Messe du 32ème dimanche ordinaire

 

Abbé Jérôme Hauswirth, Monastère des Bernardines, Collombey, le 7 novembre 2010
Lectures bibliques : 2 Maccabées 7,1-14; 2 Thessaloniciens 2, 16 – 3,5; Luc 20, 27-38 – Année C

 

Quelques jours après la Toussaint, l’évangile de ce dimanche nous invite à réfléchir  sur la vie après la mort et sur la qualité des relations qui demeurent.
En clair, que restera-t-il après la mort de nos « je t’aime », de nos histoires d’amour plus ou moins réussies ?
Dans « l’après cette vie », serons-nous toujours unis à ceux que nous avons aimés ?

Pour les sadducéens qui abordent Jésus dans notre évangile, pour eux, il n’y a plus de vie personnelle après la mort. Quand on meurt, c’est fini. C’est un peu comme si la prise était retirée. Les sadducéens croient en Dieu, mais ils ne croient pas en la résurrection. Ils ne croient pas en une vie restaurée après la mort.

Jésus bien sûr a une autre opinion, alors les sadducéens vont essayer de le troubler par une histoire, compliquée jusqu’à l’invraisemblable (une femme sept fois veuve) afin de montrer à tous combien il est ridicule de croire en la résurrection.

La question des sadducéens est donc une question piège. Cette question porte sur la vie après la mort.
Et voici la question piège : cette femme qui a épousé légitimement sept maris, de qui sera-t-elle l’épouse au jour de la résurrection, puisque les sept l’ont eu pour femme.
Le raisonnement des sadducéens est à peu prêt le suivant : S’ils sont vivants, tous les sept, alors cette femme ne peut avoir sept maris. Donc si elle ne peut pas avoir sept maris, c’est qu’ils sont tous morts, mort pour de vrai, pour toujours. Ainsi, il n’y a pas de résurrection des morts.
Ce raisonnement, dont le seul but était de tourner Jésus en dérision,  nous invite néanmoins à répondre à une question clef : Peut-on croire en Dieu sans croire en la résurrection ?…  Pour le dire autrement : Est-ce que la foi en la résurrection et la foi en Dieu sont inséparables pour un chrétien ?

Jésus va répondre en deux temps.
D’abord il va enseigner qu’il ne faut pas imaginer la résurrection comme une prolongation, un accroissement, un simple prolongement de la vie terrestre.
Comme si il s’agissait de boire et de manger sans fin en bonne compagnie !

Pour Jésus, la vie après la mort est une vie nouvelle, totalement transformée.
Mais tout ne sera pas transformé : ainsi nous resterons ce que nous sommes, nous ne serons pas différent de nous-mêmes, mais nous serons, et c’est la le nœud, nous serons le meilleur de nous même !
Très concrètement, au jour de la résurrection, nous ne serons pas autre chose, mais personnellement, chacun, le meilleur de ce que nous sommes. Entendez bien : nous ne serons pas différents de ce que nous sommes, mais nous serons le meilleur de ce que nous sommes ! Tout le reste, bien sûr, sera totalement différent de ce que nous avons connu ici-bas.
 Et dans cette existence nouvelle, le mariage, en tant qu’institution destinée à perpétuer la vie, n’a plus de raison d’être. Il n’a plus de raison d’être, parce que la vie n’aura plus besoin d’être perpétuer : nous serons dans la vie éternelle. Il n’y a donc plus d’époux et d’épouse au sens où nous l’entendons ici-bas.

Par contre, et cela est très important, l’amour qui a unit l’époux à l’épouse, la qualité de leur relation d’amour, cela demeurera. Entendez la bonne nouvelle de l’évangile : l’amour qui a unit l’époux à l’épouse,  cet amour demeure dans la vie éternelle ! Selon cette très belle vision, le mariage ne se termine pas avec la mort, mais il est comme transfiguré, spiritualisé, élevé encore plus haut. Mais voilà que l’on peut s’inquiéter :  et pour ceux dont le mariage a été un échec ? une expérience négative, une triste et longue succession d’incompréhensions et de souffrance ? L’idée que le lien ne soit pas rompu, même avec la mort, n’est-elle pas pour eux davantage un motif de peur que de réconfort ? Et bien non ! Car avec le passage du temps à l’éternité, la bonne nouvelle c’est que le bien demeure, et que le mal tombe.
En clair, cela veut dire que l’amour qui a uni le couple, même s’il n’a duré que peu de temps, même si il était très partiel et partial, cet amour va réellement demeurer.
Tous les défauts, les incompréhensions, les souffrances, tout ce qui nous a tellement agacé chez l’autre, tout ce mal va disparaître. Ils seront hommes et femmes purifiés. Il ne restera que le meilleur d’eux-mêmes. Ainsi, et cela est très beau, de nombreux couples ne feront l’expérience du « grand amour » que lorsqu’ils seront réunis en Dieu.  

Car en Dieu on comprendra tout, on excusera tout, on pardonnera tout. Et maintenant que dire de ceux qui ont été mariés plusieurs fois ? (C’était précisément le cas présenté à Jésus : sept frères qui avaient eu successivement la même femme pour épouse).  Pour eux également, il convient de répéter la même chose : il ne restera que l’amour. Tout le reste sera effacé. Et la bonne nouvelle, c’est qu’en Dieu il n’y aura plus de rivalité ou de jalousie. Il ne restera qu’un Amour purifié. Un amour véritable. Un grand amour !

Comment peut-on affirmer de telles choses ? Nous pouvons affirmer cela, parce que notre « Dieu est le Dieu des vivants ». Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob est un Dieu qui a choisit librement un peuple pour faire alliance avec lui.

C’est un Dieu fidèle.  Un Dieu dont la fidélité persévère malgré notre infidélité. Un Dieu don la fidélité n’a pas de frontière.

L’argument final de Jésus est donc le suivant : si Dieu est fidèle à son alliance, il l’est pour toujours. Ce n’est pas la mort qui peut rompre cette alliance. Abraham, d’Isaac et de Jacob ne sont donc pas morts.  Ils ne sont pas morts, parce que Dieu est toujours fidèle à sa Parole.

Parce que Dieu est plus grand que la mort. Parce qu’il est le Dieu de la Vie ! Le Dieu des vivants !

Seigneur, je le crois que tu es le Dieu des vivants, tu es la Résurrection et la Vie.
Ta fidélité est de toujours et pour toujours.
 « tu ne peux m’abandonner à la mort, tu ne peux laisser ton ami voir la fosse »
       (Ps 16)
« tu me rachètera des griffes de la mort » (Psaume 49).

Seigneur, j’espère en une vie qui est plus forte que la mort.
 Et je veux faire grandir cette espérance certaine :
« dès l’instant de ma mort, je serais avec toi ».
C’est ce que tu as dit au bon larron: « aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ».

Oui, j’en ai l’assurance : « ni la mort ni la vie, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus, notre Seigneur » (Romains  8)

Croire en la résurrection, c’est donc croire en Dieu lui-même.

Parce que l’amour demeure par delà la mort, par delà les souffrances.
Parce que l’amour est plus fort que la mort, plus fort que le mal.
Parce Dieu est le Dieu des vivants !
Amen

 

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