Messe du 4e dimanche de Pâques

 

Abbé Paul Frochaux, église Notre-Dame, Vevey, le 29 avril 2012
Lectures bibliques : Actes 4, 8-12; 1 Jean 3, 1-2; Jean 10, 11-18 – Année B



« Paroisse encore vivante attend un prêtre qui soit un bon Pasteur, un vrai berger, selon le cœur de Dieu…faire offre à… »
Ce type de petite annonce pourrait intéresser de nombreuses paroisses aujourd’hui, tant la demande est forte et pressante en des temps où les prêtres sont de moins en moins nombreux et dont la moyenne d’âge devient impressionnante par son élévation !

C’est vrai, on y est maintenant ! On est dans les problèmes, on ne sait pas trop vers quoi on va. Deux prêtres encore en pleine force, dont votre serviteur, vont quitter cet été l’Unité Pastorale du Grand Vevey. Combien seront-ils pour les remplacer ? Deux, un ? Ici, les rumeurs ou plutôt les inquiétudes sont réelles. De leur côté, nos autorités ne savent plus comment répondre à l’attente des paroisses. Ce problème est un problème général en Occident, il vaut aussi pour les Communautés religieuses, monastiques et même des communautés nouvelles.
Dans l’Eglise ou hors d’elle, beaucoup y vont de leurs solutions : il faut que les prêtres puissent se marier, il faut ordonner des femmes… Mais, d’autres Communautés chrétiennes qui connaissent largement ces ouvertures voient, avec un certain décalage il est vrai,  les mêmes problèmes arriver chez eux. Le problème est donc ailleurs. Ne serait-il pas simplement dans la grave déchristianisation que connaît actuellement notre société ?

Une affiche déjà ancienne pour les vocations sacerdotales montrait un jeune prêtre africain célébrant l’Eucharistie. La légende de cette belle affiche était ainsi libellée : « Le monde a besoin de prêtres, car le monde a besoin du Christ ». Cette phrase m’a touché et j’y crois. En même temps je m’interroge : Notre société occidentale a-t-elle encore besoin du Christ ? Ne donne t-elle pas plutôt des signes qu’elle peut s’en passer. Et si elle peut s’en passer, elle peut se passer des prêtres, des vocations consacrées et, en général de toutes les vocations.

Apparemment, notre monde préfère suivre d’autres bergers dont les voix sont peut-être plus séduisantes. La voix de la publicité qui nous promet une vie meilleure, les voix de la facilité en matière d’éthique qui nous arrangent, les voix de la politique qui nous promettent des solutions qui ne seront pas tenues. Ces voix et tant d’autres sont celles des bergers mercenaires pour qui les brebis ne comptent pas vraiment.

Ces constats, plutôt négatifs, je le reconnais, ne sont pas étendus à l’échelle planétaire et la santé vocationnelle de notre Eglise catholique dans le monde n’est pas si mauvaise. Pour 410.000 prêtres il y a plus de 100.000 séminaristes ou futurs prêtres ! Donc, dans l’ensemble de la vie de notre Eglise catholique,  les prêtres non seulement se remplacent largement, mais ils sont même statistiquement en augmentation. Si nous avions la même proportion, nous aurions chez nous environ septante séminaristes à la place de 5 ! D’où viennent ces séminaristes nombreux ? Sans doute de pays moins favorisés matériellement. Sans doute de communautés vivantes, joyeuses, où les jeunes sont nombreux dans les assemblées. Les fameuses journées mondiales de la Jeunesse nous donnent un signe formidable d’encouragement, mais elles ne remplissent pas les séminaires et les couvents de Suisse Romande.

Face à cette question, Jésus nous donne la première des solutions, la plus simple, la plus essentielle : « Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson » (Mt 9, 38) Prier. Cela s’est toujours fait. Il faut d’ailleurs rendre hommage à tant de personnes qui ont prié, qui prient encore tous les jours à cette intention. Elles ont formé des monastères invisibles, invisibles aux yeux des hommes, parfaitement visibles aux yeux de Dieu. Merci à toutes ces personnes, croyez quoi qu’il en soit que votre prière n’a pas été vaine et qu’elle reste précieuse.

Priez, prions avec vous, pour que la voix de Jésus le Bon Pasteur soit entendue. Il est la voix de Celui qui donne sa vie pour ses brebis. Il est la voix de celui qui connaît ses brebis et, attention, il ne les connaît pas de manière superficielle, il les connaît comme il connaît le Père et que le Père le connaît.  Pas moins que cela !
Il est enfin la voix de celui qui veut rassembler les brebis en un seul troupeau, il est le pasteur de l’Unité.

Prions pour que cette voix soit entendue de tous et plus particulièrement des nouvelles générations. Prions pour que les séminaristes et les prêtres que nous espérons plus nombreux s’efforcent de ressembler à ce Bon Pasteur en donnant eux aussi leur vie pour les brebis qui leur sont confiées. Prions pour les vocations consacrées dans nos communautés religieuses, nos monastères, dont l’action et la prière féconde l’Eglise tout entière.

Prions pour notre pauvre monde ; qu’il découvre qu’il a besoin du Christ et qu’en ayant besoin du Christ, il a besoin de prêtres, qu’il a besoin de vocations consacrées prêtes à donner leur vie pour le peuple que Dieu s’est acquis. AMEN

 

 

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