| Abbé François-Xavier Amherdt, à l’église d’Hérémence (VS) , le 23 avril 2006 Lectures bibliques : Actes 4, 32-35; 1 Jean 5, 1-6; Jean 20, 19-31 – Année B |
Prenez votre DMV (« D’une Même Voix ») au n. 729, cette belle hymne pascale « Christ est vraiment ressuscité ». Certes, il est désormais remplacé par le magnifique recueil vert commun à toute la francophonie « Chants Notés pour l’Assemblée », – que je recommande du reste à toutes les chorales et paroisses. Mais je suis persuadé que vous vous souvenez tous du « petit livre rouge de chants » de la Suisse Romande : « le » D’ une Même Voix !
Il était tellement fameux et utilisé qu’on avait fait de son titre un nom commun : Le DMV, pour dire le manuel de chant intitulé « D’une Même Voix ».
D’un seul cœur, d’une seule âme
“Una Voce, uno corde, una anima.”
Toute la Romandie. D’une même Voix, « una Voce » en latin. A l’exemple de la première communauté chrétienne, idéalement décrite dans les résumés des Actes des Apôtres que l’on dénomme Sommaires. Nous venons d’en entendre le deuxième : « La multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi chrétienne avait un seul cœur et une seule âme, « Uno Corde, una anima – unanimes ». Au point qu’ils mettaient tout en commun, tant le témoignage des Apôtres au Christ Ressuscité était puissant et marquait les esprits, tant la force de la grâce reposait sur tous et les poussait à l’action !
Impossible de proclamer la foi en la Résurrection, sans la mettre en œuvre concrètement et partager avec ceux dans le besoin. Impossible de chanter la Bonne Nouvelle de Pâques sans la mettre en pratique, sans en devenir « pratiquants » en plaçant à la disposition de la communauté et de ses responsables, les ressources nécessaires pour qu’il n’y ait plus de pauvres ni de nécessiteux.
Je suis sûr que la collecte de ce jour sera copieuse, et que les 200 chanteurs de Corin, Sion, Finhaut, Saint-Maurice et Monthey ainsi que les instrumentistes ne seront pas en reste. D’un même geste d’offrande.
Toucher le Corps
Car le chant nous fait toucher le mystère, mieux que Thomas qui voulait toucher les plaies et le côté de Jésus, tant il avait de peine à croire que ce dernier fût relevé d’entre les morts. Finalement l’Apôtre incrédule, dont nous nous sentons parfois si proches, n’a pas eu besoin de toucher physiquement le corps glorieux du Vivant. Il lui a suffi de voir que c’était bien lui, le même que sur la croix, avec les marques des clous et de la lance, il lui a suffi d’entendre la voix du Maître, apparu spécialement pour lui dans la lumineuse splendeur de sa pâque, pour s’écrier « Mon Seigneur et mon Dieu ». L’incrédule agnostique devenu le champion des croyants ! Quel chemin !
Je suis sûr que tout à l’heure, la profession de foi de notre eucharistie sera particulièrement unanime et chaleureuse et que les 200 chanteurs, percussionnistes, cuivres et organiste la proclameront en communion avec tous les paroissiens d’Hérémence et de partout au bout des ondes.
Un Centenaire
« Frères chantons pour que l’on prie, pour qu’on regarde un peu le ciel ». La prière des petits chanteurs vaut pour les adultes de tout âge. Chanter, c’est prier deux fois. Chanter un Jubilé, c’est prier 100 fois. Oui, frères et sœurs chanteurs qui préparez activement le centenaire de la fédération des Sociétés de chant du Valais (den 100. Geburtstag des Verbands der Walliser Gesangvereine pour les Haut-Valaisans), ouvrez vos voix et vos âmes pour que vos auditeurs, aujourd’hui, les 5, 6 et 7 mai prochain, touchent du doigt, pressentent de l’esprit, éprouvent de l’âme le Mystère de ce Dieu dont la main fait merveille.
« Dextera Domini fecit virtus », chanterez-vous tout à l’heure. La droite du Seigneur fait des prodiges : il a réveillé son Fils du sommeil de la mort, il nous comble de sa miséricorde par la force de son Esprit, il nous libère de nos péchés et de nos hésitations, il promet la résurrection à nos voix, nos corps et nos âmes. Je suis certain que votre action de grâce après la communion éclatera d’une joie céleste, qu’elle fera sauter le taux d’écoute des messes radio sur Espace 2 et qu’elle sera exempte de toute faute, de tout « canard »…
Dans la chorale des Saints
Car l’art choral soutenu par l’orgue, la percussion et tous les instruments instaure une unanimité, irréalisée en politique ou en économie, entre tous les peuples de la terre. L’émotion de la Messe festive « Missa festiva », « Centenary Mass », nous vient de Lituanie, par son créateur Vytautas Miskinis. Quelle bonne idée ! Au-delà de toutes frontières, de la Raspille du Valais, de la Singine, de la Romandie, de la Suisse et de l’Occident, les pays baltes, l’Europe de l’Est font chanter le Valais entier. Quel miracle Haut et Bas-Valaisans réunis en une même harmonie ! Il n’y a que la fête cantonale ou une finale de coupe suisse pour réaliser de telles prouesses !
Surtout qu’en chantant le Sanctus, les limites terrestres volent en éclat. Nous sommes en liaison satellite avec la chorale céleste des saints, saint Nicolas et tous les ténors, sopranis, altis et basses du Paradis, avec les anges et les Archanges. D’autant que le compositeur de la Missa Festiva s’est fortement inspiré de la très populaire messe grégorienne « De Angelis », la messe des Anges. Je suis intimement convaincu que lors du Saint le Seigneur, dans quelques instants, nos auditeurs seront aux Anges…
Belle fête cantonale, d’ores et déjà, à toutes et à tous les chanteurs, du Valais et d’ailleurs. Una Voce ! D’une Même Voix !