Messe du 4e dimanche du temps ordinaire

 

Abbé Gilles Gachoud, à l’église de Saint-Blaise, le 28 janvier 2007
Lectures bibliques : Jérémie 1, 4-5, 17-19; 1 Corinthiens 12, 31; 13, 1-13; Luc 4, 21-30 – Année C

Nous le savons bien, l’amour de charité est le cœur du message chrétien, l’essentiel de l’enseignement de Jésus. L’amour de charité est le grand commandement : «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur… et ton prochain comme toi-même» (Mt 21, 37-39). Tout le monde s’accorde pour reconnaître que l’amour est ce qu’il y a de plus important dans la vie, et Paul, dans ce passage que nous venons d’entendre, ne le dément pas.

Mais on peut légitimement se demander de quel amour il s’agit ? Pour universel, nécessaire et vital que soit l’amour, est-ce suffisant pour en faire le cœur du message chrétien, lui donner son caractère spécifique ? En effet, un sentiment tellement naturel, tellement universel ne peut caractériser une spiritualité, une religion, et, surtout la personne humaine se trompe parfois, elle peut croire qu’elle aime alors qu’il ne s’agit pas d’un véritable amour. L’amour véritable est exempt d’égoïsme, d’intransigeance ou de mépris des autres, de recherche de soi. Combien d’entre nous croient aimer alors que nous ne faisons que nous rechercher nous-mêmes ! Non, l’amour véritable est juste, il suppose des renoncements, une dépossession de soi, des sacrifices mêmes pour ne vouloir que le bien de ceux que l’on aime.

Nous entendons parfois dire qu’il suffit d’aimer et que le reste : la diversité des opinions, la vérité, les dogmes religieux n’ont pas d’importance, c’est une approche assez irréaliste et sentimentale de l’amour.

De quel amour s’agit-il donc dans tout l’évangile et le Nouveau Testament ? Quel amour peut avoir cette exceptionnelle prééminence ? «il dépasse tout» (1 Co 12, 31) et entraîner de tels renoncements, susciter un tel don inconditionnel de soi ?

L’amour de charité est un amour unique, paradoxal. Il est à la fois ce qu’il y a de plus élevé, de plus sublime ; il est divin et, en même temps, il est ce qu’il y a de plus profond en nous, de plus intime et de plus quotidien. La charité est ce qu’il y a de meilleur, de plus haut ; sans elle, toutes nos actions perdent leur valeur. Lorsque tout passe et tout s’efface, l’amour de charité, lui, demeure, « il ne passera jamais » (1 Co 13, 8).

Et, l’amour de charité dont parle Paul est le cœur de la révélation du Christ dans l’évangile. Cet amour est l’essentiel de la vie chrétienne et n’est donc pas simplement une affection humanitaire, si belle, légitime et respectable qu’elle soit, mais une communion à la vie, à l’amour même de Dieu. Cet amour de charité ne peut être qu’un amour reçu, accueilli humblement, car c’est un amour donné, un amour don qu’aucun effort humain ne peut conquérir par lui-même. « Il n’est donc pas question de l’homme qui veut ou qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde» dit encore Paul aux Romains. (Rm 9, 16).

Ainsi donc, réduire le christianisme à la fraternité humaine, à la solidarité, à la promotion de l’homme, en le séparant de ce qui en est la source vive, profonde : à savoir l’amour de Dieu, l’amour qu’est Dieu, c’est le dénaturer.

L’amour de charité ne passera pas. Il demeurera toujours le trésor le plus précieux que Dieu nous confie. Le Seigneur désire que nous le fassions nôtre pour qu’il transforme progressivement notre vie et celle de tous ceux qu’il touche. « Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jn 13, 35).

Amen

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *