Messe du 27e dimanche ordinaire

 

 

Abbé Alain de Raemy, à l’église du Christ-Roi, Fribourg, le 5 octobre 2003.

Lectures bibliques : Genèse 2, 18-24; Hébreux 2, 9-11; Marc 10, 2-16

(non transmise sur la RSR, en raison d’une panne technique)

« L’humanité a connu, dans ses débuts, une période heureuse, un âge d’or; et la raison en était claire : la femme n’existait pas encore !!! Et c’est la première femme, de son nom Pandor, qui a été la cause de l’entrée des maux dans le monde ». (cf. Monique Piettre, Comprendre la Parole, année B, vol. 3, p. 219)

Chers amis et chers auditeurs,

Vous avez malheureusement parfaitement bien compris ce que je viens de dire. Mais n’éteignez pas votre poste, ne me dénoncez pas à mon évêque, et ne quittez pas l’Eglise pour autant…

Je ne faisais que de citer, en résumé, la pensée de grands auteurs grecs, qui n’ont, heureusement, rien de commun, tout en étant contemporains, avec ceux de la Bible !

Mais c’est effectivement ce qui était pensé et dit dans l’une des plus grandes civilisations que le monde ait connu. Heureusement, à cette même époque, à quelques centaines de kilomètres de là, dans une toute petite civilisation, un auteur biblique pense et écrit tout autre chose !

Nous venons de l’entendre dans son récit du livre de la Genèse. Je résume : L’humanité a connu dans une sorte de débuts la solitude originelle de l’homme. Mais cette solitude, elle, n’était pas bonne. Et c’est l’apparition de la femme qui fera le bonheur de l’homme. Et aussi sa distinction définitive du monde animal.

Vous le voyez, on a là tout autre chose ! Ça, c’est une belle tradition ! Pourtant, elle nous vient d’un tout petit peuple, presque ridicule, comparé aux grandes civilisations de l’époque, de Grèce, d’Egypte ou de Mésopotamie…

Mais qu’elle est belle, notre tradition biblique ! Que dit-elle ? Dans le langage du mythe, c’est-à-dire d’un récit qui, à l’aide de symboles, tente de traduire l’inexprimable, le mystère, Dieu… Elle nous dit : l’homme est tellement fait pour la femme, et la femme est tellement faite pour l’homme, qu’ils ne peuvent pas avoir été créés pour ainsi dire parallèlement, chacun de son côté…

Non ! C’est du côté d’Adam, mais dans son sommeil, autrement dit : sans qu’il n’y soit pour rien, c’est donc de la chair même d’Adam que Eve est créée.

Elle ne vient pas d’ailleurs. Elle ne vient pas d’à côté. Elle est de la même « pâte ». Elle est tirée de l’homme. Mais, encore une fois, l’homme n’y est pour rien : il dort ! En plus, cette sorte d’ablation du corps d’Adam ne dit-elle pas, combien l’homme est incomplet sans la femme ?

On lui a enlevé quelque chose, il ne le retrouvera que dans la femme, dans le tout de l’être féminin. Mais pourquoi fallait-il endormir Adam ? Les narcoses n’existaient pas à l’époque… De quoi s’agit-il ? Le sommeil a toujours évoqué la mort. Et le réveil, la nouvelle vie !

Ainsi, la création de la femme dans le sommeil de l’homme, fait que le réveil de l’homme, en présence de la femme sera pour lui comme une nouvelle naissance après la mort, une véritable entrée dans une vie nouvelle. « Voilà l’os de mes os, la chair de ma chair » chante avec enthousiasme Adam à son réveil.

Oui, l’homme se reconnaît dans la femme, grâce à elle. Et la femme dans l’homme et grâce à lui : C’est pourquoi elle s’appellera comme lui : « isha » dans le texte original, simple dérivé féminin du mot « ish » qui signifie « homme ».

Chers amis, chers auditeurs,

On n’aura jamais fini de s’émerveiller devant le mystère originel de l’homme et de la femme. On comprend – et quel amoureux le contredira – ? qu’il faille recourir au symbole, au récit mythique, au langage poétique, pour dire tout ce qu’il y a de sublime, de divin, dans cette humanité, dans notre humanité, vécue au masculin et au féminin, dans cette humanité d’hommes et de femmes inséparablement unis depuis leurs origines.

Et quand Jésus dira : Ce que Dieu a uni que l’homme ne le sépare pas, on comprend bien qu’il n’est pas en train de dire que Dieu a réuni des antagonistes, mais que ce qui porte l’homme et la femme à s’unir est originel, essentiel, providentiel ! Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. Il n’y a rien de plus divin que l’amour qui unit un homme et une femme.

Car quand on dit Amour, on dit Dieu. Ce que Dieu a uni que l’homme ne le sépare pas. Ainsi donc, Jésus en tire tout simplement les conséquences : alors, tout ce qui sépare l’homme et la femme que l’Amour a unis, n’est pas de Dieu, n’est pas pour leur bonheur, n’est jamais une promotion humaine…

Vous l’avez entendu dans l’évangile : ce langage de Jésus surprend même ses disciples, qui lui reposent encore la question une fois à la maison. Mais Jésus maintient sa position ferme : ce que Dieu a uni que l’homme ne le sépare pas : il n’y a rien d’autre pour la promotion et le bonheur et de l’homme et de la femme. Le reste est adultère.

 

Mais l’Evangile continue. Et voilà qu’on présente à Jésus des enfants. Mais certains veulent les écarter. Alors Jésus se fâche et précise : Il faut leur ressembler et accueillir les choses de la vie comme eux pour être du côté divin des choses, pour être du Royaume de Dieu…

Chers amis et chers auditeurs, n’est-ce pas comme si Jésus nous criait, nous suppliait : Ressemblez donc aux enfants, mettez-vous à leur place, regardez la vie avec les yeux d’un enfant ! Alors vous verrez, vous verrez dans leurs yeux que ceux que Dieu a unis, c’est-à-dire leurs parents, on ne devrait jamais les séparer…

Oui, Seigneur Jésus, aide-nous à voir briller les choses de la vie, dans le regard des enfants ! Alors nous serons du côté du Royaume, du côté de l’Amour qui ne sépare pas !

Amen.

 

 

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