Messe du 3e dimanche de Pâques

Père Pierre Bou Zeidan, à l’église de Malleray, le 18 avril 2010
Lectures bibliques : Actes 5, 27-41; Apocalypse 5, 11-14; Jean 21, 1-19 – Année C

 

L’évangile de ce matin me rappelle des souvenirs inoubliables de mon pays. Depuis le couvent du Saint-Esprit situé sur une colline qui surplombe la méditerranée au Liban, je voyais souvent ces petits bateaux partir pour la pêche la nuit avec des lampes pour attirer les poissons. Il arrive que les pêcheurs ne captent rien et c’est la déception.
Cependant, quand ils pêchent, je les revois, le matin sur le rivage, en pleine activité, essayant de remonter leur filet. Des acheteurs attendent déjà sur le rivage, et les négociations peuvent commencer !
Mais le tableau peint par l’évangéliste Jean comporte en plus quelques petits détails curieux et fascinants !
Un feu de braises avec quelques poissons et « quelqu’un » ! Quelqu’un qu’il a fallu du temps à identifier, Jésus-Christ Ressuscité !
7 pêcheurs sont en pleine activité et remontent un filet plein de 153 poissons. Dans la bible, les chiffres ont des valeurs symboliques : 3 est le chiffre de Dieu, de la perfection (la trinité, le troisième jour…) 4 est celui des hommes (les 4 points cardinaux, les 40 jours…) 3 plus 4 font 7 : chiffre sacré qui associe Dieu à l’humanité (les 7 jours de la création). 153 est une combinaison qui associe à la fois, l’universalité (toutes les espèces, les races…) la quantité (une masse innombrable, le monde entier…) et la durée (l’infini du temps, l’éternité…). Il y a donc dans le filet le monde entier pour une pêche qui ne s’arrête jamais.
7 pêcheurs, alors que 5 sont cités par leurs prénoms ! Et si nous étions, nous-mêmes appelés à être ces deux anonymes, à être aussi pêcheurs d’hommes ? C’est là que le dimanche des vocations trouve tout son sens ! Tous, nous sommes appelés, selon nos charismes, à nous laisser surprendre par le filet !
Or, il y a de tout dans ce filet. Ceux qui sont là par hasard. Ceux qui se sont échappés. Ceux qui étaient trop loin du filet pour être pris. Ceux qui sont restés accrochés à l’extérieur par une nageoire ou une écaille. Il en va de même du filet qu’est l’Eglise !
Et, en cette année sacerdotale inaugurée par le pape Benoît XVI en juin 2009, il y a surtout ceux qui se sont laissés captiver, je pense aux prêtres, diacres et à ceux qui exercent un ministère de service auprès des autres. Ceux-là, contrairement aux poissons prisonniers, ne sont pas captifs dans le filet de l’église. Ils sont plutôt captivés par quelqu’un de captivant !
Est-ce à dire que les prêtres, les diacres et les responsables de l’Eglise sont parfaits? Sûrement pas et l’actualité nous le confirme jour après jour ! Ils sont simplement comme l’apôtre Pierre ! Les trois questions que le Christ lui pose, « Pierre m’aimes-tu ? » lui rappellent son triple reniement, son infidélité quelques jours plus tôt !
Pierre était un homme très généreux. Mais cette générosité s’accompagnait souvent d’une grande fragilité. L’infidélité de Pierre est lourde, très lourde. Comme elle est fragile, cette amitié ! Plein d’enthousiasme quand tout va bien, il s’effondre et disparaît quant tout va mal. Qui d’entre nous ferait confiance à un tel homme ?
Eh bien ! C’est pourtant Pierre que Jésus choisit pour en faire le pasteur de son troupeau. Il est le premier sur ce chemin d’amour !
La relation entre Jésus et Pierre peut aujourd’hui encore dire quelque chose de notre relation à lui.
Nous sommes tous appelés à nous laisser surprendre par le filet, à être captivés, et à nous laisser entraîner sur le rivage devant un feu de braise !
Un feu de braises sur lequel grillent quelques poissons pour un repas, un partage, une communion avec le Ressuscité. Il nous invite à devenir, à notre tour brûlants et nourriture.
Il nous invite à être des hommes et des femmes captivés par son Evangile.
Des hommes et des femmes captivants.
Des hommes et des femmes saisis par quelqu’un de saisissant.
Voici en quelques mots le message de ce tableau fascinant peint par Jean, l’évangéliste Jean!
Il contient aussi notre souhait pour vous chers fidèles présents à l’Eglise Saint-Georges de Malleray, et pour vous les téléspectateurs : Laissez l’Esprit du Ressuscité souffler sur les braises de vos vie.
Soyez des hommes et des femmes passionnés de l’Evangile !

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