Messe du 32ème dimanche ordinaire

 

 

Abbé Jean-Marie Peiry, à l’église de Saint-Martin, FR, le 11 novembre 2001
Lectures bibliques : 2 Maccabées 7, 1-14; 2 Thessaloniciens 2, 16-3, 5; Luc 20, 27-38

Il y a bien 1000 ans que notre paroisse s’est choisi un patron. Saint Martin de Tours, soldat, moine, évêque. Notre protecteur, notre modèle.

Ca devait sûrement se passer au début de l’hiver. En tout cas, il faisait froid. Ce jour-là Martin est devenu fou. Jeune officier de l’armée romaine, il suivait son père et ses légions à travers l’Europe, de la Hongrie jusqu’en Gaule, tout en faisant son école de cadre. A 20 ans, il est devenu fou.

Son épée, effilée comme un rasoir, une épée pour vaincre et tuer, il l’emploie pour mettre en pièce et partager son manteau avec un pauvre estropié qui grelottait de froid. Partager sa tunique militaire et partager sa vie avec les pauvres : il faut être fou, pour faire un tel choix.

Mais voilà, Martin a rencontré Jésus. Et Jésus connaît l’autre côté des choses et des événements. Car les choses et les événements, comme les médailles et les pièces d’argent, ça a deux côtés : face et pile. Et il sait, Jésus, que notre vie peut déboucher sur une victoire : la résurrection, et que notre vie a un but : la rencontre avec Dieu notre Père, et qu’elle se construit d’amour pour toujours : c’est l’éternité avec le Père et avec plein d’amis sœurs et frères. Une destinée pareille, à certains, peut paraître déraisonnable.

Ce côté-ci, nous le connaissons bien. Ca s’appelle l’argent à gagner et les filles à prendre, la force pour vaincre et pour faire la fête, et boire et danser jusqu’à perdre la tête… Mais perdre la tête ? On s’aperçoit vite que ce côté-ci de la vie, aussi, est folie !

L’homme ne peut s’empêcher de s’interroger, de chercher et finalement de choisir.

Mon manteau, je le donne ou je le garde ?
La paix, je te la donne ou bien « fous-moi la paix » ?
Les autres, ce sont mes frères ou c’est l’enfer ?

Notre destin dépasse notre vie !

L’expérience est sous nos yeux :
D’où vient que chez nous, comme dans beaucoup de pays, tant de personnes sont désabusées de la famille : divorce, et désabusées du travail : chômage et désenchantées de la politique : magouilles, et dégoûtées du social : chacun pour soi ou club privé.

Ce mal du siècle est le mal d’un monde sans foi, qui prend conscience d’être déboussolé et insignifiant. L’histoire de ce monde ne mène à rien, n’a pas de but et ne construit rien.

Quel remède, si ce n’est d’écouter ceux qui connaissent l’autre côté des choses et des événements ?

A quoi sert de gagner l’univers, si tu en perds la vie ? Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie ! Ta vie, si tu veux la garder pour toi, tu la perdras ! Si tu oses risquer ta vie à cause de moi, tu es sauvé.

Alors, dans son cœur à cœur avec Jésus, Martin comprend le sens et le but de la vie. Il partage son manteau, comme François d’Assise plus tard, comme nous aujourd’hui qui donnons quelques francs à la quête des migrants et donnons de notre temps et de notre vie aux enfants, à la famille, et quelque argent aux pauvres, comme au Seigneur, parce qu’à travers eux, c’est lui qui tend la main.

Ainsi, nous découvrons que Jésus est ressuscité, parce qu’il est fils de Dieu, et que sa victoire donne signification et orientation à toute l’histoire humaine. Parce que les hommes aussi sont fils de Dieu, le roi du monde, vainqueur, nous ressuscitera pour la vie éternelle. Notre Dieu est le Dieu des vivants. Cette perspective permet de motiver nos engagements : nous savons pourquoi et ça en vaut la peine.

Cherchez Dieu, le reste vous sera donné par surcroît.

Certains envisagent vaguement une vie après la mort, comme une réanimation du corps et une reprise des activités humaines, car ils oublient Dieu ou ils l’excluent. Sans lien avec Dieu, il faut bien se débrouiller tout seul.

Nous chrétiens, nous affirmons que Dieu est Père et que nous sommes ses fils. Dans son amour toujours fidèle, il ne peut laisser retourner au néant ce qu’il a créé par amour.

Il n’y a qu’un absolu : Dieu ou moi. Il faut choisir ! Une folie, c’est vrai. Mais… c’est la folie de l’amour. Choisir Dieu.

 

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