Messe du 21e dimanche du Temps ordinaire


Mgr Bernard Genoud, chapelle Notre-Dame de Tours à Cousset (FR), le 23 août 2009
Lectures bibliques : Josué 24, 1-2a 15-18; Ephésiens 5, 21-32; Jean 6, 60-69 – Année B

Mes chers frères et sœurs,
Et vous surtout, chers malades ou auditeurs qui nous avez rejoints sur les ondes,

Nous venons de lire des textes admirables : Josué a résumé toute l’histoire d’Israël, et maintenant il demande au Peuple de se déterminer : c’est pour ou contre le vrai Dieu ! Et dans l’enthousiasme le peuple répond : « Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu ! » Et voici que l’Evangile d’aujourd’hui, par delà plus  de 1.000 ans d’histoire,  accomplit et surpasse infiniment les promesses faites par Dieu dans le désert !!! « Je suis le Pain de la Vie… Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. » Et saint Pierre qui répond avec le même enthousiasme que le peuple hébreu mille ans auparavant : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle. ! »

Oui chers frères et sœurs, pour approcher  un peu de ce formidable mystère du Pain de vie, de l’Eucharistie et de la Messe, comme Josué, nous devons nous aussi reprendre l’histoire du peuple hébreu qui est aussi notre propre histoire de judéo-chrétiens ! Vous savez que les hébreux, en sortant d’Egypte, n’étaient pas partis les mains vides…ils avaient pris leur pique-nique : des troupeaux de vaches, de moutons et toutes sortes de réserves ! Eh bien Dieu va les dresser à la confiance !
Souvenez-vous de ce récit inouï du Sacrifice de l’Alliance de Dieu avec le peuple élu, par Moïse, en plein désert du Sinaï. Dieu demande de bâtir  un autel qui le représente. Et c’est une immense boucherie… quelle foi! On tue le bétail, on recueille le sang dans des bassines, et  on arrose l’autel qui représente Dieu avec la moitié du sang et le peuple avec l’autre moitié : et c’est pacte du sang : Dieu et le peuple ont symboliquement désormais le même sang dans les veines!
« Voici le sang de l’alliance que Yahvé conclue avec vous » proclame Moïse en aspergeant le peuple… ça nous rappelle quelque chose, qui arrivera bien plus tard, et que nous redirons tout à l’heure: « Prenez et buvez en tous, car ceci est la coupe de mon sang… le sang de l’alliance nouvelle et éternelle ».

Mais par la suite, le Peuple avait conscience de rompre l’alliance régulièrement. Alors une fois par année, au temple de Jérusalem, on renouvelait l’alliance entre Dieu et son peuple: Comme au Sinaï, on offrait des bêtes en sacrifice et le grand Prêtre allait dans le Saint des Saints, dans le temple de Jérusalem, avec le sang des victimes et il aspergeait l’arche d’alliance qui représentait Dieu, puis il revenait sur l’esplanade et il  aspergeait le peuple ; et ainsi l’alliance était revivifiée, reconclue.

Mais faudra-t-il attendre chaque fois une année lorsqu’on a une fois gravement péché ? Parce que les juifs avaient un tel sens de Dieu, que le pécheur savait qu’il avait offensé un Dieu si grand, si infini qu’il devait lui offrir ce qu’il avait de plus précieux !    Et qu’est-ce qu’un homme a de plus précieux : sa vie !!!

Mais Dieu ne veut pas que les pécheurs se suicident sinon nous ne serions pas là pour en parler.  Alors il souffle dans le cœur d’Israël au autre type de sacrifice : le sacrifice de communion… quand un juif avait péché il allait vers le prêtre,  avec une bête proportionnée à son péché, ce qui  était une sorte d’aveu publique de sa faute, car celui qui venait avec un lapin ou celui qui arrivait avec un bœuf avait autre chose à se faire pardonner ! Le  prêtre assommait cette bête, il la saignait, la brûlait, puis avec un couteau sacré il en détachait un morceau et le pécheur et ceux qui l’entouraient  devaient manger ce morceau. Et dans sa psychologie de juif ce n’était pas lui qui assimilait la victime, mais le contraire : le pécheur était mangé, comme dévoré de l’intérieur par la victime avalée… la bête était morte, le pécheur aussi était mort, dévoré de l’intérieur par la victime sacrifiée, et il restait alors,  à côté de l’autel, un homme juste qui avait retrouvé la communion avec Dieu et avec la communauté puisqu’ils avaient partagé la même nourriture.

Alors quand toutes ces grandes traditions sacrificielles et bien d’autres  sont profondément  entrées dans le cœur d’Israël, Jésus peut venir ! Oui, chers frères et sœurs, Jésus est venu pour tresser en lui toutes les pistes sacrificielles dont nous avons parlé, et tous les autres sacrifices de la Bible, parce que tous ces sacrifices convergent vers lui-même, parce qu’il est  la vraie victime, vraiment libre et pure, qui peut être saignée comme les bêtes sur l’autel de Moïse au Sinaï pour que son sang soit répandu non seulement sur le peuple d’Israël, mais cette fois sur tous les  hommes de tous les temps ! Alors il peut maintenant laisser aller la grande ‘boucherie’ de la croix…

Mais alors, si pour être sauvé il faut manger la victime et être aspergé de son sang, alors nous sommes perdus, nous sommes nés 2000 ans trop tard ?! Il a pensé à tout: « Prenez et mangez, ceci est mon corps… Prenez est buvez, ceci est mon sang…le sang de l’alliance nouvelle et éternelle… Vous ferez cela en mémoire de moi ! » : Et c’est LA MESSE !!

Et depuis 2000 ans maintenant pour nous chrétiens, voici que tous ceux qui vivront  la messe, participeront  au  vrai sacrifice de communion où ils seront touchés par un rayon sanglant de sa croix et boiront le sang de l’Alliance Nouvelle et Eternelle ! Et à la communion,  ce n’est pas nous  qui assimilerons  Jésus, la vraie victime, mais c’est  Jésus qui nous incorporera, qui fera de nous les membres de son Corps Mystique, qui nous rendra semblables à lui-même, la victime d’agréable odeur et  qui nous intégrera dans son offrande  à son Père. Quelle splendeur ! Oui, le saint Curé d’Ars avait tellement raison quand il s’extasiait: «  Une seule messe vécue en profondeur devrait nous arracher l’âme ! »
Alors nous en prendrons encore mieux conscience aujourd’hui quand nous lui dirons avant la Communion : «  Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole, et je serai guéri ! » C’est encore lui qui nous donne la grâce de ne pas le recevoir indignement ! Alors : « Oh oui, Jésus, dis cette Parole, et que mon âme soit guérie ! » Alors,  vraiment, de tout notre cœur, avec le même enthousiasme que Simon Pierre aujourd’hui nous lui crions : « Seigneur, à qui irions-nous : Tu es le Pain de vie…Tu as les paroles de la vie éternelle ! »
Amen !
(Seul le texte prononcé fait foi)

 

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