Messe du 27ème dimanche ordinaire

 


Abbé Jean-François Cherpit, à l’église du Sacré-Coeur, La Chaux-de-Fonds, le 8 octobre 2006
Lectures bibliques : Genèse 2, 18-24; Hébreux 2, 9-11; Marc 10, 2-16 – Année B

Frères et sœurs ici présents et vous toutes et tous qui nous écoutez par les ondes, je vous invite à chercher ensemble à dégager de cet évangile en deux parties ce qui est Bonne Nouvelle pour nous aujourd’hui.

Regardons d’abord la première situation. Nous avons d’une part les Pharisiens, empêtrés dans leur loi rigide et arrangée par Moïse pour palier à la dureté de leur cœur. D’autre part nous avons Jésus qui, lui, vient accomplir la loi divine dans l’obéissance au Père et qui, par cette mission, devient le maître de la loi mosaïque.

Tout commence par une question formulée par les Pharisiens pour piéger Jésus et ainsi s’en faire une opinion pour le ranger dans telle ou telle catégorie. Après avoir démasqué leurs intentions, Jésus leur retourne leur question comme un bon pédagogue vivifiant le savoir de ses étudiants. Il respecte ces Pharisiens, les rejoint sur leur terrain et dans leurs certitudes.

Les Pharisiens, bons élèves, répondent selon la loi, avec rigueur et précision. A cette loi figée Jésus y oppose la loi divine, précisant ainsi ses sources : les origines de l’homme avant le péché, relatées dans les textes fondateurs selon les intentions du Créateur.

Ainsi, au lieu d’accrédité Moïse, il blâme son attitude, sa condescendance, et rappelle fermement que le projet de Dieu, de tous temps, a été d’unir les différences, en étant lui-même ce lien, cette source d’unité pour toujours. Pour Jésus, briser cette harmonie c’est contrecarrer le bon vouloir de Dieu qui est de permettre à l’être humain de progresser dans sa capacité d’aimer jusqu’à devenir vraie icône du Dieu vivant par le don de lui-même.

Jésus veut donc rétablir la loi divine, altérée par Moïse par peur des représailles des hommes de son clan. Il veut révéler que la durée d’une relation de couple équilibrée, où tous deux sont partenaires avec Dieu, peut ouvrir les diverses facettes de l’amour jusqu’à la plénitude du don de soi.

Regagner la dignité de l’être humain, lui rendre son vrai visage de fils et de fille de Dieu, tel est l’objectif de Jésus. Il prendra pour cela, sur lui, le péché de l’humanité, ouvrira les portes à la vérité et deviendra chemin d’unité.

Si Dieu pour ordonner l’univers, sépare, c’est pour ensuite unifier par sa présence afin que tout ce qui est créé en dualité entre en trinité par cette pleine intégration du Créateur « lien » dans sa création.

Si l’homme sépare ce que Dieu uni, il s’empêche lui-même de s’ouvrir à cette communion avec son Créateur, et en même temps avec sa dimension trinitaire en sortant Dieu de son lien.

Jésus utilise le verbe « adultérer ». Ce terme dans la bouche de Jésus, prend donc le sens de falsifier ou d’altérer l’autre, l’alter égo. Fausser le lien interrompt le long et difficile processus d’unification entrepris par les époux avec l’aide de Dieu, et cela, Jésus, veut l’éviter.

Laisser s’éteindre une relation amoureuse, la falsifier, ou alors redémarrer une nouvelle fois une relation avec quelqu’un ramène le don d’unité offert par Dieu à son point zéro et coupe le cheminement de l’amour don, son rayonnement et ses répercussions pour un monde meilleur. C’est alors toute l’humanité qui régresse dans sa capacité d’aimer.

La relation de couple unie en Dieu est d’une importance capitale pour le monde, son élévation, son entrée en Royaume de Dieu. Pourtant gardons-nous bien de juger tel ou tel couple séparé … Bien plutôt, soutenons toutes celles et ceux qui s’engagent dans une relation, pour qu’ils s’ouvrent, par la durée, à la plénitude du don.

Jésus donne la méthode pour que cela soit possible, c’est la deuxième partie de notre évangile du jour : « être semblable aux petits enfants accueillis par Jésus et bénis par lui ».

Ensemble frères et sœurs dynamisons et renforçons nos relations, soutenons les couples engagés, soufflons sur les braises des alliances endormies, encourageons les liens nouveaux à s’ouvrir à celui qui unit… ainsi nous ferons advenir le Royaume des cieux où l’amour don est roi.

 

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