Messe du 2e dimanche de l’Avent

 


Abbé Pascal Gobet, le 9 décembre 2007, à la basilique Notre-Dame, Genève
Lectures bibliques :
Isaïe 11, 1-10; Romains 15, 4-9; Matthieu 3, 1-12 – Année A

Il est dit dans l’évangile que nous venons d’entendre que Jean-Baptiste, le précurseur vint prêcher dans le désert de Judée. Il venait préparer les cœurs à recevoir le Messie. Il n’est pas anodin qu’il soit précisé  que cette prédication qui ouvrait la porte au ministère public du Christ ait eu lieu dans un désert. Car le désert, dans la Bible, représente le lieu de l’épreuve purificatrice, des combats intérieurs et des doutes. Dans le désert on est vulnérable car protégé par rien si ce n’est par Dieu seul. Il devient alors le signe de nos vies lorsque celles-ci sont marquées par les épreuves, les obscurités et les doutes. Mais le désert est aussi le lieu de la rencontre avec Dieu, d’un Dieu qui vient parler à notre cœur pour nous dire que nous avons du prix à ses yeux et qu’Il nous aime infiniment.

Hier nous fêtions l’Immaculée Conception de la Vierge Marie. Marie est devenue la première des chrétiennes, dans le temps et dans l’histoire mais aussi dans l’accomplissement même de sa vie car elle ne fut limitée par aucun péché. «  La première en chemin » comme nous l’avons chanté tout à l’heure au début de la messe. La première à avoir ouvert son cœur au Rédempteur. En déclinant son identité à la petite Bernadette, la Vierge, à Lourdes avait dit dans le dialecte des Pyrénées : « Que soy era Immaculada Counchatsiou . » Je suis l’Immaculée Conception. Elle se mettait à son niveau pour qu’elle puisse comprendre. Et pour la décrire, Bernadette parla d’elle comme d’une jeune fille, d’une demoiselle qui lui était apparue à la grotte de Massabiel. Une demoiselle diront aussi Lucia, Jacinta, Francisco, les petits voyants de Fatima. Une demoiselle, une éternelle jeune fille de 15 ou 16 ans, sous le regard ébloui des enfants qui l’avaient aperçue.

Si elle se présente ainsi, toute jeune, c’est pour nous ramener constamment à ce temps de l’Annonciation et de la Nativité où elle devait avoir très probablement dans les 16 ans. Dans ces régions, à cette époque, les femmes étaient mariées très jeunes. Elle étaient matures très jeunes. Et ce fut le cas pour Marie. Cela veut nous signifier que la foi chrétienne, la foi qui est la nôtre, s’est forgée dans le creuset de Nazareth et de Bethléem. Qu’elle devra toujours garder sa fraîcheur, sa jeunesse, sa spontanéité, sa joie à l’image de Marie.  Une foi chrétienne qui ne sera jamais un frein à l’existence mais qui sera toujours source de vie.

Une foi appelée alors à un dépouillement toujours plus grand, à une simplicité  et à une vérité toujours plus grandes. C’est fou comme parfois nous pouvons compliquer nos rapports avec Dieu par tout un cortège de peurs et de culpabilités.

Alors la prédication de Jean-Baptiste, aussi austère soit-elle, vient s’inscrire dans ce mouvement-là. Il appelle constamment à la conversion. Se convertir pour Jean-Baptiste consiste à ne pas rester à la surface de la vie religieuse. C’est aller en profondeur. C’est s’accepter dans ses fragilités, dans ses pauvretés. C’est s’ouvrir à la miséricorde de Dieu. C’est prendre conscience que nous pouvons être aimés ainsi. Ce qu’il annonce est la venue parmi nous d’un Dieu fait homme qui viendra humblement se faire baptiser dans les eaux de l’humanité. Nous pourrons alors avec tout notre être aller à la rencontre de Dieu, avec ce qui en nous est le plus vulnérable. Se convertir c’est se laisser toucher le cœur, c’est se laisser guérir par Dieu. C’est redécouvrir à chaque pas, la fraîcheur et la spontanéité de la confiance. A l’image des enfants. Ne faut-il pas leur ressembler pour entrer dans le Royaume de Dieu ? Là est tout l’appel à la conversion.

Je me rappelle encore, il y a une vingtaine d’années de cela, je participais en tant qu’aumônier à un « Noël » à la Maternité de l’Hôpital Cantonal de Genève. Le personnel soignant, les médecins, les patientes et leurs familles, tout le monde était rassemblé dans un amphithéâtre. Il y avait une crèche vivante avec un joseph, une marie, et un tout petit bébé qui était né le jour même et qui faisait l’enfant Jésus bien évidemment. J’étais invité à donner un « message » de Noël. Je l’avais bien préparé. Mais à peine avais-je commencé que l’enfant s’était mis à crier, mais à crier. C’est fort le cri d’un petit enfant. Plus personne ne pouvait m’entendre. Plus personne n’avait envie de m’entendre. Alors j’ai dû me taire. Après un moment l’enfant s’est calmé. Quant à moi je n’ai pas repris mon discours. J’ai conclu par quelques vœux de Noël. Je n’avais plus rien à dire car tout avait été dit. Nous étions là devant une authentique parabole évangélique.

Un cri, mais pas n’importe quel cri. Le cri de Jésus à toute l’humanité. Un cri d’amour pour chacun et chacune d’entre nous. Un cri qui vient combler nos vides et couvrir tous les bruits de ce monde.
                                        
Amen

 

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