Messe du 30e dimanche ordinaire

 

Abbé Jacques Le Moual, à l’église St-Jean et St-Paul, Cerniat, FR, le 26 octobre 2003.

Lectures bibliques : Jérémie 31, 7-9; Hébreux 5, 1-6; Marc 10, 46-52

Bien chers amis dans le Christ,

Dernièrement, j’ai vécu une rencontre qu’éclaire cette page d’évangile.

Stanislas, trente-six ans demande à me rencontrer. Je ne le connaissais pas. J’apprends au cours de notre conversation qu’il est au chômage. Le fait d’être sans travaille marginalise, il sent qu’il s’enfonce dans la solitude, il perd contact avec ses amis, la société et la vie. J’écoute son cri, je reconnais la confiance qu’il manifeste et j’en arrive à lui demander : « Qu’est-ce que tu attends de moi, pourquoi viens tu me voir ? » Il me dit : « Je frappe à toutes les portes pour essayer de m’en sortir. Je ne vois plus clair en moi ». Nous parlons un moment… En me quittant, j’avais l’impression qu’il n’était plus tout à fait le même. Parler lui a sans doute permis de voir les choses autrement. Je tire de cette rencontre une bonne nouvelle.

Pour marcher avec le Christ sur les routes de la vie, celles qui mènent au Père, il nous faut y voir clair. Or nous sommes souvent des aveugles sur le chemin, Fils de David, aie pitié de moi !

Saint Marc dans l’évangile de ce dimanche nous raconte la guérison d’un aveugle du nom de Bartimée. La scène se passe à Jéricho, peu de temps avant la montée de Jésus à Jérusalem, où il sera arrêté et mis à mort.

Un charme exquis se dégage de ce récit. A de nombreux et savoureux détails, on devine le témoin oculaire.

A Jésus qui lui rend la vue, l’homme ouvre son cœur. Plus courageux que le jeune homme dont il a été récemment question, il s’attachera aux pas du Christ et le suivra à Jérusalem sur la route de la mort.

Oui, pour saisir quel est le sommet de ce passage biblique et donc comprendre correctement le message que Saint Marc voulait livrer aux chrétiens à qui il s’adressait, il faut porter notre attention sur la finale du texte qui affirme qu’aussitôt après avoir recouvré la vue, Bartimée se mit à suivre Jésus sur la route.

Ce récit a donc pour but de nous faire voir comment une personne qui n’est pas disciple de Jésus, peut le devenir.

Bartimée est cet homme malheureux, emprisonné dans le noir, enchaîné, mais il n’aime pas ses chaînes. Sans voir Jésus il est attiré vers lui, Bartimée se laisse guider par son instinct, par sa sensibilité à la présence du Christ qui passe et qu’on peut appeler « grâce ». Grâce que Dieu accorde à tout homme ou femme de bonne volonté en quête de lumière et de vérité. Alors Bartimée crie et bondit vers Jésus, il a foi en lui. Il cria du plus profond de son être : Jésus, fils de David, aie pitié de moi.

Finalement Bartimée recouvre la vue. Mais contrairement à beaucoup d’autres, Bartimée ne s’en retourne pas chez lui. Il se dépouille du peu qu’il a et décide de suivre le Christ pour devenir disciple de Jésus.

Nous aussi, bien chers auditeurs, nous sommes souvent des aveugles et d’une cécité bien plus grave ! Reconnaissons le. Nous nous heurtons de toutes parts à un mur de ténèbres.

La science, les recherches philosophiques mêmes les plus poussées, sont totalement impuissantes à élucider le mystère « Qui sommes-nous ? » – « Quelle est notre destinée ? » – « Dieu, qui est-il ? » – « Qu’attend-il de nous ? » Questions parmi tant d’autres, insolubles pour l’homme livré à lui-même. Je suis l’aveugle sur le chemin. Que c’est donc vrai.

Mais le Christ est Lumière : Il peut nous rendre la vue. N’a-t-il pas été envoyé par son père pour dissiper nos ténèbres. Il le proclame Je suis la Lumière. Qui me suit ne s’égare pas.

Comme l’aveugle de Jéricho, sachons crier vers le Christ et implorer notre guérison.

Et que cette Eucharistie nous communique la grâce et le courage d’y parvenir, tout en sachons redire avec le Psalmiste : Le Seigneur a fait merveilles : nous voici dans la joie.

Amen.

 

 

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