Messe du 26ème dimanche ordinaire

 

 

Père Assaad DAHER, à la paroisse de
Sainte-Marie-Madeleine, Troinex (GE), le 26 septembre 1999
Lectures bibliques : Ez 18, 25-28; Ph 2, 1-11; Mt
21, 28-32

Mon enfant, va travailler
aujourd’hui à ma vigne !
Ce texte met en scène un père qui s’adresse à son
fils avec toute l’affection paternelle qui est la sienne.

Aux dires de nombreux psychologues, le malaise – on devrait
pouvoir dire le mal être – dont souffre notre société d’aujourd’hui, est dû,
pour une grande part, à l’absence du père au sein de la famille.

En cette 3° année du « Jubilé vers l’an 2000 », consacrée
justement au Père, je suis invité à prendre conscience que Dieu est mon père et
que je suis son enfant.

Pourquoi cette invitation ?
Ce Père dit : Mon enfant, va
travailler à ma vigne.
Va ! c’est une invitation à quitter mon conformisme.
Le pli que j’ai pris depuis mon enfance.
Va ! c’est quitter ma petite vie
tranquille, taillée à ma mesure, pour aller vers la vie, pour prendre le
large.
Va ! une invitation à me laisser bousculer par ma foi, par la petite
voix paternelle qui m’habite et me pousse à aller vers moi-même. Une invitation
à devenir adulte, à être réellement « enfant de Dieu ».
Va ! c’est quitter un
état, c’est opérer un enfantement qui me fait passer de mon monde à celui de
Dieu Père.
Va travailler ! Travailler, c’est passer de la théorie à la
pratique; c’est cesser de « dire » et commencer à « faire ». Ce n’est pas ceux qui
me disent : Seigneur, Seigneur… qui entreront dans le Royaume des cieux, mais
plutôt ceux qui écoutent ma parole et la mettent en pratique.

Une invitation pour quand ? Pour aujourd’hui
Va travailler
aujourd’hui à ma vigne. Il ne s’agit pas de ruminer le passé, ni de se
préoccuper du futur, mais bien de prendre conscience que le moment présent –
l’aujourd’hui – est un moment d’éternité qui m’est offert. Quel don merveilleux
!

Et la vigne ? Bien qu’elle soit le sujet de l’homélie de
dimanche prochain, permettez-moi d’en dire deux mots. Cette vigne, c’est le
champ de mon existence. S’il est bien labouré, ensemencé, désherbé, il offrira
une abondance récolte. Cette vigne, c’est l’arbre de ma vie. Bien nourri,
taillé, émondé, il donnera des fruits nombreux, beaux et savoureux.

Et le fruit de la vigne peut réjouir le cœur de l’homme. Cela,
pour signifier que Dieu invite ses enfants à la joie.

Quelle va être ma réponse ? Cette parabole des deux fils montre
l’importance de mon engagement à Dieu, le sérieux du oui que je lui dis. Ce oui
n’est pas un acte intellectuel, encore moins une certaine conduite extérieure,
mais bien un style de vie.

Mon comportement pourra s’inspirer de ma foi. Si je n’ai qu’une
foi de formules, je n’aurai qu’une conduite de rites. Par contre, si je possède
une foi qui me plonge dans la volonté de Dieu, elle sera en accord avec le plan
de Dieu. Ce ne sera pas toujours facile ! Ma première réponse sera peut-être
non. Mais c’est l’acte qui suivra qui importe.
Pour illustrer cette parabole,
nous vous proposons d’écouter ou mieux, de faire vôtre, l’interprétation du
Notre Père qui va suivre. Elle a été composée par un groupe de jeunes du sud de
la France, qui s’est appelé « Sketch Up ».
Cette formule insolite met en
évidence la lutte entre mon oui et mon non, entre le conscient et
l’inconscient.
Et elle débouche tout naturellement sur un sentiment de
reconnaissance envers ce Père et qui s’exprime dans ce seul mot : Merci !
Ecoutons.
(Dialogue de Jean et Dieu, selon Sketch Up)

Notre Père
– « Notre Père qui es aux cieux… »
– Oui !

Qu’est-ce que c’est ?
– Tu m’as appelé ?
– Ah non ! Non, non. Je ne t’ai
pas appelé. Je prie (…) « Notre Père qui es aux cieux… »
– Là, tu l’as encore
fait !
– Mais qu’est-ce que j’ai fait ?
– Tu m’as appelé, Tu as dit :
« Notre Père… », Je suis là. A quoi penses-tu ?
– Oh, à rien ! A rien du tout.
Je prie. Je ne fais pas de mal, non ?
– Non, continue ta prière.
– « Que
ton nom soit sanctifié… »
– Que veux-tu dire par-là ?
– Eh bien… Je veux

dire que… je ne sais pas, moi, ce que je veux dire… Ca fait juste partie de la
prière, c’est tout !
– Mon nom est différent des autres noms. Mon nom est « Je
suis ». Cela ne te dit rien ?
– Si, je n’y avais jamais pensé… « Que ton règne
vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel… »
– Que fais-tu
pour que mon règne vienne ?
– Ce que je fais, moi ? Rien du tout. Mais, il me
semble que ce ne serait pas si mal si tu venais diriger les choses, ici-bas,
comme tu les diriges là-haut !
– Est-ce que je dirige ta vie ?
– Eh bien…,
je vais à l’église… Enfin, à Noël, à Pâques. Bref, j’y vais, quoi !
– Tu
sais, mon règne a déjà commencé. Mon royaume est en ceux qui suivent les traces
de mon Fils. Es-tu sûr de marcher dans ses pas ?
– Ecoute, Seigneur, je suis
aussi bon que toutes ces personnes qui vont à la messe chaque dimanche !

Comment veux-tu que ma volonté soit faite si ceux qui la demandent ne commencent
pas par l’accomplir?
– Oh, je sais que j’ai des problèmes. Je ne suis pas un
saint…
– Moi aussi, je sais !
– Tu sais ? Alors, tu sais peut-être que
j’aimerais me débarrasser de toutes ces vieilles histoires qui m’empêchent
d’être vraiment libre !
– Bien. Mais avançons. Nous allons travailler
ensemble, toi et moi, et voir des victoires…
– Ah non ! Ce soir, ça va trop
loin ! Et puis, ça prend beaucoup trop de temps ! Donne-nous aujourd’hui notre
pain de ce jour…
– Me fais-tu confiance pour le pain ?
– Oui.
– Prier
est un acte dangereux. Tu pourrais finir par être changé, tu sais. Mais tu n’as
pas fini avec ta prière. Continue ! Eh bien, continue !
– Je ne peux pas
!
– Tu as peur ?
– Je ne sais pas ce que tu vas me dire.
– Essaie donc,
tu verras !
– « Pardonne-nous nos offenses… comme nous pardonnons aussi… à
ceux qui nous ont offensés… »
– Tu penses à Nathalie ?
– Voilà ! Je savais
bien que tu allais me parler d’elle ! Mais, Seigneur, elle m’a fait beaucoup
trop de mal ! Tu comprends ? Et moi, j’ai juré de me venger…
– Et ta prière
?
– Ca, c’est une question d’habitude, c’est tout !
– Tu es franc, au
moins… Mais ce n’est pas facile de porter la haine en soi, n’est-ce pas ?

Non ! Non, ce n’est pas facile… Mais je vais te dire… Une fois que je me serai
vengé, j’irai beaucoup mieux.
– Ca n’ira pas mieux, au contraire ! Tu es déjà
tellement triste ! Je peux changer tout ça.
– Toi ? Toi, tu peux ? Et comment
?
– Pardonne à Nathalie, comme un jour, moi, je t’ai pardonné.
– Non,
Seigneur, je ne peux pas lui pardonner. Vraiment, je ne peux pas.
– Que
disais-tu dans ta prière ?
– Je vais essayer de lui pardonner. Tu pourrais
peut-être aller lui parler, à elle aussi. Je ne sais pas si elle te prie chaque
matin.
– Ce n’est pas ce qui m’arrête. Finis ta prière !
– « Et ne nous
soumets pas à la tentation… mais délivre-nous du mal… »
– C’est ce que je
ferai. Mais toi, éloigne-toi du mal ! Apprends à vivre dans mon amour !

« Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire pour les
siècles des siècles ».
– Que ma grâce et ma paix t’accompagnent !
– « Amen »…
Père ?
– Jean ?
– Merci… !

 

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