Messe du 25ème dimanche ordinaire

 


Philippe Charmillot, assistant pastoral, à l’église St-Hubert, Le Noirmont, le 24 septembre 2006
Lectures bibliques : Sagesse 2, 12-20; Jacques 3, 16 – 4,3; Marc 9, 30-37 – Année B

L’autre jour, j’écoutais tranquillement la radio dans l’auto, lorsque j’ai entendu cette pub:  » Ma femme est partie de la maison. Je me retrouve seul avec les trois gamins. Comment vais-je m’en sortir ?  » Et une voix charmante répondait :  » Le bonheur est dans le lave-linge XY. Avec lui, plus de souci « . Pour la vendeuse, bonheur rimait naturellement avec machine à laver. Pour d’autres, le bonheur c’est d’avoir un maximum de connaissances, ou de rester belle ou beau, d’avoir une situation enviable. Des jeunes me disaient que pour eux le bonheur c’était d’avoir de l’argent, une vie sexuelle extravagante, détenir du pouvoir. L’idée que l’on se fait du bonheur, dépend de l’objectif que l’on a de sa vie.

Dans l’Evangile que nous avons entendu tout à l’heure, il en est aussi question. Au sommet du G 12, les disciples se demandent qui est le plus grand. Pour eux, le bonheur est donné aux gens en vue. Et cette réponse déconcertante de Jésus :  » Vous voulez savoir qui est le plus grand et le plus puissant ? Regardez cet un enfant. Vous cherchez le bonheur ? Ce n’est pas forcément en étant le premier aux yeux des hommes mais plutôt le dernier, que vous allez le trouver. Ni en étant le chef, mais de préférence le serviteur.  » Encore une fois, par ses paroles, Jésus démontre une logique tellement différente de la nôtre. Ce n’est pas la fonction de médecin, d’avocat, de politicien, de cadres, ou même de responsables religieux que Jésus dénonce, mais l’état d’esprit avec lequel certains de ces responsables agissent. Une dame me disait que Jésus dans le Nouveau Testament n’aimait pas les riches. Si c’était le cas, comme occidentaux, nous serions plutôt mal barrés ! Mais ce ne sont pas les biens matériels ou la richesse, que le Christ attaque dans l’Evangile. C’est le rapport que l’homme entretient avec son argent et ses biens. Tout le problème est de savoir se servir de l’argent, mais sans s’y soumettre ou asservir autrui. Sinon, on risque de blesser l’autre et de ne jamais pouvoir combler le vide qui est en chacun de nous. On passera alors toute sa vie à courir après le bonheur.

Mais en fait, avez-vous déjà vu passer le bonheur ?

(Chant « As-tu vu passer le bonheur ? » de Mannick et Akepsimas.)

Pauvre bonheur que tout le monde traque et poursuit sans trouver toujours la bonne direction!

Alors me direz-vous, quelle route vers le bonheur nous propose le Fils de Dieu ? Suivons-le dans l’Evangile. D’abord il se penche vers cet enfant. Par ce geste, Jésus nous montre que Dieu se met à la hauteur de chaque être humain. Ce qui signifie que dans la relation entre Dieu et l’Homme, l’initiative vient donc toujours de Dieu, plutôt que de nos efforts personnels. Nous ne connaîtrions pas Dieu, si Dieu ne s’était pas avancé un jour vers nous. Alors détruisons cette idée d’un Dieu dont il faut gagner la sympathie par nos cadeaux, nos souffrances et nos bonnes actions. Le Christ nous montre ainsi que tout être humain est aimable quel que soit son passé ou ses actes. Voir avec les yeux de Jésus permet de faire émerger la beauté de chacun, plutôt que d’insister sur ses différences et ses limites.

Après s’être penché vers l’enfant, Jésus l’embrasse. Vous avez déjà fait l’expérience, que c’est en portant toute notre attention à l’autre qu’il se sentira exister et reconnu. Dans une vraie relation de cœur à cœur. Par exemple lorsqu’une infirmière est empathique avec le patient. Un geôlier, qui au-delà de l’acte répréhensible, s’adressera à l’être humain qu’il y a derrière. Un enseignant qui cherchera d’abord les points forts de tous ses élèves. Un parent qui ne créera pas d’inégalité entre ses enfants, pourtant tous si différents.

Ainsi Jésus nous montre que Dieu participe à notre existence. Quand je souffre, à l’hôpital, en prison, à la maison, au home, Dieu est victime de cette souffrance, autant que moi. Il est avec moi dans mon quotidien. Mon rapport à Dieu devient ainsi une histoire d’amour et de complicité. Comme dans un couple.

Le bonheur n’est donc dû à personne, mais il est possible pour chacune et chacun. Car il est au fond de soi. Non pas à Paris, à Angers ou toujours ailleurs comme le chantaient les enfants, où en papillonnant dans mes activités où mes relations de couple, mais plutôt dans ma manière d’être et de faire avec les autres. Dans ma relation avec Dieu aussi, disent les chrétiens, car Dieu est la source de ce bonheur.

Je peux vous assurer que celui qui approche du bonheur connaîtra la paix et la sérénité. Il pourra ensuite devenir panneau indicateur, pour les chercheurs de sens de l’existence. Car le seul mal sur cette terre, c’est de ne pas aimer suffisamment.

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