Messe du 3e dimanche de Pâques

 

Abbé Bernard Schubiger, à l’église de Châtel-St-Denis, FR, le 14 avril 2002

Lectures bibliques : Actes des Apôtres 2, 14-33; 1 Pierre 1, 17-21; Luc 24, 13-35

Chemin de vie


Dernièrement j’entendais à la radio, la présentation de groupes d’écriture, pour encourager les personnes du 3e age à écrire leur vie, leur biographie, pour la partager avec leurs enfants et leurs petits enfants.
L’Evangile d’aujourd’hui nous invite aussi à une relecture de notre vie.

Les disciples Cléophas et son compagnon, ont quitté Jérusalem, le lieu de l’attente et de l’espérance et tout triste et déçu s’en vont vers Emmaüs.
Ils espéraient que Jésus serait le libérateur d’Israël et voilà déjà trois jours qu’il a été crucifié et qu’il est mort.

Ces deux disciples nous ressemblent,
– nous qui sommes quelquefois déçu par l’Eglise, car nous n’avons pas trouvé l’accueil, l’écoute et la compréhension que nous attendions.
– nous qui avons l’impression que Dieu est absent du monde, car il n’intervient pas pour changer le cours de l’histoire par exemple dans cette guerre larvée au proche Orient entre Israéliens et palestiniens
– nous qui doutons de l’amour de Dieu, car il nous laisse apparemment avec nos misères, nos maladies, nos souffrances, nos épreuves.

Oui nous sommes comme ces deux disciples bien souvent aveuglés, incapable de reconnaître Jésus qui chemine avec nous et en nous.
Les deux disciples d’Emmaüs nous révèlent qu’il ne suffit pas de rapporter les événements, le témoignage des autres, comme celui de ces quelques femmes qui les ont bouleversés, parce qu’elles sont venues dire qu’elles avaient eu une apparition des anges qui disaient que Jésus est vivant et elles ont constaté le tombeau vide.

Chemin de foi
Encore faut-il relire les événements de notre vie à la lumière de la foi.
Oui notre cœur est lent à croire, comme les disciples d’Emmaüs nous avons nous aussi besoin des explications de l’Ecriture. Relire notre vie quotidienne à la lumière de la Parole de Dieu, pour y discerner sa présence.
Reconnaître Jésus dans le sourire d’un enfant, dans le mot d’encouragement face à une épreuve, dans la visite d’un ami, dans le partage en groupe de nos joies et de nos préoccupations, dans l’engagement pour plus justice,….

Un conte brésilien raconte qu’un homme a vu en songe sur le sable de la plage des traces de pas, 4 traces, et quelquefois 2 qui dessinent comme le chemin de toute sa vie. Deux traces sont les siennes. Alors il a entendu une voix, celle de Dieu lui dire : « et les deux autres c’est les miennes, je t’accompagne chaque instant de ta vie ». Il se mit alors à se plaindre : « mais dans les moments les plus difficiles il n’y a plus que 2 pas, tu étais absent et j’étais seul ». La voix lui répondit : « regarde bien les 2 traces, ce sont les miennes, car dans les épreuves, c’est moi que te portait dans mes bras ».

Jésus est toujours présent dans notre vie, voilà ce que nous révèle les disciples d’Emmaüs, il vient nous rejoindre sur nos routes quotidiennes, et même si nos yeux, ceux de notre cœur, sont aveuglés pour le reconnaître, Jésus a promis à tous ces disciples sa présence jusqu’à la fin des temps.

Chemin eucharistique
C’est seulement à la fraction du pain, ce même geste que Jésus a réalisé la veille de sa mort, que les disciples d’Emmaüs reconnaisse Jésus. Ils nous révèlent que l’eucharistie est le moment privilégié qui nous est donné pour reconnaître Jésus présent, aimant, agissant dans nos cœurs et nos vies. Corps livré, Sang versé, Jésus nous donne tout, il se donne lui-même, et par la communion nous l’accueillons dans nos cœurs et nos vies.
Alors le rendez-vous dominical ne nous serait-il pas proposé pour que nous puissions reconnaître Jésus dans notre quotidien ?
Si Jésus nous invite chaque semaine à la fraction du pain, au repas eucharistique, c’est pour d’une part par l’explication des Ecritures la liturgie de la Parole, nous faire grandir dans sa découverte et d’autre part par la fraction du pain, la liturgie eucharistique, nous révéler sa présence et son amour.
Semaine après semaine, toute notre vie devient toujours plus eucharistie : rencontre avec Jésus qui se donne tout entier à nous.

Désir du cœur
Après la reconnaissance de Jésus et sa disparition, les disciples se disent l’un à l’autre : « notre cœur n’était-il pas brûlant en nous tandis qu’il nous parlait sur la route et qu’il nous faisait comprendre les Ecritures ? ». Les disciples constatent que leur cœur était brûlant non pas lorsqu’ils ont reconnu Jésus mais bien déjà sur le chemin, lorsqu’il leur expliquait les Ecritures.
Le cœur brûlant c’est notre désir : désir de connaître, d’aimer et de servir Jésus notre Seigneur.
Les disciples nous révèlent ainsi que le moment essentiel est certes l’eucharistie, mais le lent cheminement quotidien est aussi important, il fait grandir notre désir, notre quête de Dieu, il creuse notre cœur et l’agrandit pour que Jésus y ait toujours davantage de place, et qu’il nous brûle de l’intérieur.
Ainsi même si nous ne savons pas toujours reconnaître Jésus qui chemine et nous accompagne chaque jour, notre désir de le rencontrer et de le reconnaître lui grandit, jour après jour.
N’est-ce pas une raison d’espérer ? Puissions nous semaine après semaine, eucharistie après eucharistie, dans notre vie de tous les jours laisser notre cœur brûler du désir de rencontrer et reconnaître Jésus vivant : dans le sourire d’un enfant, le pauvre qui espère notre partage, le malade qui attend notre visite, le souffrant qui languit après nos mots d’encouragement, tant de rencontre, tant de lieu où nous pouvons reconnaître Jésus vivant dans chacun de nos frères et sœurs.
Alors notre chemin de vie, deviendra chemin de foi, chemin eucharistique, rencontre avec Jésus vivant. Amen.

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *