Messe du 24ème dimanche ordinaire

 

Chanoine François Roten, à l’abbaye de Saint-Maurice, le 12 septembre 2010
Lectures bibliques : Exode 32, 7-14; 1 Timothée 1, 12-17; Luc 15, 1-32 – Année C

 

La liturgie de la Parole de ce jour nous a proposé trois textes qui brossent le portrait de notre Dieu :

  1. un Dieu de miséricorde, un Dieu qui se laisse convaincre de ne pas suivre la justice des hommes face au peuple de l’Exode qui adore un veau d’or (Ex 32) ;
  2. un Dieu qui provoque la joie et la reconnaissance de saint Paul, émerveillé que le Tout Puissant ait pu lui pardonner et, plus encore, lui faire confiance en le chargeant d’annoncer le Christ, alors que lui ne faisait que blasphémer, persécuter, insulter (Tm 1).

Mais le sommet de ces portraits de la miséricorde divine, c’est bien dans l’évangile de Luc que nous le trouvons : ce Fils prodigue accueilli ou plutôt avidement attendu par ce Père tout aussi prodigue : si le premier a dilapidé ses biens, le second n’hésite pas à faire la fête pour accueillir l’enfant dont il veillait la venue.
Dès qu’il aperçoit son fils cadet de loin, le Père ne reste pas sur le seuil de la porte à attendre son arrivée et ses paroles de repentir : il prend les devants, il court à la rencontre de son fils, ne pose aucune question sur la sincérité et la profondeur de ce repentir (et Dieu sait si sa contrition était pourtant ténue : il avait faim et était fauché…).
Le simple fait de voir arriver le fils tant espéré suffit au Père pour qu’il sache ce qui se passe, pour que, débordant de joie, il accueille son enfant, non pas comme si rien ne s’était passé, mais avec plus de joie encore que si rien ne s’était passé, en faisant la fête.
Alors le fils cadet est rétabli dans ses droits, il reçoit les sandales de l’homme libre, la robe du fils et l’anneau d’autorité.

Tous semblent partager la joie du Père, sauf le fils aîné. Chez ce dernier, il manque quelque chose à la joie : il y a jalousie et envie, incompréhension et sentiment de trahison… Il manque cette joie immense du pardon reçu ou donné. Car pour goûter à la joie de Dieu, il faut entrer dans la joie de son pardon.
C’est alors le Père, à nouveau, qui vient au-devant de son fils, l’aîné cette fois, et qui le prie humblement d’entrer. Celui qui n’était jamais parti, celui dont la fierté était de n’avoir jamais quitté la maison et d’être resté fidèle, a lui aussi besoin que son père vienne le chercher, pour avoir accès à la joie du festin.
Et le Père, encore une fois, n’ordonne rien à son enfant, ne reproche rien, n’attend pas d’excuses ou de raisons. Il prend les devants et vient vers son fils, comme il va vers chacun de ses enfants.

Mes sœurs, mes frères, quelle que soit notre vie, quelle qu’ait été notre vie, quelle que sera notre vie, le Père Eternel nous accueille, accueille chacun et chacune comme un fils, une fille à part entière.
Si, parce que Dieu nous a créés libres, nous sommes seuls à pouvoir prendre la décision de nous mettre en marche pour répondre aux avances de Dieu, d’aller vers lui, Dieu notre Père, de son côté, n’attend qu’un signe, qu’un petit signe de notre part, pour accourir…
Etrange Dieu si empressé à aimer les hommes… A les aimer jusqu’au bout et jusqu’à la Croix. Amour infini de sa grâce !

Mes sœurs mes frères, Jésus nous disait qu’il y a de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit plus que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion.
La raison de cette joie n’est pas d’abord à chercher dans le fait qu’un pécheur se convertisse, qu’il ait le courage d’une démarche de repentir – bien que cela soit méritoire et beau. Si les anges exultent de joie, c’est parce que chaque conversion d’un pécheur est pour eux l’occasion nouvelle d’admirer l’amour avec lequel le Père tout puissant traite ses enfants : il pardonne, vient au-devant et accueille toujours celui qui tend vers lui, sans juger son passé ni rien lui reprocher, dans l’absolu d’un amour sincère et total. 
Oui, nous aussi, nous pouvons aujourd’hui, grâce à la parabole de l’enfant prodigue et du père prodigue, et avec les anges dans le ciel, découvrir, admirer, nous réjouir et célébrer cette merveille de l’amour de Dieu qui dépasse la justice et l’ordre – pour la victoire de la grâce : Dieu nous fait grâce, tout par lui n’est que grâce, tout n’est que miséricorde et amour.

Frères et sœurs, aujourd’hui, laissons-nous réconcilier avec Dieu qui nous attend !

 

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