Messe du 22ème dimanche ordinaire


PARLER DE L’HUMILITE C’EST PARLER DE DIEU
 

Abbé Pierre Aenishanslin, au monastère de la Visitation Ste-Marie, Fribourg, le 2 septembre 2001
Lectures bibliques : Siracide 3, 17-29; Hébreux 12, 18.24; Luc 14, 1-14

Avez-vous été agacés par les paroles sur l’humilité proposées par la liturgie d’aujourd’hui. Une première fois avec Ben Sirac le sage : Accomplis toutes choses dans l’humilité… plus tu es grand et plus il faut t’abaisser (Si 3,17). Ensuite lorsque Jésus nous parle des places spontanément recherchées pour les repas : Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé (Lc 14,11).

Pensez-vous qu’il faille s’écraser devant les hommes et devant Dieu ? Avez-vous une dose suffisante de masochisme pour y parvenir ? Ou bien encore : en abaissant l’homme à l’extrême, ce Dieu-potentat manifeste-t-il sa grandeur ?

Je vous en supplie : ne faites pas de Dieu une telle caricature. Dieu, lorsqu’il nous demande l’humilité ne désire pas de nous autre chose que ce que lui-même ne cesse de faire. Il nous donne si volontiers d’être « à son image et à sa ressemblance » (Gn 1,26).

Sans cesse Dieu est à notre recherche jusqu’à ce qu’il nous trouve. Et si Dieu – le Tout Autre – s’adapte à nous qui sommes petits et éloignés, c’est la preuve qu’il est l’humilité même. Parler de l’humilité, c’est donc simplement parler de Dieu. Mais comment puis-je connaître une telle réalité ? C’est en Jésus lui-même, c’est par Jésus « image du Dieu invisible » (Co 1,15) que nous découvrons avec émerveillement que notre Dieu n’a rien à voir avec la caricature évoquée il y a quelques instants ; il n’a rien de commun avec les idoles violentes et superbes que façonne notre cœur mauvais. Qui m’a vu a vu le Père (Jn 14,9) nous confiera Jésus et les disciples ont témoigné qu’il a placé notre vie, notre bonheur et notre salut au-dessus de la « joie qui lui était proposée » (He 12,2).

Il nous a donné sa vie, il nous a aimé plus que lui-même. Il s’est fait le « Serviteur » (Jr 53,12). C’est ainsi que vous êtes venus vers Jésus le médiateur d’une Alliance nouvelle (He 12,24).

Du cœur de l’homme tant de recherches sont montées vers Dieu mais aurions-nous pu inventer un tel retournement ?

Car ce qui est venu du cœur de Dieu, sa Révélation pour l’homme est bouleversante :
– Le renversement de toute volonté de dominer,
– L’amour donné,
– Et le joyeux abaissement devant l’autre.

Le Seigneur Dieu est toute relation. Ce qu’il réalise le premier nous est dorénavant proposé. Comment allons-nous à la rencontre de l’autre ?
Ce ne sont pas les notables qui ont besoin de nous ! Ne nous enfermons pas dans nos milieux habituels alors que tant de personnes sont noyées dans leur solitude, tant d’autres écrasées par les problèmes d’emploi, de famille ou de santé.

Notre écoute et tout geste fraternel sont alors essentiels. Ne mesurons pas, ne calculons pas notre attention à l’autre. Dans la première paroisse où j’ai exercé mon ministère, j’ai été frappé par un poster laissé à notre méditation : un boulier, tel que l’on utilisait autrefois pour calculer avec cette inscription : Dieu est le dernier en calcul parce qu’il est le premier en amour.

C’est AUJOURD’HUI que la parole de Jésus libère, élargit et appelle à avancer. Elle s’adresse à chacun, elle s’adresse à la société humaine. Quand nous donnons un repas saurons-nous inviter celui ou celle qui ne rendra rien ? Ou bien ne tendons-nous la main qu’à celui ou celle qui nous rapportera quelque chose ?

Les graves problèmes du Nord et du Sud commencent à se prendre en charge chez nous. Les pays riches et les pays pauvres se croisent chez nous. Nous en savons quelque chose.

L’évangéliste saint Luc raconte volontiers les repas où Jésus est l’invité et il nous montre combien Jésus aimait ces rencontres autour de la table. Et c’est bien au cours d’un repas également qu’il a offert sa vie, à la veille de sa mort.

Au cours de l’Eucharistie d’aujourd’hui souvenons-nous que c’est toujours lui l’invitant, qu’il s’y donne et nous oriente vers le festin éternel. Amen

 

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