Messe du 2e dimanche de l’Avent

 

Chanoine Claude Ducarroz, institut Ste-Ursule, Fribourg, le 4 décembre 2011
Lectures bibliques : Isaïe, 40, 1-11; 2 Pierre 3, 8-14; Marc 1, 1-8 – Année B

 

Un petit conseil gratuit pour votre mode d’hiver : une robe en poil de chameau et une ceinture de cuir autour des reins. Et voici pour le menu de fête : un plat de sauterelles et du miel sauvage. Bon appétit !
La recette n’est pas de moi, mais de Jean-Baptiste dans l’évangile de ce dimanche.

 
Après avoir annoncé en une courte phrase « la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu », l’évangéliste Marc pointe aussitôt sur Jean le Baptiste, le précurseur du Seigneur.

C’est pourtant cette première phrase, très brève, qu’il nous faut d’abord méditer. Pour Marc, c’est un commencement, comme au livre de la Genèse, un commencement qui conditionne tout le reste. Il y a vraiment du nouveau, du neuf, de l’originel. Et c’est une bonne nouvelle, de quoi réjouir le cœur, dilater l’esprit et même apaiser le corps. Car ce n’est pas une belle idée, même pas une déclaration d’amour. C’est quelqu’un, de chair, de cœur et d’esprit : Jésus de Nazareth, le Christ, donc le Messie et en même temps le Fils de Dieu.

Durant ce temps d’Avent, nous ne pouvons pas faire comme si nous ne savions pas déjà qui est au cœur cette Bonne Nouvelle.
Certes, il nous est proposé de re-parcourir l’itinéraire du peuple hébreu en espérance du Messie puisque Marc mélange aussitôt des citations de l’Exode et des prophètes Malachie et Isaïe. Certes, il nous faut nous laisser entraîner par Jean-Baptiste depuis le désert jusqu’au bord du Jourdain et entrer dans la dynamique exigeante d’une véritable conversion, en reconnaissant nos péchés.
Certes la simplicité de vie, la pauvreté des moyens et la frugalité des plaisirs entrent dans cette phase de préparation intérieure, tout le contraire de ce que nous proposent les pubs matérialistes qui nous envahissent et nous suffoquent.

Mais si l’Avent est en effet le temps d’une espérance, nous savons déjà en qui nous avons mis notre espérance. Celui que nous attendons est déjà venu, nous n’ignorons pas entièrement celui qui vient. Jean-Baptiste, qui attendait le Messie en même temps qu’il voyait le Christ venir à lui pour le baptême, pouvait déjà s’écrier : « Voici venir derrière moi celui qui est plus grand que moi. Moi, je vous ai baptisés dans l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint ».

Telle est la spiritualité un brin paradoxale de ce temps de l’Avent : nous ne pouvons pas faire semblant d’attendre un inconnu, un anonyme, un absent. Baptisés dans l’eau et l’Esprit, nous sommes à la fois des enfants de Noël et des fils et filles de  Pâque. Nous nous souvenons de sa venue, dans le sein d’une humble servante et dans la misère de la crèche. Mais nous vivons actuellement de cet Esprit qu’il nous a donné en abondance dans le mystère de sa mort et de sa résurrection, en attendant son retour dans la gloire.

Alors quel devrait être notre « état d’Esprit » durant ces semaines d’Avent ?
* La conversion, sur laquelle insiste tellement Jean-Baptiste, car nous n’en finirons jamais de nous préparer à recevoir en nous, toujours plus profondément, toujours plus intimement, celui qui est déjà venu et qui vient encore, à travers ses visites intérieures, lui qui frappe sans cesse à la porte de notre cœur, attendant patiemment que nous l’invitions librement à entrer pour partager le repas de fête avec nous.

* La conversion personnelle, certes, mais aussi l’évangélisation. Car si Jean-Baptiste eut un rôle important à jouer auprès du peuple en attente, alors que Jésus était pourtant déjà au milieu des siens, c’est que Jésus comptait sur lui pour « préparer à travers le désert le chemin du Seigneur,  tracer dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu. » Les Jean-Baptiste d’aujourd’hui, c’est nous, qui que nous soyons. Indignes de nous courber pour défaire la courroie des sandales de Jésus ? Jean-Baptiste le premier en avait conscience. Mais ça ne l’a pas empêché d’annoncer la Bonne Nouvelle du Messie et même de baptiser, y compris Jésus lui-même. Il savait qu’il avait à diminuer pour que Jésus grandisse, mais il n’a pas dé-missionné de sa mission : être le porte-voix du Seigneur Jésus, y compris en conduisant ses propres disciples vers lui.  Exactement ce que sont appelés à faire les chrétiens dans ce monde où tant d’êtres humains ne connaissent pas encore leur Seigneur… ou l’ont déjà oublié.

*Enfin, l’apôtre Pierre nous rappelle que le chrétien est toujours en attente d’un ciel nouveau et d’une terre nouvelle, où résidera la justice. Nous savons que nous ne pouvons pas les réaliser pleinement ici-bas. N’empêche que nous pouvons et nous devons  les préparer en rendant notre histoire humaine justement un peu plus humaine. Tous les engagements sociaux, politiques, économiques, culturels, écologiques qui vont dans le sens d’une plus grande fraternité sur cette terre déjà ont quelque chose à voir et à faire avec notre rôle de Jean-Baptiste et avec l’attente du monde nouveau dans le Royaume de Dieu.

L’Avent n’est pas le paradis des boutiques, mais le tremplin du Royaume de Dieu.

 

 

 

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