Messe du 31e dimanche ordinaire

 

 

Abbé André Fernandes, église du Cerneux-Péquignot, le 30 octobre 2005
Lectures bibliques : Malachie 1, 14- 2,10; 1 Thessaloniciens 2, 7-13; Matthieu 23, 1-12 – Année A

Chers sœurs, frères, et enfants dans la foi,

L’Evangile d’aujourd’hui nous explique que nous avons « un seul Père, celui qui est au ciel ». Un seul Père, c’est la condition intérieure pour que des hommes puissent être pères de la bonne manière : non dans une domination sur les autres hommes, mais dans la responsabilité vis-à-vis de la Vérité, qui s’est elle-même librement donnée à Dieu et qui peut ainsi rendre à l’autre sa liberté, sans égoïsme pour Dieu dans lequel il trouve son propre être. Il nous faut certes compléter notre pensée : le fait que dans la Bible Dieu apparaît fondamentalement sous l’image du Père.

Qu’est-ce que c’est, être Père ?

Etre père, c’est une initiative d’amour. Etre père, c’est se donner, c’est aimer quelqu’un avant qu’il nous aime. C’est aimer gratuitement, sans rien attendre en retour …

Dieu nous aime ainsi, fidèlement, avec une infinie patience. Car il est infiniment Père. Il est tellement Père qu’il a voulu tout nous donner, tout partager avec nous, pour que nous connaissions tout de Lui. Il nous a envoyé son Fils unique, Jésus-Christ, qui nous révèle le Père. Il nous a dit que le Père et le Fils ne font qu’un, et qu’en voyant le Fils on voyait le Père, et que tout l’amour que le Fils montrait venait de Lui. « Qui me voit voit le Père » …

Ainsi, Il nous a donné de devenir à notre tour « don », de devenir « frère ». Il nous a donné ce goût de donner, afin que nous connaissions le goût de la joie de Dieu. Il nous a donné tellement, qu’il nous a donné … de donner …

Dieu est Père, Fils et Esprit. Et nous, les humains, nous avons été créés à l’image de Dieu. Nous ne sommes pas « Père » à soi tout seul, nous ne sommes pas « fils » à soi tout seul, nous ne sommes pas « Esprit d’échange et d’amour » tout seuls. Si nous cessions d’être « frères », « séparés », nous serions à l’image d’un dieu solitaire …

Le plus grand service à rendre à un être, c’est de lui proposer un visage dans lequel il puisse se reconnaître et s’accepter. Dieu le Père a donné son visage à son fils Jésus-Christ, en qui nous reconnaissons nos faiblesses, nos fautes, nos pardons, et qui nous dit dans cet Evangile : « Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé ». Le Pape, qui est le chef de l’Eglise catholique romaine, se fait appeler « Saint-Père ». Mais le Pape est avant tout le serviteur des serviteurs de Dieu. Et ce n’est « que » parce qu’il est serviteur que le Pape est aussi Père. Car celui qui est serviteur de la Parole de Dieu, celui-là est médiateur, dans l’unique Médiateur : le Christ. Le serviteur ne fait plus qu’un avec le Christ Médiateur. Le serviteur, en s’abaissant dans son rôle de médiateur, devient en fait le premier de tous, car uni au Christ, Lui, le seul, l’unique Médiateur. Quant on est seul, on est toujours premier. Donc, le serviteur, s’il est médiateur AVEC et DANS le Christ, est toujours premier, car seul et unique …

« Quiconque s’abaisse sera élevé … » Celui qui annonce la Parole de Dieu doit être « serviteur » de cette Parole, en croyant à cette Parole qu’il ne comprend pas, car elle le dépasse. Celui qui annonce la Parole s’abaisse et s’humilie, devient petit pauvre devant cette Parole vivante et agissante qui est le Christ. Cette Parole n’est pas la sienne, c’est celle de Dieu.

Marie, la Mère de Jésus, a été élevée à la plus haute dignité en se faisant elle aussi « servante » … « Voici la servante du Seigneur, que tout se passe pour moi selon ta Parole et que ta volonté soit faite ». Marie était bouleversée, les difficultés se sont multipliées, et elle était là, toute simple, toute jeune, aimante, désolée, mais en même temps courageuse. C’est à ses exigences que Marie a reconnu Dieu. Et par son « oui » total et définitif, elle est devenue la Mère de Jésus, et notre Mère. Il n’y a rien de plus grand que de servir d’intermédiaire et de médiateur à la Parole de Dieu.

Que par Marie, Notre Dame de la Visitation, la sainte patronne de cette église du Cerneux-Péquignot, tous, nous soyons de fidèles serviteurs de la Parole de Dieu.

Que cette Parole, qui s’est faite chair, puisse prendre corps en nous, par le pain de la communion, en nous aidant à devenir les vrais témoins de Jésus, pour proclamer et répandre sa Parole autour de nous, dans nos familles, notre village. Comme les disciples du Christ, allons annoncer la Bonne Nouvelle !
Amen

 

 

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