Messe du 2ème dimanche de Pâques

 

 

Abbé Rémy Berchier, le 30 avril 2000, à l’église de la Trinité des Monts, Rome

Lectures bibliques : Ac 4, 32-35; 1 Jn 5, 1-6; Jn 20, 19-31

Chers Servants de messe du Secteur de la Part-Dieu,
Chère Maîtrise Saint Pierre-aux-Liens de Bulle,
Chers Pèlerins, Frères et Sœurs dans le Christ Ressuscité,

C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine .
Tels sont les termes du commencement de cette page d’Evangile et du premier récit d’apparition dont il est fait état. Pour nous, pèlerins à Rome, c’était aussi le soir de Pâques que nous partions pour Assise, puis Rome.

Témoins de la joie de Pâques mais surtout disponibles à l’Esprit, Jésus répandit sur eux son souffle et Il leur dit : Recevez l’Esprit-Saint ! Il nous a comblés durant ces jours ! Débuter en essayant d’entrer dans la pauvreté de François d’Assise tout en se laissant purifier par la beauté et la simplicité picturale nous a, en quelque sorte, désappropriés de nous-mêmes. Dès lors, nous pouvions accueillir la force du témoignage des apôtres Pierre et Paul, des premiers chrétiens et du Pasteur de l’Eglise d’aujourd’hui.

Avec Thomas, nous avons sans cesse professé notre foi et exclamé intérieurement notre émotion en redisant : Mon Seigneur et mon Dieu. Avec les autres disciples, nous avons pu le reconnaître : Nous avons vu le Seigneur. Mais, tout ce que nous avons vu nous a propulsés à l’unique Essentiel, nous souvenant de la Béatitude de Jésus : Heureux ceux qui croient sans avoir vu. Quelle merveilleuse et sainte coïncidence que cet Evangile qui nous mène, tout comme cette démarche de foi, du premier jour de la semaine… à huit jours plus tard.

A chaque fois, à Jérusalem comme à Rome, hier ou aujourd’hui, Jésus a l’initiative. Il vient… Il est là au milieu d’eux. Il nous aime le premier. Il devance nos désirs. Il demeure au milieu de nous-mêmes, au cœur de notre être, de nos pensées, de nos activités, de nos rencontres humaines. Il se tient debout en nous et nous relève pour nous mettre en marche, signifiant aussi qu’il n’est plus gisant mais ressuscité. De plus, les premiers mots du Vivant sont : La paix soit avec vous. Il nous donne sa paix qui n’est pas celle du monde mais bien la sienne. Il donne son Esprit. Celui-ci ouvre à la reconnaissance des apôtres : Nous avons vu le Seigneur et de Thomas : Mon Seigneur et mon Dieu .

Enfin, Jésus envoie en mission : … moi aussi je vous envoie et Heureux ceux qui croient sans avoir vu . Du doute et de la désolation, on parvient ainsi au point extrême de la reconnaissance du Ressuscité.

La reconnaissance du Ressuscité a pris une tournure particulière et unique pour nous, pèlerins en cette année sainte ! Un pèlerinage, comme nous nous le rappelions au soir de notre départ, s’inscrit dans la lignée des grands déplacements dans la Bible, depuis Abraham jusqu’aux apôtres en passant par Moïse et Jésus. Nous avons quitté notre vie ordinaire, nos habitudes et ceux qui nous sont chers pour nous mettre en route à la suite du Christ.

Nous nous sommes déplacés, remontant le courant pour aller puiser à la source : le Ressuscité qui nous précède. Durant cette semaine, nous n’avons cessé de reconnaître le Christ vainqueur de la mort : des rencontres privilégiées en des lieux chargés d’histoire et de foi, mais aussi et surtout des rencontres au cœur d’une vie communautaire à 350 participants.

La foule immense qui s’est donnée rendez-vous à Rome en cette semaine de Pâques, les contraintes d’un trafic d’autocars interdit au centre ville, nous ont permis de rencontrer le Christ d’une toute autre façon durant les temps d’attente afin que tous se rejoignent, ce qui n’a pas manqué de nous faire imaginer le rassemblement final dans l’Eternité. Marcher ensemble, en si grand groupe, nous a plongés dans cette merveilleuse appartenance au peuple de Dieu. Cette dimension a pris une ampleur universelle, donc catholique, au moment si fort de l’audience papale, d’une célébration eucharistique à Saint-Pierre et des foules maintes fois rencontrées. Les pique-niques quotidiens nous permettent de vivre le respect, le partage, l’amitié, l’ouverture et la découverte particulière de l’autre. Les moments de prière tout empreints de profondeur, de foi, d’intensité, de beauté avec les chants de la Maîtrise restent les sommets de la rencontre avec le Ressuscité.

Mais, je qualifie aussi de prière ces nombreux partages deux par deux durant lesquels on raconte nos impressions. Le passage des portes saintes : passer par le Christ, résume bien toutes ces reconnaissances du Ressuscité.
Mais, le Christ dans l’Evangile envoie en mission ! Ne serait-ce pas l’élan principal de ce Jubilé, de cette année sainte ? Tout d’abord, Rome est terre de Mission. Il n’y a que quelques mois, 700 chantiers défiguraient la ville éternelle. Aujourd’hui, tout est beau, remis à neuf ! Rome a fait peau neuve. Cela me paraît un des signes les plus significatifs du Jubilé. Oui, nos vies, nos cœurs, sont invités à faire peau neuve : la remise des dettes, la réconciliation, le repos de la terre qui peut être notre cœur.

Puis, cette fabuleuse communion entre une centaine de milliers de chrétiens rassemblés avec son berger : visibilité de l’Eglise et de la Communion, peuple enraciné dans son histoire : Pierre – Paul, les premiers chrétiens, et enracinés dans l’aujourd’hui du monde.

Cette semaine devient, en quelque sorte, la partie visible de ce Jubilé déjà tant discuté et prié. Tout ce que nous avons vu – signes extérieurs – nous a renvoyés à l’Essentiel : le Christ Ressuscité. Nous n’avons pas vu l’Essentiel, nous en avons vu les signes, mais nous avons été conduits à l’Essentiel : la foi et sa profession – Mon Seigneur et mon Dieu – Heureux ceux qui croient sans avoir vu .

Aujourd’hui, nous prenons le chemin du retour. Comment allons-nous redonner aux autres ce vécu ? Comment serons-nous témoins du Ressuscité ? Comment allons-nous poursuivre notre vie vers l’Essentiel ? Notre joie de croyant, notre communion, notre intensité sont à partager ! Heureux ceux qui croient – Allez dans le monde !

Bon retour ! Soyons témoins du Christ Ressuscité partout où nous serons !
Amen

 

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