Messe du 1er dimanche de Carême

 

Abbé Martial Python, à l’église St-Pierre, Yverdon-les-Bains, le 1er mars 2009
Lectures bibliques : Genèse 9, 8-15; 1 Pierre 3, 18-22; Marc 1, 12-15  – Année B

                              

L’arc-en-ciel de l’Espérance d’un monde retrouvé

« Après le déluge ! », vous connaissez certes cette expression pour dire : laissez-moi respirer tant que je suis là, après c’est plus mon problème.

Mais avec le récit de la Genèse sur le déluge, il y a de fait justement un problème… car souvent, nous voulons vivre avant le déluge… Après, c’est la fin de tout. Dieu au contraire, nous invite à vivre après le déluge. Et l’Ecriture nous le rappelle : « Après le déluge, Dieu dit à Noé et à son fils : – Voici que moi, j’établis mon Alliance avec vous et avec tous les êtres vivants qui sont autour de vous ». (Gn 9, 9-10)

Il est vrai que nous vivons dans une société de surconsommation. Les produits nous parviennent sur la table et sont issus des 4 coins du monde quelles que soient les saisons, et en même temps, 850 millions d’hommes, de femmes et d’enfants souffrent de la faim dans le monde. A cela il ne faut nullement tomber dans un moralisme naïf et donc stupide, et en ce sens j’apprécie beaucoup le slogan des panneaux de sensibilisation de l’Action de Carême 2009 où il est dit : « Personne ne meurt de faim parce que nous mangeons trop, mais parce que nous ne réfléchissons pas assez. »

Mais comment réfléchir face à cette réalité ? où le marché Nord-Sud n’est pas équitable et où la terre est par endroit surexploitée sans compter la déforestation, entraînant des conséquences écologiques dramatiques. Car on sait que depuis l’ère préindustrielle, la concentration globale de gaz à effet de serre ne cesse d’augmenter avec des aboutissements qui seront la sécheresse et les inondations suivant les régions de notre globe. On dit même, selon certains scientifiques chevronnés, qu’il n’y aura plus d’ours polaires en 2040 !

Oui, comment nous situer ? Il nous est peut-être demandé, en ce début de Carême, et c’est l’Evangile qui nous y invite, à faire désert avec le Christ au sens d’être vide de ce qui nous est propre afin de davantage ouvrir notre cœur à la vision de Dieu qui croit à la vie. Car après l’orage, l’arc-en-ciel nous refait espérer. Mais il ne faut cependant pas tout attendre de Dieu en croisant les bras, car c’est toujours avec l’Homme, dans ses choix libres et consentants que Dieu réalise ses projets.

Pour cela, à l’image de Noé qui veut sauver la création avec son arche, retroussons nos manches et, pourquoi pas, contribuons en amenant notre part pour un monde viable en harmonie avec la Création. Certes le désir de Noé voulant préserver la création avec son arche paraît désuet face à l’ampleur du déluge. Mais il y a cru en y laissant une fenêtre ouverte vers l’infini pour qu’une colombe puisse voler au-delà du déluge et y ramener l’espérance signifiée par le brin d’olivier. Et nos ouvertures à nous peuvent se traduire par des actes concrets et en ce sens l’Action de Carême nous y aide : à savoir l’eau qui est porteuse de vie, quel respect en ai-je ? Est-ce que je l’utilise avec précaution ? Est-il semblable à celui que frère François d’Assise avait à son égard quand il disait : « Loué sois-tu mon Seigneur pour notre sœur eau, utile précieuse et chaste. » Comment je fais mes commissions ? Est-ce que je regarde la provenance des produits ? Ont-ils occasionné beaucoup de CO2  pour venir de leur lieu de culture ou d’élevage jusqu’au rayon ? Quel acte d’ordre humanitaire je pose durant ces jours qui précéderont Pâques ?

Alors avec tous ces gestes aimants vis-à-vis de l’Homme, vis-à-vis de – comme l’appelait aussi frère François – Notre Mère la Terre, oui tout cela mis ensemble, il pourrait se dessiner à l’horizon l’arc-en-ciel de l’Espérance d’un monde retrouvé.

Et le déluge ne sera plus devant nous mais derrière. Et ensemble nous pourrions assurer que nous croyons à la Bonne Nouvelle.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *