Messe du 4ème dimanche de l’Avent

Mgr Benoît Vouilloz, à l’église N.-D. de la Visitation, Martigny, le 21 décembre 2003.

Lectures bibliques : Michée 5, 1-4a; Luc 1, 39-45

Viens, Seigneur Jésus

Marie se mit en route avec empressement vers une ville de la montagne de Judée

 

Chers frères et sœurs,

Qui que vous soyez, croyants, mal croyants ou incroyants, intéressés ou agacés par la religion, fidèles à l’Eucharistie dominicale ou non, favorables ou réticents à l’égard de la piété mariale, permettez-moi de vous inviter tous et toutes à rejoindre, à travers le temps et l’espace, cette jeune fille d’Israël des premières années de notre ère, Marie, si belle en son humilité, si proche de Dieu et si proche de nous par l’aventure humaine et par l’affection. Rejoignons-la sur son chemin conduisant de Nazareth, en Galilée, jusqu’au sud du pays, la région montagneuse de la Judée (cela fait environ 120 kilomètres).

Quels sont les sentiments qui habitent son cœur et la pressent ainsi de se mettre en route ?

Elle est toute plongée en Dieu, comblée de son amour. C’est ainsi que l’ange Gabriel l’a saluée quelques jours, ou peut-être même quelques heures auparavant. Elle vient de se laisser envelopper par cette puissance de vie par excellence qu’est l’Esprit-Saint et la voilà portant en son sein la Vie elle-même : Jésus, dont le nom signifie Sauveur, Libérateur.

L’histoire de l’humanité tout entière est comme concentrée en un point de convergence lumineux, un point d’arrivée et de départ, si bien que l’on parlera désormais en termes d’avant et d’après, en termes d’ancien et de nouveau.

Evénement inouï et, pour l’instant, Marie est seule dans le secret de Dieu ; tout, autour d’elle, demeure dans la banalité du quotidien : le chemin rocailleux à travers les champs, le vent qui se lève, des hameaux, des chaumières, où la vie se déroule avec ses ombres et ses lumières, des cœurs qui battent ou qui se battent, des esprits qui s’interrogent, des âmes qui respirent la paix ou qui souffrent… et Marie va son chemin avec empressement, portant en elle le trésor le plus vulnérable et le plus puissant qu’aucune créature humaine n’ait jamais porté : Dieu lui-même, Energie cosmique, Source de la vie, de l’amour, de la joie.

Messagère d’une si bonne nouvelle,Marie ne peut pas la garder pour elle seule ; il faut qu’elle la partage avec sa cousine Elisabeth, qui, elle aussi, participe à ce mystère naissant, où l’humanité tout entière est concernée.

Nous voici dons témoins d’une scène absolument unique dans l’histoire de l’humanité. Une scène que tant d’artistes au cours des siècles ont eu à cœur de chanter par la musique ou la peinture ; notre église paroissiale elle-même nous en offre une belle représentation. Voyez le tableau du maître-autel :
Deux femmes enceintes s’accueillent, partagent leur joie de futures mères, une joie emportée dans un tourbillon d’allégresse qui les dépasse : l’allégresse de connaître l’œuvre d’amour que Dieu avait annoncé par les prophètes et qu’il vient d’inaugurer avec la collaboration de leur disponibilité et de leur liberté.

Et tout cela dans un tel silence ! Un silence plus éloquent que tous les hauts parleurs et les beaux parleurs de tous les temps, y compris du nôtre.

« Entrez, Dieu est en attente »
Chers jeunes du Chœur Agapè, c’est ainsi que vous nous avez invités à vivre notre célébration de ce jour. A mon tour, je me sens pressé de vous inviter, vous, jeunes de Martigny et vous, tous les jeunes qui êtes à l’écoute par la voie des ondes : n’hésitez pas à combler l’attente de Dieu, à réjouir son cœur, en entrant avec confiance dans son mystère, en accueillant des mains de Marie le don qu’il nous offre : Jésus, en qui il nous révèle en plénitude son cœur de Père.

Et pour cela, entrez dans le silence de votre cœur. Environnés et même agressés que nous sommes par le brouhaha des fêtes de fin d’année, par tant de feux clignotants, aveuglants, de notre monde « hypermatérialisé », « supercommercialisé », aimez retrouver le silence de l’Evangile, pour discerner la douce lumière, humble et cachée, de la nuit de Noël, pour accueillir l’Enfant.

Et, tout au long de l’année nouvelle, gardez en vous, comme une lampe allumée, ce Sauveur, envoyé par Dieu pour nous délivrer de tout ce qui nous empêche d’être nous-mêmes, pour nous faire vivre dans la liberté des enfants de Dieu. Car, en vérité, Jésus vient nous libérer de tout carcan, aussi bien religieux que social ; en nous révélant le vrai visage de Dieu, il nous libère de toute superstition et de tout ritualisme : avec lui, toute la religion se résume à accueillir l’amour de Dieu et à vivre à son image et ressemblance, comme ses enfants bien-aimés, en nous aimant les uns les autres. La religion ne fait désormais qu’un avec la vie quotidienne.

Retrouvez souvent Jésus dans la prière et dans la banalité du quotidien. Marie est là pour vous guider dans une telle démarche, elle dont toute la vie sur terre s’est déroulée dans une telle simplicité, loin de toute manifestation exceptionnelle, à tel point que l’Evangile est très sobre à son sujet. Et c’est pour cela que nous l’aimons et la vénérons avec une reconnaissance pleine d’affection. Avec elle, accueillez Jésus dans son offrande eucharistique, comme en ce moment. Aimez à le rencontrer dans le pain de vie, signe de sa présence permanente au cœur de notre monde ; présence discrète et agissante, humble et rayonnante, comme à la crèche de Noël ; le pain eucharistique nous rappelle aussi, au long du temps qui passe, son offrande sur la croix, son cœur ouvert par la lance du soldat, expression de son ardent désir d’attirer à lui toute l’humanité en marche, en faisant crouler tous les murs de la haine et de la honte que nous ne cessons d’élever, partout dans le monde.

Oui, laissez-moi vous le redire : comblez l’attente de Dieu, en accueillant Jésus, pour le rayonner, le donner à notre monde, pour notre bonheur à tous, le donner, à l’exemple de Marie, la première missionnaire de la Bonne Nouvelle. Que toute créature humaine sous le ciel puisse se réjouir dès maintenant de se savoir aimée par Dieu, sauvée par le Christ.

« Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? »

« Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur »

Chers jeunes, et vous tous, chers frères et sœurs, nous voici plus que jamais invités et pressés par Dieu à partager le bonheur de Marie et d’Elisabeth. Allons-nous accepter une telle invitation ?

« Oh oui, viens, Seigneur Jésus »

 

 

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