Messe du 28e dimanche ordinaire

Yannick, Antoinette, Jacqueline, de Caritas Vevey, à l’église Notre-Dame, Cully, VD, le 12 octobre 2003.

Lectures bibliques : Sagesse 7, 7-11; Marc 10, 17-30

(Témoignages de Caritas Vevey)

Yannick

Je suis arrivée à l’Antenne de Caritas Vevey en octobre 1999. A cette époque, j’avais un appartement sur Vevey, mais je fréquentais encore l’hôpital psychiatrique de Nant.

Je cherchais une occupation ainsi que des contacts humains. J’ai commencé à fréquenter Caritas une fois par semaine, puis deux, puis trois fois. Mon activité à la cuisine me plaît beaucoup. J’y apprends beaucoup de choses en particulier à composer avec l’aide de mes collègues bénévoles et participants des menus sains et équilibrés, pour une équipe de plus de 25 personnes parfois.

Depuis le début de cette activité, je peux affirmer que j’ai gagné en énergie, en assurance et en confiance en moi. Le contact avec les différentes personnes qui fréquentent l’Antenne me plaît aussi beaucoup. J’ai le sentiment d’avoir enfin trouvé ma place dans la société puisque je l’ai trouvée dans cette mini-société qu’est Caritas.

Etant au bénéfice d’une rente d’assurance-invalidité, je suis malgré tout une personne reconnue, appréciée et efficace je crois. C’est vrai, j’aime m’impliquer, m’investir.

De temps à autre en plus de la cuisine, je prends l’initiative de faire un peu de ménage et de nettoyage.

En dehors de l’Atelier, je fais aussi visite régulièrement à une dame depuis maintenant deux ans et demi. J’ai demandé un jour au responsable de l’Antenne s’il connaissait quelqu’un ayant besoin de compagnie. C’est ainsi que j’ai rencontré cette dame de 85 ans. Je vais lui rendre visite chaque semaine. Je l’aide à faire sa lessive. Nous préparons et mangeons ensemble le repas de midi. Nous faisons parfois les courses ensemble. Nous parlons beaucoup. Cette dame se sent très seule, assez délaissée par sa famille. Il me semble que je lui apporte beaucoup par ma présence. Elle me considère comme sa petite-fille. Nous parlons parfois de choses profondes. Nous rigolons aussi et nous plaisantons. Elle me confie des choses de sa vie. De temps à autre elle laisse échapper quelques larmes. J’y vois la preuve qu’elle se sent vraiment en confiance avec moi. Je pense que si cela est dans mes possibilités, je l’accompagnerai jusqu’au bout de sa vie.

J’ai aussi, bien sur, une vie privée. Cette année mon ami et moi nous nous sommes mariés.

Nous avons un appartement à entretenir, avec toutes les tâches que cela comporte. Il y a notre vie à deux, il y a la famille, les sorties, les projets, les loisirs.

En bref, je pense avoir une vie bien remplie, riche en événements, riche de contacts humains, et suffisamment saine pour m’aider à retrouver un bon équilibre psychique et physique puisque tout est lié.

Antoinette

Je suis l’une des bénévoles de Caritas Vevey.

Pendant les activités des ateliers, il y a des participants et quelques bénévoles. Tout simplement, on travaille, on parle, on écoute, ou on se tait.

On ne pose pas de question, mais dans un climat de confiance les langues se délient plus facilement.

Des émotions se dégagent et passent entre chacun et chacune. On devine bien sûr des souffrances, des peines, des mots qui ne viennent pas ou alors des mots qui ne peuvent plus s’arrêter de vider un cœur trop plein. Il y a ceux qui peinent à communiquer, ceux qui se laissent apprivoiser lentement, des amitiés, des sympathies qui naissent ou non.

Il y a les doutes, les interrogations, les pourquoi qui le plus souvent n’ont pas de réponse. Mais lorsque miraculeusement les douleurs et le mal-être se transforment en sourires, en instants d’amitié, de rires, de complicité, en voyant des êtres d’ethnies et de cultures si différentes travailler ensemble dans le respect et la tolérance, en apprenant que deux ou trois participants se sont retrouvés en privé pour partager un dimanche convivial, quelle récompense !

A midi nous partageons le repas autour d’une même table : 15, 20, 25 personnes et parfois davantage.

C’est à ce moment que des larmes de joie se sont mises à couler lorsqu’en plein repas, l’une de nos participantes s’est remise à chanter pour la première fois après six ans de silence. Il y a eu celui qui a ému toute la tablée quand il a raconté avec gestes, rythmes et chants, une histoire de son village africain. Et celle qui nous a charmé de ses sketches drôles et joyeux. Et celui qui a cuisiné un repas parfumé de toutes les senteurs de son pays.

Et tant, et tant d’autres qui ont su par leur histoire de vie, leurs coutumes, leurs croyances, leurs goûts, nous enrichir de leurs expériences et nous apporter ce PLUS qui nous renvoie à l’évidence : « on reçoit toujours plus que ce que l’on donne ! »


Jacqueline

L’antenne de Caritas à Vevey m’a beaucoup aidée à traverser une étape difficile de ma vie. Après un cheminement professionnel riche et varié, j’ai perdu mon travail. Je me suis retrouvée au chômage, puis en fin de droit, Pendant 4 ans 1/2, j’ai fait des centaines d’offres d’emplois, j’ai accompli plusieurs stages, j’ai été me présenter. Bref, je me suis démenée pour trouver un travail, Mais les réponses arrivaient toujours négatives. Il fallait de l’énergie pour accuser le coup et reprendre courage.

Durant cette épreuve, ma foi en Dieu m’a soutenue jour après jour. J’avais la certitude que Dieu ne m’abandonnerait pas. Souvent j’ai crié à lui dans ma détresse en disant : « Seigneur Jésus, je n’en peux plus, viens à mon secours ! » Chaque fois, la force m’était donnée pour aller de l’avant. Le Seigneur avait un plan pour mon avenir, ma vie est dans ses mains. Il m’a donné une promesse : il mettrait un chemin dans le désert. Ce chemin, je l’ai suivi et il a conduit mes pas à l’antenne de Caritas à Vevey.

Pendant le temps du chômage, j’ai pu suivre des cours, participer à des emplois temporaires subventionnés. Mais quand l’ombre de la fin de droit du chômage se profilait à l’horizon, j’ai eu peur, peur du vide d’activité. Car du jour au lendemain tout ce qui meublait mes journées allait cesser. J’avais peur de me retrouver seule entre mes quatre murs à gérer mon temps 24 heures sur 24. C’est épuisant psychiquement d’être livrée ainsi à soi-même et de perdre tous ses repères.

A ce moment-là, un pasteur m’a parlé de l’atelier de Vevey. Je suis reconnaissante d’avoir connu cette antenne où j’ai vécu des moments heureux. C’était comme une oasis dans le désert.

Pendant deux ans et demi, j’ai fréquenté l’atelier à raison de deux fois par semaine. Un jour à l’atelier bois, l’autre à l’artisanat. Cette activité était très importante pour moi. Ainsi, j’ai retrouvé des repères dans ma semaine. J’ai pu retravailler, donner de moi-même, partager mes compétences. J’y ai découvert des amis, une famille, tout le côté relationnel vital pour garder le moral. J’ai été frappée par la qualité d’accueil de ce lieu. Dans une société où nous sommes identifiés par ce que nous faisons, c’est très important d’être reconnu, accepté simplement pour qui nous sommes.

Pour conclure, voici une bonne nouvelle. Ma situation a eu récemment un heureux dénouement. Après 4 ans et demi de chômage, à l’âge de 59 ans, j’ai retrouvé un emploi et pas n’importe quel emploi : un poste sur mesure, conçu spécialement pour moi et qui met en évidence ma polyvalence. Depuis deux mois, je vis et travaille dans une maison d’accueil chrétienne. Je passe dans tous les secteurs de l’institution : cuisine, service aux tables, lingerie, réception, informatique, administration, C’est merveilleux.

Merci au Seigneur de m’avoir soutenue tout au long de ce passage difficile et d’avoir conduit mes pas. Merci aussi aux amis de Caritas pour leur accueil, leur amitié et l’encouragement qu’ils ont été pour moi.

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