Messe du 4e dimanche de Carême

 

Abbé Pierre Aenishänslin, monastère de la Visitation, Fribourg, le 26 mars 2006
Lectures bibliques : 2 Chroniques 36, 14-23; Ephésiens 2, 4-10; Jean 3, 14-21 – Année B

Dieu riche en miséricorde offre sans cesse son pardon

Depuis le début du carême, nous accueillons l’Amour de notre Dieu pour en vivre avec nos frères. Au désert, Jésus s’est montré solidaire des hommes en prenant le même chemin qu’eux pour qu’à l’écoute de la Parole ils apprennent à vivre dans la volonté et l’intimité du Père. Sur le mont Thabor, nous n’avons pas eu un spectacle Son et Lumière, mais un visage d’homme, la vraie lumière, qui nous a découvert la Tendresse du Père.

Dimanche dernier, c’était pour respecter le Temple de Dieu, la maison de louange, d’adoration et de pardon ; que Jésus s’est fâché et dans la controverse il s’est présenté comme le Temple qu’il relèverait en trois jours. Aujourd’hui nous méditons sur « Dieu… riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimé…, il nous a fait revivre dans le Christ. » (Ep 2, 4-5) L’évangile précisera : « Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ». (Jn 3, 17)

Durant tout son ministère Jésus viendra à la rencontre des hommes. Beaucoup deviendront des disciples. Que pensez-vous qu’il leur disait qui puisse les toucher et les émouvoir à ce point ? Il les prenait au sérieux dans leur épaisseur de vie. Il n’était jamais moralisateur. Il allait à l’essentiel. Il leur révélait autant qui est Dieu que qui est l’homme dans sa relation avec ce Dieu. Jésus leur parlait de bonheur, un bonheur exigeant : Heureux êtes-vous !

Jésus parle de bonheur ; Dieu ne vient pas punir les pécheurs. Tout au contraire, il prendra le péché des hommes sur lui.

Ce renversement est bouleversant. Si vous percevez que vous construisez votre existence à partir de vous-même sans le souci des autres, aspirez à la conversion et sachez qu’en Jésus, Dieu a par avance pardonné, sans rien vous demander, sans rien présupposer de vous. Mais la remise de votre être à ce Dieu qui vous aime décrispera vos doigts, ouvrira vos mains et vos cœurs.

Cherchez à toujours mieux le connaître. Réentendons saint Paul : « Nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a fait revivre dans le Christ ». (Ep, 5). Le péché conduit à la mort, Dieu offre la vie. Au cœur de cette annonce de joie, saint Jean reprendra l’image du serpent : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle ». (Jn 3, 14-15)

Ce serait donc trahir la figure de Jésus que de profiter de la lumière de la résurrection, si j’ose dire, pour faire s’évanouir l’ombre de la croix. Que Dieu nous préserve, nous les messagers de la Bonne Nouvelle, d’évacuer, de gommer la croix du Christ. Il nous faut bien savoir l’enjeu qui est derrière cela. Il y va du sens même de l’incarnation du Christ et du sens que prennent nos vies à la lumière de la vie de Jésus. Jésus a été élevé sur la croix, condamné par les hommes. Il a connu la mort. Jésus n’a jamais rien thésaurisé ; il n’a été que don. Il a tout donné en aimant. « Ce n’est pas pour rire qu’il nous a aimé ».

Nous savons bien que nous ne sommes pas exempts du mal. Celui-ci traverse notre propre cœur. C’est notre côté ténèbre. Nous avons à revenir à la lumière et faire la vérité sur notre vie.

Le carême est un temps favorable pour faire la vérité. Comme on n’est jamais chrétien tout seul je vous parlerai d’une pratique en Eglise, parmi d’autres, qui peut soutenir notre recherche.

La lumière nous viendra de la proclamation de la Parole, de la prédication, de la prière commune. Lisons ce qui nous est dit et officiellement enseigné dans le Rituel du sacrement de la Réconciliation :

« C’est l’Eglise comme corps qui est provoquée à changer de visage et de comportement, dans un certain nombre de situation où sont en cause les comportements collectifs des chrétiens… Invités à manifester et à vivre la communion que crée entre eux l’Esprit Saint, les chrétiens sont conduits à la reconnaissance commune de ce qui les divise ; ils sont appelés à une conversion à faire ensemble, ainsi qu’à une démarche de réconciliation entre eux » (Célébrer la pénitence et la réconciliation no 8 et 20) c’est tout l’enjeu de nos célébrations pénitentielles.

Vivant ensemble la miséricorde et recueillant le pardon de Dieu par le ministère de l’Eglise, il nous sera alors possible d’en témoigner et de partager avec tous « la richesse infinie de sa grâce ».
Amen

 

 

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