Messe du 2ème dimanche de Pâques

 

Abbé Pascal Desthieux, le 30 mars 2008, à l’église de Massonnens, FR
Lectures bibliques :
Actes des Apôtres 2, 42-47; Pierre 1, 3-9; Jean 20,19-31 – Année A

La Résurrection et la Miséricorde : deux facettes du même mystère

« Jésus vint, et il était là au milieu d’eux ». Frères et sœurs, paroissiens et auditeurs, qu’il est beau cet Évangile de résurrection ! On comprend la joie des disciples. Comme on aurait aimé être avec eux ! Et nous avons entendu avec quelle délicatesse Jésus revient le dimanche suivant pour Thomas qui avait tant de mal à croire.

Aujourd’hui, nous fêtons encore la résurrection. Cette fête est tellement importante, que l’Église la célèbre pendant toute une semaine, jusqu’à aujourd’hui, le dimanche après Pâques que l’on appelle dimanche in albis car les nouveaux baptisés de Pâques étaient invités à revenir dans l’église in albis, en aube.

Nous célébrons également aujourd’hui la fête de la Miséricorde divine, fête instituée par Jean-Paul II quand il a canonisée soeur Faustina Kowalska en 2000. Dans une révélation privée, le Christ lui avait dévoilé sa miséricorde infinie, et avait demandé que ce dimanche après Pâques soit une fête de la miséricorde. Vous vous souvenez que Jean-Paul II a rejoint la maison du Père lors de la fête de la divine Miséricorde, il y a trois ans.

Je me suis demandé quel était le rapport entre la Résurrection et la Miséricorde. J’ai eu une fulgurante réponse en priant devant la grande mosaïque du Sacré-Cœur de Montmartre. J’ai eu la joie en effet, en cette semaine de Pâques, d’emmener les grands servants de messe de mes paroisses à Paris ; nous logions justement à Montmartre, dans l’hôtellerie de la basilique du Sacré-Cœur. Sur cette mosaïque, le Christ ressuscité montre son côté, dévoile son Cœur aimant. Pareillement, aux apôtres puis à Thomas, Jésus montre son côté transpercé, signe et preuve que c’est bien lui qui était sur la croix. De la même façon encore, le Christ miséricordieux, de l’image reçue par sainte Faustine, montre son côté, son cœur d’où jaillissent des rayons blancs et rouges, comme le sang et l’eau sur la croix.

La résurrection et la miséricorde, ce sont deux facettes du même mystère : le Christ nous montre son côté, son cœur débordant d’amour pour nous. Pensons qu’Il continue de nous montrer son côté : « Regarde, mon ami, combien je t’aime ».
La vie du ressuscité et la miséricorde divine nous sont offertes, en abondance. Mais nous, allons-nous les accueillir ?

Une source abondante et des travailleurs qui restent pourtant pauvres

Cela me fait penser à une jolie histoire relatée par l’abbé Philippe Baud dans son livre sur saint Nicolas de Flüe (Nicolas de Flue, Cerf, Paris, 1993, p. 133-135).
Il s’agit d’un songe. Un homme interrompit son sommeil pour remercier Dieu de son Amour pour toute l’humanité. Il lui parut, dans son sommeil, qu’il arrivait sur une place qui appartenait à une commune. Dans ce lieu, il vit une foule de gens qui faisaient un dur labeur; ils paraissaient fort pauvres. Notre homme se tenait là et il les regardaient, tout à l’étonnement de les voir tant peiner en demeurant néanmoins aussi pauvres.
A sa droite, il vit apparaître un tabernacle bien construit ; et il aperçut une porte ouverte qui donnait sur l’intérieur ; aussi se dit-il en lui-même : « Tu dois entrer dans ce tabernacle afin de voir ce qu’il y a à l’intérieur ». Il entra donc et arriva dans une sorte de cuisine qui appartenait à toute la commune. Il vit alors un escalier et quelques personnes qui le gravissaient ; mais elles étaient peu nombreuses. Leurs vêtements semblaient aspergés de blanc. Au sommet, il vit une fontaine, d’où sortait  un flot ininterrompu qui s’écoulait dans un grand bassin vers la cuisine. Son flux était de trois sortes : du vin, de l’huile et du miel.
Et il pensa en lui-même : « Il faut que tu gravisses cet escalier pour voir d’où proviennent les flots. » Il s’étonnait que personne, parmi des gens tellement pauvres, n’entrât là pour puiser à la fontaine, ce que chacun aurait pu faire, puisque la fontaine leur appartenait en commun. Il monta l’escalier et se trouva dans une vaste salle. Au milieu de cette salle, il aperçut un grand réservoir quadrangulaire – comme un tombeau ouvert – d’où la source jaillissait dans une grande pureté, en faisant un bruit mélodieux. Et malgré l’abondance du flux jaillissant de là, le réservoir demeurait toujours rempli à ras bord, au point qu’il débordait.
Il se dit alors : « Tu vas redescendre et aller voir à quoi les gens sont si occupés qu’ils ne se décident pas à entrer pour puiser à cette fontaine qui coule cependant avec une telle abondance. » Il sortit par la porte. Là il vit les gens occupés à de durs labeurs tout en paraissant très pauvres. Alors il observa ce qu’ils faisaient. Il aperçut quelqu’un qui se tenait là après avoir installé une clôture passant par le milieu de la place. Au centre de la clôture se trouvait un portillon que cet homme maintenait fermé de sa main droite, tout en adressant ces mots aux gens d’alentour : « Je ne vous laisserai passer ni d’un côté ni de l’autre, à moins que vous ne me donniez un sou ! » Puis il en vit un autre qui faisait tournoyer un bâton dans le creux de sa main et qui disait : « C’est à la seule fin que vous me donniez un sou ! » Il vit aussi des joueurs de fifre qui jouaient des airs pour la foule et qui, en récompense de la musique, lui demandaient le sou. Il aperçut là des tailleurs, des cordonniers et de nombreux autres artisans qui tous lui réclamait le sou. Pourtant, avant même d’avoir exécuté tout cela, ils se retrouvaient si pauvres qu’ils n’obtenaient qu’à peine ce qu’ils réclamaient. Mais il ne vit entrer personne pour aller puiser à la fontaine. C’est alors qu’il se réveilla.

Accueillir la vie et la miséricorde divines

Chers amis, chers paroissiens et vous tous qui êtes unis à nous par la radio, cette fête de la Résurrection et de la Miséricorde nous invitent à nous ouvrir toujours davantage à Dieu, à sa présence et à ses dons. Ne restons pas affairés, préoccupés de tant de choses à en oublier la source gratuite et abondante. Accueillons toujours plus profondément la vie et la miséricorde divines. Puissions-nous redire souvent avec saint Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu », et avec sainte Faustine : « Jésus, j’ai confiance en Toi ».
Demandons au Dieu de miséricorde infinie, comme nous l’avons fait tout à l’heure lors de la prière d’ouverture, qu’il augmente en nous [sa] grâce pour que nous comprenions toujours mieux quel baptême nous a purifiés, quel Esprit nous a fait renaître, et quel sang nous a rachetés. » Amen. Alléluia !

 

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