Messe du 29ème dimanche ordinaire

 


Abbé Henri Duperthuy, Collège des Missions, Le Bouveret, VS, le 21 octobre 2007
Lectures bibliques :
Exode 17, 8-13; 2 Timothée 3, 14 – 4,2; Luc 8, 1-8 – Année C

 

 

Transmets la Parole que tu reçois…

C’est l’invitation qui nous est faite  pour cette Journée mondiale missionnaire. Parler de mission ne va pas de soi aujourd’hui. Pour les uns ressurgissent des images colonialistes qu’ils ne souhaitent pas revoir; pour d’autres, le fait de vouloir transmettre sa foi apparaît comme un manque de respect par rapport à la liberté de chaque personne. La question de Jésus « Le Fils de l’Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » est donc bien d’actualité.

Comme le rappelle saint Paul à Timothée, si nous sommes là ce matin c’est bien parce que nous avons reçu, dès notre enfance ou plus tard dans notre existence, l’Evangile comme une Bonne Nouvelle pour notre vie. Cette Parole que les textes sacrés nous présentent, nous ne l’avons pas inventée, elle ne vient pas de nous, elle nous est transmise de génération en génération, de pays à pays, par une formidable chaîne de témoins qui se relaient. Chacun de nous peut sûrement dire les lieux ou les événements qui ont enclenché notre rencontre avec Dieu et mettre un visage sur ceux qui ont été pour lui les témoins de cette Bonne Nouvelle : un parent, un ami, un voisin…  Ils ne nous ont pas transmis un livre, ils nous ont permis de rencontrer Jésus, le Christ, Parole vivante de Dieu, en qui nous contemplons l’amour infini du Père pour l’humanité. Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son Unique. C’est dans les attitudes de Jésus, dans ses gestes et dans ses paroles que nous avons reconnu cet amour de Dieu pour nous. Et nous n’aurons jamais fini de découvrir l’immensité de cet amour. Comme nous y invite l’Evangile de ce jour, c’est en persévérant dans la prière que nous pouvons grandir dans la foi, dans la confiance en Dieu et dans l’intimité avec lui. 

Mais, si le Christ est vraiment Bonne Nouvelle pour nous, comment pourrions-nous le garder pour nous seulement ? Si Jésus Christ est vraiment celui qui nous libère de nos peurs, qui nous permet d’envisager l’avenir avec plus de confiance parce qu’il nous a ouvert un chemin de vie, s’il est celui qui nous rejoint sur nos chemins de doute et de déception comme il le fait pour ses disciples sur le chemin d’Emmaüs, si Jésus est celui qui nous met en communion avec le Père par son Esprit, alors avec saint Paul nous ne pouvons que nous écrier : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile », malheur à moi si je ne transmets pas la Parole que j’ai reçue.

Mais attention, nous le savons bien, l’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres. Il ne s’agit pas pour nous de réciter une leçon, encore moins d’en donner, mais d’être par nos gestes, nos paroles, nos comportements les témoins du Seigneur ressuscité présent à l’histoire des hommes. Les missionnaires, prêtres, religieux ou laïcs d’hier et d’aujourd’hui, l’ont bien compris, eux qui ont toujours associé annonce de l’Evangile et développement. Comment être les témoins de la tendresse de Dieu envers les petits, les pauvres, les souffrants sans mettre en œuvre tout ce qu’il nous est possible de faire pour redonner à chacun sa dignité et ce qui lui est nécessaire pour vivre dignement. Chez nous, où de plus en plus de personnes sont marginalisées dans la compétition économique, où la tentation de repli sur soi est permanente, il ne suffit pas d’adresser à Dieu nos prières. Il nous faut aussi retrousser les manches et travailler avec tous les hommes de bonne volonté pour que vienne un monde meilleur pour tous. Nous le voyons bien dans ce passage du livre de l’Exode : il ne suffit pas que Moïse prie au sommet de la colline pour remporter la victoire, il faut bien aussi que Josué livre bataille, et il ne suffit pas que Josué livre combat, il faut aussi la prière de Moïse. Prière et action s’appellent l’une l’autre. Personnellement, et en communauté de chrétiens, nous sommes invités à manifester notre attachement au Christ par notre vie fraternelle et notre attention à ceux qui nous entourent. « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples » nous dit Jésus. Mais nous mesurons bien la difficulté que nous avons à aimer à la manière de Jésus. Alors, n’ayons pas peur de demander à Dieu, pour nous-mêmes et pour ceux qui ont comme mission première d’annoncer l’Evangile, son Esprit Saint : il est la force dont nous avons besoin pour être des témoins authentiques. Demandons-le avec insistance, avec persévérance, au risque de passer pour un casse-pied. Et risquons-nous aussi à transmettre la Parole que nous avons reçue.
Amen.

 

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