Messe du 4ème dimanche de l’Avent

 

Abbé Bernard de Chastonay , le 21 décembre 2008, à la cathédrale de Sion
Lectures bibliques : 2 Samuel 7, 1-5.8-12.14.16; Romains 16, 25-27; Luc 1, 26-38
– Année B

Chers auditeurs de la Radio suisse romande, chers malades, chers paroissiens, chers frères et sœurs dans le Christ,

Imaginez que vous soyez mouche et que vous assistiez en direct à la scène que l’évangile vient de nous décrire… dans quel étonnement seriez-vous plongés, avec Marie !

Voyez cette jeune fille, une grande adolescente à qui un ange apparaît. Nous sommes pourtant à Nazareth, un village insignifiant où rien de particulier n’aurait jamais dû se produire.

Entendez maintenant cette extraordinaire salutation : Je te salue, COMBLEE DE GRÂCE… Trois mots qui nous révèlent que cette jeune fille, Marie, est tout entière remplie, imprégnée des faveurs divines.

Observez encore sa réaction : elle est troublée, bouleversée – on le serait à moins ! – et elle se demande ce que peuvent bien signifier les paroles de la salutation. Le simple fait qu’elle se pose cette question nous montre en Marie la « veilleuse » qu’elle n’a sûrement jamais cessé d’être; elle a entendu, comme par anticipation, les paroles de Celui qui, des années plus tard, dirait à ses disciples : prenez garde et veillez.

Tout entière tournée vers Dieu, elle ne nous étonnera donc plus, ou moins, quand elle conclura cette rencontre avec l’ange par un plein acquiescement au projet de Dieu : qu’il m’advienne selon ta parole.

Temps de l’Avent, temps de l’attente, disions-nous il y a maintenant trois semaine déjà. A la suite de Marie, nous voulons continuer à être des veilleurs attentifs, percevoir nous aussi la présence de Dieu dans ce monde et dans notre vie. Alors, comme Marie, HABITONS NOTRE VIE INTERIEURE, prenons conscience, dans la joie, que ce même Dieu qui a comblé Marie de toutes grâces nous entoure également de son amour. 

A quoi nous servirait que le Christ soit né de la Vierge Marie, s’il ne naissait pas aussi par la foi dans notre âme ? Voilà une question posée par Origène, reprise plus tard par saint Augustin, saint Bernard et Luther, et qui nous concerne au premier chef. La maternité divine de Marie se réalise sur deux plans : sur un plan physique et sur un plan spirituel; Marie est la mère du Seigneur non seulement parce qu’elle l’a porté dans son sein, mais aussi parce qu’elle l’a conçu d’abord dans son cœur, par la foi. Et Marie nous invite à l’imiter.

Son divin Fils nous a d’ailleurs indiqué la meilleure manière pour nous de devenir en quelque sorte à notre tour « mère de Dieu » : en écoutant sa parole et en la mettant en pratique (cf. Luc 8,21). Ecouter attentivement la parole de Dieu, c’est concevoir le Fils dans notre vie, mettre en pratique cette même parole, c’est mettre au monde d’aujourd’hui l’enfant divin. Saint François d’Assise peut nous éclairer à ce sujet : Nous sommes mères du Christ, dit-il, lorsque nous le portons dans notre cœur et dans notre corps par amour, par la pureté et la loyauté de notre conscience; et que nous l’enfantons par nos bonnes actions, qui doivent être pour autrui une lumière et un exemple… Nous concevons donc le Christ quand nous l’aimons d’un cœur sincère et avec une conscience droite, et nous le faisons naître quand nous accomplissons toutes sortes de bonnes actions qui le manifestent au monde. Ce faisant, nous répondons à une autre question que se posait un cardinal, au temps de sa vieillesse : A quoi servent les chrétiens aujourd’hui ? A rien, répondit-il, sinon à manifester au monde la tendresse de Dieu pour tout homme, quel qu’il soit (cf. Les confessions d’un cardinal, Olivier Le Gendre, JC Lattès, Paris, 2008)

Et c’est Marie encore qui nous montre en ce 4e dimanche de l’Avent comment devenir « mère » du Christ : en prononçant, comme elle, un OUI déterminé au plan de Dieu sur chacune et chacun d’entre nous.

Habiter notre vie intérieure, prendre conscience des grâces reçues, s’en réjouir en rendant grâce à notre tour, voilà qui fera de nous des veilleurs attentifs et efficaces et nous pourrons, le jour venu, annoncer au monde : ne le cherchez plus, il est là Celui qu’obscurément vous attendiez : gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre paix aux hommes qu’il aime.

Amen

 

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