Messe du 1er dimanche de Carême

 

 

Abbé Pierre Aenishänslin, au monastère de la Visitation, Fribourg, le 5 mars 2006
Lectures bibliques : Genèse 9, 8-15 ; 1 Pierre 3, 18-22 ; Marc 1, 12-15 – Année B

Nous entrons en carême en acceptant de nous mettre en route.

« Quarante jours dans le désert, quarante jours pour éprouver notre faim de lumière. »
(G 275)

Les sœurs ont ouvert notre célébration avec ce chant. Je les remercie de nous avoir mis tout de suite avec elles sur le chemin de Pâques et à l’écoute de la Parole de Dieu. Dans l’évangile que je viens de proclamer, Jésus est poussé au désert. Le texte d’origine dit même : « l’Esprit Saint chasse brutalement ». (Mc 1,12)

Il y vivra quarante jours dans la prière et il sera tenté. La grande tentation sera de mettre Dieu à l’écart et de faire des choix loin du projet de Dieu sur lui.

Jésus n’y succombera pas tant sa priorité vitale et de toujours faire la volonté de son Père.

Aujourd’hui, nous sommes au désert avec lui.
Dans la bible, le désert est le lieu où se révèle ce qu’il y a dans le cœur de l’homme et dans le cœur de Dieu.
Nous comprenons pourquoi c’est un lieu de tentation.

Quand l’homme est démuni, livré à la faim et à la soif et à la solitude, il éprouve la grande pauvreté et la fragilité de son corps et de son cœur avide d’amour. Et là encore il reste enclin à se détourner de Dieu et des autres. Les épreuves de la vie que le temps du désert peut symboliser – et combien parmi nous vivent avec douleur ces épreuves – soit peuvent nous éloigner, soit nous rapprocher de notre Dieu. J’espère donc, dans ma prière fraternelle, qu’elles soient rencontre du Christ quand nous découvrons qu’il est à nos côtés.

Il s’agira donc de ne pas se fermer sur soi; car cela serait contraire à toute rencontre de l’autre et de Dieu.
Cette ouverture totale à l’autre, c’est ce que fera Jésus. « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Lc 22, 27)

Nous pouvons nous poser la question : Dans notre quotidien comment sommes-nous au milieu des hommes et des femmes qui nous entourent ? Dans quelle direction l’Esprit-Saint chasse-t-il chacun de nous ? Quelles épreuves avons-nous à surmonter ?

– Entrer en Carême ne consiste pas à reprendre un ensemble de pratiques destinées à nous mettre en ordre avec Dieu. Comme si c’était possible !

– Entrer en Carême c’est parcourir un chemin avec quelqu’un pour mieux le connaître et se laisser pénétrer dans la lumière de sa vie.

Autrefois, le carême conduisait les adultes qui avaient découvert le Christ Jésus et la foi jusqu’au baptême de Pâques. Les catéchumènes étaient alors baptisés dans la mort et la résurrection du Christ.

Aujourd’hui les quarante jours du Carême sont toujours le même chemin proposé aux catéchumènes mais également à toute la communauté chrétienne.

Saint Pierre écouté il y a quelques minutes dans sa première lettre nous rappelle qu’être baptisé, ce n’est pas être purifié de souillures extérieures mais s’engager envers Dieu avec une conscience droite, et participer ainsi à la résurrection de Jésus-Christ (IP 3, 21)… participer à la résurrection… être déjà ressuscité.

Ce chemin, vous le voyez bien, est celui de tous les baptisés. Laissons-nous pénétrer par la lumière de Jésus. Cette année suivons-le des bords du Jourdain jusqu’à Jérusalem où il vivra sa pâque.

Vivons dans la simplicité, désencombrés de tout ce qui nous rend mal-voyants à l’action de Dieu : les images et les bruits qui nous détournent de nous-même. Sachons goûter le silence et la pauvreté des moyens où Dieu peut se faire entendre.

Cette année l’action de Carême proclame : « Nous croyons. Engageons-nous pour le respect des droits humains ». Je dirais encore : Dans le respect des droits humains, nous vivons les solidarités de Dieu.

Si à l’Ecoute de la Parole, nous avons vraiment la triple attention au texte, à Dieu et aux hommes d’aujourd’hui, notre vie chrétienne durant la semaine qui vient sera féconde dans le Christ.

Amen

 

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