Messe du 27ème dimanche ordinaire

 

Abbé André Kolly, à l’église Ste-Croix, Carouge, le 3 octobre 2010
Lectures bibliques : Habacuc 1, 2-3; 2, 2-4; 2 Timothée 1, 6-14; Luc 17, 5-10 – Année C

 

Soeurs et frères bien-aimés,

Dans le Journal « la Gruyère » de 1910, on pouvait lire l’annonce suivante : « Paysan, cherche domestique, sachant traire, travailleur et consciencieux. Bons gages ». Ce n’est pas tout à fait comme cela que l’Evangile d’aujourd’hui nous invite à nous engager. Mais, il est bien question de serviteurs ; on connaît les serviteurs de l’Etat ou de la Patrie, mais il faut reconnaître que ce mot de serviteur, de servante résonne assez mal aujourd’hui. Cela évoque le temps de l’esclavage ou l’idée de remettre sa vie entre les mains d’un oppresseur qui s’enrichit aux dépens du pauvre, qui n’ose rien dire et qui plie l’échine devant les coups et les menaces. Nous étions encore un peu plus enfoncés dans notre pessimisme quand on parlait, dans une expression bien consacrée, de  « serviteurs inutiles ». A quoi bon s’engager, dans ce cas là, on ne sert à rien. Pourquoi le maître aurait-il besoin de nous ?

Et pourtant, cette appellation de serviteur est magnifique. Dans ce service de l’Evangile,on ne travaille pas pour un bon gain, on n’a pas peur du patron ; Dieu aurait pu choisir d’autres moyens, d’autres canaux, d’autres intermédiaires pour faire connaître son Evangile ; nous ne sommes donc pas indispensables. Mais, nous sommes des serviteurs tout simplement, des serviteurs heureux, des serviteurs tout court.  BASTA.
Mais, c’est difficile d’être humble dans ces services. Nous sommes des serviteurs qui ne vont pas se monter le bourrichon, nous n’avons pas des prétentions d’être meilleurs que les autres, par là même nous ne voulons pas astiquer notre auréole, mais travailler, comme cela va de soi, quand nous sommes chrétiens. Mais, dans l’autre sens, il ne faut pas non plus que nous soyons des serviteurs qui n’en finissent pas de se déclarer indignes ou incapables.
Humbles serviteurs, comme disait saint Vincent de Paul, « Humbles face à eux-mêmes parce qu’ils savent que c’est Dieu qui travaille avec eux et à travers eux, humbles devant leurs frères et sœurs, car ils reconnaissent en eux le Christ à aimer et dont un des noms est le pauvre Lazare ». Ce service va nous enrichir :
Le serviteur, dit le poète Goethe, est celui qui part avec deux besaces, l’une pour donner et l’autre pour recevoir.

Serviteurs – servantes : Nous avons des modèles merveilleux qui ont tracé le chemin du serviteur : C’est Jésus qui est venu pour servir ; il l’a fait au Jeudi Saint en se mettant à genoux devant ses Apôtres pour leur laver les pieds et, encore au Vendredi Saint quand il étendit les bras sur la Croix pour offrir le Salut au monde entier. C’est aussi Marie, la Vierge du Oui de l’Annonciation, la Mère aux pieds de la Croix, la femme priante au Cénacle de la Pentecôte avec l’Eglise naissante.
C’est encore tant d’hommes et de femmes, tant de saints et saintes, connus et inconnus qui ont répondu à cette vocation et qui sont pour nous des modèles d’un service joyeux et désintéressé. Mère Teresa le rappelait : « Ce n’est pas la quantité de services qui compte, mais l’amour avec lequel ils sont rendus ».

Notre foi nous dit que c’est Dieu qui nous confie ce service, un peu comme un jardinier qui confierait de belles plantes aux apprentis que nous sommes. Mais nous sommes appelés à faire de grandes choses, à déplacer des montagnes.

Réunis, la semaine dernière en session pastorale à Lausanne, plus de 400 diocésains, prêtres et laïcs, ont réfléchi à la pastorale d’engendrement, comment être attentifs à tout ce qui est humain, comment révéler la Présence de Dieu en chacun, comment être proche de nos frères et sœurs et apporter notre témoignage.
Pour arriver à être serviteurs, pour tenir le coup, Dieu ne nous laisse pas nous débrouiller tout seuls ; il nous donne les dons de son Esprit, ces dons que saint Paul cite dans son Epître aux Galates, ( joie, patience, humilité, bonté )  ces dons que l’abbé François Xavier Amherdt traduit en langage moderne lors d’une session de l’apostolat des laïcs : la bonhomie qui consiste à mettre à l’aise, à ne pas tout dramatiser ; le toucher juste qui sait faire preuve de discrétion ; la liberté dans nos interventions, dans nos dialogues, sans être démagogues ; la patience qui ne brûle pas les étapes ; l’intelligence de l’heure qui sait choisir le bon moment, le sens de la communion et de la communauté ; et l’élan de la mission.

Sœurs et Frères,
Hier soir, à la messe des familles ici à Carouge, des enfants ont chanté : « Eglise de Carouge, en avant, il faut que tu bouges. Va sans peur , mets à ce travail tout ton cœur ».
Prenons pour nous cette invitation de Paul à Timothée dans la deuxième lecture de ce jour :  «  Réveille en toi le don de Dieu… Ce n’est pas un Esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un Esprit de force et d’amour ».
Avec cette force et cet amour, soyons « passeurs d’Evangile », selon la belle expression de Monseigneur Genoud dans son message aux participants de la rencontre de Lausanne, serviteurs humbles, joyeux, convaincus et heureux de nous ajuster à ce que Dieu attend de chacun de nous. Amen

 
 

 

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