Messe du 4e dimanche de l’Avent

 

Abbé Pascal Gobet, le 23 décembre 2007, à la basilique Notre-Dame, Genève
Lectures bibliques :
Isaïe 7, 10-14; Romains 1, 1-7; Matthieu 1, 18-24 – Année A

C’est le personnage de Joseph, l’époux de la Vierge Marie qui va, en ce dimanche,  guider notre marche jusqu’à la crèche de Bethléem.  Il a toujours été un peu dans l’ombre et pourtant il n’a rien d’un figurant. Il  tient même une place de choix dans l’histoire sainte. Une place voulue  par Dieu. C’est saint Matthieu, en ce quatrième dimanche de l’Avent qui nous en parle. Il ne veut pas raconter la naissance du Christ à Bethléem, ce sera saint Luc qui le fera, mais sa reconnaissance comme descendant du roi David. Par Joseph. L’évangile que nous venons d’entendre est une relecture du grand texte d’Isaïe, de cette fameuse prophétie où il est annoncé, 700 ans avant la naissance du Christ, la venue d’un enfant, appelé « Emmanuel », ce nom signifiant « Dieu-avec-nous ».  La venue au monde de cet enfant au soir de  Noël éclaire cette prophétie et montre que Dieu avait été à l’œuvre dans l’histoire d’Israël. « Tout cela arriva pour que s’accomplit la parole du Seigneur prononcée par le prophète. »

L’accent va être mis sur le nom personnel que portera cet enfant. Il s’appellera JESUS. C’est l’équivalent de l’Emmanuel annoncé par Isaïe. A ce stade de l’histoire il reste encore un signe : celui du petit enfant emmailloté et couché dans une mangeoire. C’est à la lumière de Pâques que le nom de Jésus va trouver sa pleine réalité. Avant de quitter cette terre le Christ ressuscité dira à ses disciples : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » La prophétie d’Isaïe sera alors pleinement réalisée.

Et Joseph dans tout ça ?  Il fut un père pour cet enfant. Un véritable père même si ce ne fut pas lui qui l’engendra au sens biologique du terme. Son rôle est de signifier que le Sauveur fait bien partie de la race humaine.
Huit jours après sa naissance, lors du rite de la circoncision, il prononcera solennellement et cela pour la première fois en public son nom : Jésus. Ainsi il le reconnaîtra comme son propre fils et le fera entrer dans sa famille, cette famille humaine qui a comme illustre ancêtre le roi David.
            
« Jésus, fils de David, aie pitié de nous ! » crieront les lépreux, les boiteux, les aveugles pour supplier le fils du charpentier d’étendre la main sur eux. Ils percevront à travers lui toute la puissance divine qui l’habite. Et Jésus  touché par ce cri les guérira.

Joseph était un homme « juste » nous dit l’évangile. Il était charpentier mais il devait aussi exercer une activité de juge dans son village comme les gens de sa profession le faisaient souvent.  Il avait donc appris à ne jamais juger d’après les apparences et à toujours chercher à comprendre. S’il ne condamne pas Marie à la lapidation, ce qu’il aurait dû faire normalement car elle est enceinte et ce n’est pas de lui, c’est qu’à ses yeux elle n’a rien d’une femme coupable. Comme il ne comprend pas ce qui arrive, il ne veut pas trancher, il remet à Dieu le soin de juger de l’affaire. On a l’impression que Dieu avait besoin de lui pour qu’un jour son Fils puisse dire, comme un cri venant du plus profond de son enfance : « ne jugez pas et vous ne serez pas jugés ! »

Joseph apparaît comme un homme de foi. Un homme humble et discret. Un être plein de bonté. Nous pouvons le dire en toute certitude, même si nous connaissons très peu de choses de sa vie. Grâce à lui et grâce à la Vierge Marie, le Christ pourra grandir dans une famille humaine et trouver en elle les lettres de l’alphabet avec lesquelles il déclinera le verbe aimer à tous les temps et à toutes les personnes.
                    
En cette veille de Noël inspirons-nous de la sagesse de Joseph. Ne jugeons pas trop vite les autres ! Ne nous arrêtons pas aux apparences ! Essayons de comprendre !  Notre foi chrétienne ne peut se vivre sans une ouverture à l’autre, à l’autre accueilli dans sa différence et dans son mystère. Le jugement n’appartient qu’à Dieu seul. Il n’est pas venu sur terre pour que les hommes soient jugés, mais pour qu’ils soient sauvés. C’est cela être juste selon la Bible. Ajusté à Dieu, ajusté au Dieu d’amour et de miséricorde.

Que saint Joseph, à sa prière, nous aide à entrer dans le mystère de Noël, le mystère d’un Dieu qui vient marcher sur cette terre, qui vient nous accompagner  à travers toutes les vicissitudes de la vie, qui vient nous porter lorsque nous ne pouvons plus avancer. Un Dieu qui veut aussi entrer dans notre maison. Un Dieu avec nous et jamais « contre » nous. Alors qu’il nous aide, Joseph, à l’accueillir ce Dieu là avec foi et confiance !
Amen

 

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