Messe du 33ème dimanche ordinaire – Journée des peuples

 

 

Georges Savoy, diacre, avec des jeunes, à la chapelle des Rédemptoristes, Matran, FR, le 14 novembre 2004
Lectures bibliques : Malachie 3, 19-20; Luc 21, 5-19 – Année C

Mélanie

Il a été question dans la première lecture d’un Dieu vengeur venant brûler les méchants. Mais moi, j’ai entendu dire que :
il y avait dans une ville une femme qui se promenait avec, dans une main, un bol rempli de feu, et dans l’autre, un bol rempli d’eau. Aux passants qui l’interrogeaient sur son comportement, elle répondit : je souhaiterais éteindre l’Enfer et embraser le Paradis, car je ne supporte pas que les gens soient bons par crainte de l’Enfer ou par envie du Paradis.
Je souhaiterais qu’ils soient bons juste par envie de faire le bien.

Christine

Pourquoi faut-il qu’il y ait toujours les bons d’un côté, les méchants de l’autre? La théorie de l’axe du mal n’est pas celle d’un saint, que je sache ! Serait-ce que les chrétiens, les meilleurs ?, sont les seuls sauvés ? Et tous les autres croyants, des orgueilleux qui seront brûlés aux feux de l’enfer ? Je connais beaucoup d’athées qui font le bien et le bonheur de leurs amis.

Samuel

Je croyais que l’évangile était une bonne nouvelle. Ici Jésus annonce la destruction complète du temple. Il n’en restera pas pierre sur pierre. Il y aura une guerre des nations, des royaumes en lutte, des tremblements de terre, des épidémies, des persécutions. Ceux qui aiment Dieu seront mis à mort par leurs parents, leurs frères, leurs amis. Ils seront détestés.
C’est ça la Bonne Nouvelle ? Comment est-ce possible de chanter : Acclamons la Parole de Dieu ! ?

Georges Savoy, diacre :

Chers amis, frères et sœurs dans le Christ,

Je l’affirme, Samuel. Oui ! Nous avons raison d’acclamer cette parole de Jésus, qui est une bonne nouvelle de Jésus, même si c’est par Saint Luc qu’elle nous arrive. Elle aurait pu d’ailleurs nous arriver par Matthieu, ou par Jean.

Nous l’avons entendue encore, cette parole de Dieu, rapportée par un prophète inconnu surnommé Malachie, Maléaki, ce qui signifie en hébreu le messager.

Et vous ici, tous jeunes ou moins jeunes, vous êtes de ces messagers-là.

Toi, Mélanie, qui ne veux pas d’un paradis et d’un enfer pour que l’homme soit plus libre encore quand il agit bien. Tu as proclamé l’Evangile de Jésus-Christ selon Mélanie.

Toi, Christine, qui proclame que sûrement Dieu doit aimer l’athée de bonne volonté puisqu’il veut le bonheur de ses amis. C’est la bonne nouvelle de Jésus selon Christine que tu annonces.

Tu es un ange de Dieu, son messager, toi Samuel, qui ne veut pas que la destruction arrive sur la terre, que disparaissent les beautés architecturales comme celle de ce temple dont précisément Malachie était fier qu’il fût reconstruit au retour de l’exil à Babylone. Merci d’avoir proclamé selon toi, Samuel, devant tes amis, cette bonne nouvelle de Jésus Christ.

Mais voilà ! Ces bonnes nouvelles-là, les vôtres, celles que dicte votre désir profond de liberté pour l’homme, de salut universel, celles que commande votre soif de beauté restaurée pour le monde, de paix cosmique, il semble qu’elles aillent à l’encontre de la bonne nouvelle de Malachie, de saint Luc.

De la beauté du Temple fameux, il ne restera pas pierre sur pierre. Il y aura des séismes. Vous serez persécutés. Difficile à entendre, ce message de prophète de malheur !

En fait ce ne sont pas les prophètes de malheur qu’il est difficile d’entendre. Nous les écoutons bien volontiers, trop volontiers.

Les prophètes de bonheur sont difficiles à entendre. Car pour ceux-là, il faut tendre l’oreille, faire silence.

Avez-vous entendu vraiment le texte de Luc ? Ecoutez ! Je lis :

« Ne vous laissez pas égarer…
Ne vous effrayez pas…
Vous n’avez pas à vous soucier…
Je vous inspirerai une sagesse à laquelle vos adversaires ne pourront opposer résistance ni contradiction…
Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. »

Ces désirs qui vous habitent, Mélanie, Christine, Samuel,
ils habitent le cœur de Dieu. Dieu ne veut en perdre aucun.

Et c’est parce que Dieu est pressé de réaliser son désir qu’un nouveau Monde advienne. Il faut bien que l’Ancien disparaisse, éclate comme un bourgeon qui fleurit, souffre comme une femme qui accouche.

Ecoutez ! Entendez ! Tous ces futurs de l’indicatif !

Les nations se dresseront contre les nations, les royaumes contre les royaumes. La terre tremblera. Il y aura des épidémies, des faits terrifiants.

Tous ces futurs, ne pourriez-vous pas les mettre au présent ? Cela ne sonne-t-il pas comme un journal télévisé ?

C’est donc maintenant qu’il faut relever la tête comme quelqu’un qui n’a pas peur. Dieu veut brûler tout ce qui est mort, comme le vigneron brûle les sarments secs.

Comment Dieu voudrait-il brûler les impies, lui qui a créé toutes choses bonnes aux cinq jours de la Genèse, et l’homme très bon au sixième jour ? Et pour cette dernière création, il a mis la main à la pâte, à la glaise qui prit forme humaine dans sa tendresse caressante.

Il n’y a pas d’impies pour Dieu. Il y a de l’impiété. Pas d’arrogants pour Dieu, mais de l’arrogance.

Mais nous n’entendons pas. Jamais Dieu ne fait deux catégories, celle des bons et celle des méchants. Jamais en tout cas Il ne le fait le premier. Il répond en général à des croyants qui se placent dans la bonne catégorie et se lamentent du bonheur des autres. Pas d’axe du mal dans la politique mondiale de notre Dieu Tout Puissant : Sa force invincible est celle de Jésus livré tout impuissant aux malheurs du monde et des hommes pour que se lève le jour.

Le voici venir ce Jour, brûlant comme une fournaise. Voici qu’il se lève pour nous, le soleil de Justice.

Et dans son rayonnement arrive enfin la guérison.

(Le prédicateur allume une mèche à la bougie d’autel et allume les 6 bougies devant l’autel)

 

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