Messe du 32e dimanche ordinaire

 

Chanoine Jean-Paul Amoos, abbaye de Saint-Maurice, le 6 novembre 2005
Lectures bibliques : Sagesse 6, 12-16; 1 Thessaloniciens 4, 13-18; Matthieu 25, 1-13 – Année A

Toute vraie rencontre se vit dans la lumière,
toute vraie rencontre est lumière.

Mes frères, mes sœurs, chers auditeurs,

Depuis plusieurs dimanches, la liturgie nous invite à ré-fléchir sur le mystère du Royaume, le mystère de la rencontre de l’homme avec Dieu. Une rencontre offerte à chacun, une rencontre à vivre et à préparer comme un merveilleux cheminement de fiançailles. Pour traduire ce mystère, Jésus nous parle en parabole.

Une parabole… Qu’est-ce qu’une parabole ? A cette question, posée lors d’un cours de religion, voici la réponse d’un élève : « une parabole, c’est un appareil qu’on place au-dessus des balcons ou contre les parois des immeubles pour capter les émissions de télévision ».

Un appareil pour capter les émissions de télévision ! Certes, j’aurais dû lui dire tu te trompes, car la vraie définition de la parabole est la suivante : la parabole est une allégorie sous laquelle se cache quelque vérité… Mais, aurait-il compris quelque chose… Peut-être aurait-il retenu le mot : se cache…

Aujourd’hui, pour parler de cette rencontre de l’homme avec Dieu, j’ai envie de succomber à la tentation d’utiliser la définition donnée par l’élève.

Une parabole, c’est un appareil pour capter les émissions de télévision ! Oui, seule une bonne parabole peut nous permettre de capter les mystères du ciel et de la terre; les mystères de l’esprit et de la matière qui sont si distants, si différents de ce que nous pouvons voir et comprendre..

Capter. Certes, pour qui sait lire les signes, Dieu se dit au travers de l’univers, de cet univers qu’Il a préparé pendant des millénaires pour, un jour, prononcer ces paroles sublimes : « faisons l’homme à notre image comme notre ressemblance ». Paroles de rencontre célébrées au cœur d’un cosmos où des milliers de vierges, les étoiles, offraient leurs lueurs.

Toute vraie rencontre se vit dans la lumière.

Sublime communion qui n’a malheureusement pas tardé à être détruite par la faute originelle. Et on le sait, depuis cette rupture de confiance, l’être humain a toujours eu de la peine à capter, à comprendre et à vivre la parole de Dieu.

Mais Dieu ne s’est jamais résigné ! Il n’a jamais accepté que l’homme ne comprenne pas son message d’amour. Tout l’Ancien Testament nous en donne la preuve. Et voici qu’un jour, Il offre à l’homme le moyen par excellence pour capter et traduire Sa Parole. Il offre Jésus son Fils Parole et parabole. Qui mieux que Jésus pouvait traduire le ciel ? Qui mieux que Jésus pouvait dire à l’homme son destin d’homme ? Lui le Verbe incarné.

En Jésus, vrai Dieu et vrai homme, le ciel et la terre allaient se comprendre et se dire.

Si lors de la création de l’homme et de la femme, le cosmos offrait ses lueurs, à l’incarnation, nous sommes en présence d’une vierge, toute éveillée pour l’arrivée de l’Epoux.

Toute vraie rencontre se vit dans la lumière.

La Vierge Marie pleine de lumière ne se tient pas devant la porte, une lampe allumée, pour l’arrivée de l’Epoux, elle est elle-même la porte qui va donner la vie à Celui qui vient pour assumer toute l’humanité.

Et Jésus Parole et parabole, dans un suprême élan d’amour va non seulement nous parler du ciel, mais il va nous l’ouvrir dans l’offrande de sa vie sur la croix. Il va nous l’ouvrir dans son mystère de résurrection.

Toute vraie rencontre se vit dans la lumière.

Là encore on retrouve Marie avec sa lampe allumée, allumée au feu de l’amour et de la fidélité. Certes au pied de la croix il y a aussi quelques femmes ainsi que Jean, mais combien n’ont rien vu venir, n’ont rien compris à ce mariage du ciel et de la terre. Combien d’insensés, combien de lampes éteintes au moment des noces indicibles scellées dans le sang de l’Agneau !

Aujourd’hui, dans la parabole des dix vierges, Jésus, Parole du Père et parabole traduisant les mystères du ciel, veut nous faire saisir le destin de l’homme. Il nous parle de son retour dans la gloire. Il veut nous offrir de capter un message digne de chacun de nous.

De toutes les rencontres entre Dieu et l’humanité, entre Dieu et l’homme, la dernière n’est pas des moindres, c’est une noce, une entrée solennelle dans la salle de noce : le retour du Christ dans la gloire. Pour ce retour, pour cette union avec le Seigneur, nous sommes invités à nous tenir en éveil, car il n’y en aura pas d’autre.

C’est pour des noces que l’Époux vient et c’est au milieu de la nuit qu’il vient pour rencontrer les veilleuses, les veilleurs. On comprend dès lors que, dans la nuit, il puisse dire à celles qui n’ont pas leur lampe allumée : « je ne vous connais pas », car elles ne sont pas éclairées !

Toute vraie rencontre se vit dans la lumière.

Nous avons tous fait l’expérience … reconnaître quelqu’un dans la nuit n’est pas possible; alors qu’une simple lueur qui dessine les traits d’un visage nous permet de savoir qui est en face de nous.

L’huile de la grâce, l’huile des sacrements, offre à Jésus de reconnaître tout homme. De cette huile nous avons été marqués au baptême et à la confirmation, les vertus de cette huile sont maintenues par notre participation à l’eucharistie, dans la prière et les œuvres de charité. L’Évangile de ce dimanche nous invite à la prévoyance, nous incite à renouveler sans cesse notre union à Dieu et à faire son plein d’huile, son plein de grâce afin de pouvoir être des porteurs de lumière.

Si une parabole qui capte les émissions de télévision se fixe sur les balcons, peut-être qu’il serait judicieux de bien fixer la parabole – Parole de Dieu, le Christ – dans nos cœurs afin de capter la plus belle émission, celle qui diffuse l’amour de Dieu qui prépare notre entrée dans le ciel.

Toute vraie rencontre est lumière.

 

 

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