Messe du 26ème dimanche ordinaire

 

Abbé Henri Roduit, église de Collombey, VS, le 30 septembre 2007
Lectures bibliques : Amos 6, 1-7; 1Timothée 6, 11-16; Jean 16, 19-31 – Année C

 

Jésus nous présente aujourd’hui deux personnages. Un riche sans nom, habillé luxurieusement, faisant chaque jour bombance. Et un mendiant, qui porte un nom signifiant « Dieu vient au secours ». Echoué à la porte du riche, il est couvert d’ulcères.

La scène est insupportable. Le riche n’a pas besoin de Dieu. Il vit dans l’oubli de Dieu et dans l’inconscience totale ou le mépris du pauvre. Dans son arrogance, il dilapide son bien dans l’éphémère,  il s’invente des besoins et s’enferme sur lui-même.
Ne nous ressemble-t-il pas ?

Et le pauvre, infirme, affamé, exclu ou ignoré du riche qui pourrait si facilement être généreux et le prendre en pitié  en voyant ses plaies. N’est-ce pas la situation de milliards d’êtres humains aujourd’hui ?
Jésus, dans sa parabole, ne prononce aucune condamnation mais ouvre les yeux de son auditoire, démasque la réalité. Le réquisitoire est sévère car toute la Loi et les prophètes invitent les fils d’Abraham à la miséricorde et interdit la superbe, le luxe excessif. Certaines façons d’utiliser les richesses empêchent l’accès au Royaume des cieux et entraînent des conditions de vie insupportables pour le pauvre qui n’est pas maître de sa destinée. Le texte nous dit que Lazare est « jeté » à la porte du riche. Le drame, c’est qu’il n’y a pas de communication entre ces 2 hommes.
Quand ils meurent. Leur situation se renverse. Le riche dans les tourments voit enfin le pauvre. Il a perdu sa superbe et demande à Abraham d’envoyer Lazare calmer ses brûlures. 
Abraham répond que la barrière entre les  2 hommes est devenue un abyme infranchissable et définitif et qu’il n’y a plus aucune communication possible.

Cette parabole nous interpelle certainement.
Nous rêvons d’un monde plus juste. Mais ne sommes nous pas nous-mêmes l’obstacle à ce monde. Le pauvre ne nous dérange-t-il pas au point qu’il nous est insupportable de regarder se plaies répugnantes ? Ne construisons-nous pas des barrières pour ne pas le laisser entrer dans notre pays et dans notre maison ?
Dans son discours à l’ONU, mercredi, Nicolas Sarkozy a plaidé pour de nouvelles règles en matière d’économie à l’échelle planétaire, jugeant que la communauté internationale n’a plus le temps d’attendre pour rétablir la paix et la justice dans le monde. « Les biens communs de l’humanité, dit-il, doivent être placés sous la responsabilité de l’humanité tout entière ». « Il faut que les choses changent, que les mentalités changent, que les comportements changent ».

Pour revenir en Suisse, de nombreuses ONG, nous invitent à signer la pétition adressée au Conseil fédéral et au Parlement pour augmenter progressivement l’aide publique au développement à 0,7% du produit national brut d’ici 2015. Pour nous, c’est si peu mais pour  les 800 millions d’hommes, de femmes et d’enfants qui souffrent chroniquement de la faim, c’est beaucoup. Pour la moitié de l’humanité qui doit vivre avec moins de 3 francs par jour, pour les millions d’enfants qui ne vont pas à l’école et sont condamnés à la misère, un tel changement serait une grande chose.
L’obstacle à un monde plus juste est certainement nous-mêmes. Il nous faut quitter notre inconscience qui n’est pas une excuse dans cette parabole, comme en Mattieu 25 où sont condamnés ceux qui n’ont pas vu l’affamé, le prisonnier ou le malade.
Il nous faut quitter une mentalité de riche qui trouve que sa richesse, il l’a bien méritée et que si quelqu’un est pauvre c’est certainement de sa faute et qu’il n’y a aucune raison de l’aider. Il nous faut découvrir que Dieu est le Dieu qui aide le pauvre, comme le rappelle le nom « Lazare ».
Il nous faut contempler celui qui s’est solidarisé avec les pauvres de tous genres, jusqu’à être condamné à mourir sur la croix. Il nous rappelle avec toutes les écritures notre devoir d’assistance à personne en danger.

Réjouissons-nous car dans l’eucharistie, Il nous donne sa force et son Esprit pour nous convertir et réaliser un monde où à travers les hommes de bonne volonté « Dieu vient au secours » du pauvre.

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