mercenaire s’enfuit, lui, s’il voit venir le loup. Jésus nous connaît, nous appelle à le suivre et nous ouvre les portes de la vie. C’est ce que font, après lui, tous ses disciples. C’est bien ce que déclare Pierre devant le Grand Conseil d’Israël : On nous demande comment cet homme a été sauvé… Sachez-le donc : c’est grâce au nom de Jésus le Nazaréen, crucifié par vous, ressuscité par Dieu, c’est grâce à lui que cet homme se trouve là devant vous, guéri. Une parole qui change la vie. C’est à cette mission que tous les disciples de Jésus, tous les baptisés sont appelés. Et, d’une manière particulière, tous les religieux et les religieuses dans le monde, les évêques, les prêtres et les diacres dans leur service des communautés chrétiennes. C’est seulement après avoir reconnu et entendu la voix du Bon Berger qu’on peut le suivre dans cette mission.

 

Je donne ma vie pour mes brebis ! Cette parole de Jésus réalise pleinement la promesse de Dieu qui désire nous partager sa vie pour l’éternité, avec son fils. Il faut la savourer, cette parole, aux jours heureux. Il faut la reprendre avec entêtement quand tout dit le contraire. Je veux vous faire vivre tout de suite, dit Jésus, quelque soit votre détresse ou votre vide.

 

Et ici, je m’adresse à toutes les mamans en ce jour de leur fête. Vous avez toutes fait l’expérience d’un amour créateur qui se prolonge dans la vie d’un enfant et qui prolonge ainsi Dieu au cœur du monde. Un enfant qui reconnaît immédiatement votre voix parce que vous l’avez porté dans la douce obscurité de votre corps et qu’il en est tout imprégné avant que n’apparaisse au clair sa petite frimousse de vie toute fripée. Et puis, un jour, parce que, à l’image de Dieu et du Bon Berger, vous avez donné la vie dans l’oubli de vous-mêmes, vous avez ouvert les bras pour nos premiers pas mal assurés. Nous sommes revenus, encore plus vite, nous blottir dans ces mêmes bras qui nous ont accueillis, non pas pour nous garder, mais pour nous renvoyer, plus assurés, vers les chemins de la vie. Merci de nous redire sans cesse la grandeur de l’être humain dans ce prolongement de l’Amour et de la vie de Dieu.

 

Oui, frères et soeurs, cette vie est parmi nous, en nous, offerte de mille façons, depuis l’eucharistie que nous célébrons, jusqu’à notre aide à un frère ou une sœur malheureux qui nous font toucher la vie réelle : C’est moi, c’est moi-même, dit Jésus, que tu aides !

 

Pour ouvrir des portes d’espérance, laissons-nous toucher, frères et sœurs, par la voix du Bon Berger sans nous laisser égarer par des bergers qui ne sont que des mercenaires. Nous pourrons alors aller et venir sur les routes du monde offrir la vie à la suite du Bon Berger.

Amen

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *