Messe du 18e dimanche ordinaire

 

Chanoine José Mittaz, à l’hospice du Grand-Saint-Bernard, VS, le 1er août 2010
Lectures bibliques : Ecclésiaste 1, 2; 2, 21-23; Colossiens 3, 1, 5, 9-11;Luc 12, 13-21 – Année C

Frères et soeurs,

 

La parole de Dieu de ce dimanche nous invite à discerner pour choisir d’une façon radicale quel sera le moteur de notre vie, la motivation qui va nous faire avancer, le critère de discernement pour prendre des décisions orientées vers plus de vie.
Des moteurs, il n’y en a peut-être que deux qui peuvent se décliner avec beaucoup de mots. Mais si on synthétise, il y a deux options de vie : la vaine tentative de vouloir garder, conserver, engranger avec, de manière sous-jacente, une peur lancinante de perdre, de tout perdre, de se perdre. Et dans cette peur il y a une solitude qui n’est habitée par aucun visage puisque la peur cherche à se rassurer au travers de tous les biens auxquels je m’agrippe.

La logique de la peur, il nous faut la reconnaître en nos existences pour la désamorcer et entrer dans cette vie éternelle qui est déjà commencée. Rechercher les réalités d’en-haut. Les réalités d’en-haut ce ne sont pas les réalités stratosphériques, mais ce sont les réalités qui ont une valeur de vie éternelle, que la mort ne pourra pas détruire. Il n’y a que la rencontre qui a valeur d’éternité. Nous sommes réunis pour célébrer l’Eucharistie ce matin 2000 ans après la mort du Christ, mais qui est vivant et qui se donne à notre rencontre. Vous êtes ressuscités avec le Christ ! Donc cette dynamique qui a valeur de vie éternelle, qui n’est pas vaine et qui s’oppose à la logique de la peur, c’est la dynamique de la générosité, du don. Il nous faut cultiver cela à titre personnel mais aussi à l’échelle d’une collectivité, d’un pays, de la Suisse ou de toute association dont nous faisons peut-être partie.

Ce qui rend heureux, c’est de se savoir aimé, autrement dit, d’être présent d’une manière ou d’une autre dans le cœur de l’autre. Et comment être présent dans le cœur de l’autre sans s’offrir soi-même ? Mais c’est vrai que pour cela, il nous faut apprendre à nous désencombrer. C’est la peur, comme je l’ai dit, qui favorise cet encombrement parce que la peur fondamentale, ce n’est peut-être même pas la peur de tout perdre, c’est la peur de vivre, de vivre à la hauteur de ce moteur, de ce verbe : Vivre ! Vivre, c’est être en relation, c’est être riche de l’autre. Notre petite et fragile communauté religieuse de l’Hospice… eh bien est riche de sa pauvreté ! Ici à l’Hospice, nous n’avons pas de chœur et ce matin, nous avons la joie de recevoir une chorale qui nourrit de vie et d’amour notre célébration ! Notre communauté religieuse n’a que quelques visages ici sur la montagne : quatre, cinq … et nous avons la joie de nous laisser enrichir par les visages des bénévoles, des employés qui œuvrent dans cette maison et qui nous communiquent, qui nous offrent cette Vie dont nous nous sentons parfois si pauvres… Il nous faut apprendre à lâcher pour pouvoir entrer dans cette Vie, c’est tout le contraire d’engranger. Alors oui, engranger, on peut parler des biens, des biens matériels, des comptes en banque… c’est assez actuel paraît-il…

Il nous faut aussi nous défaire de tout ce qui encombre notre cœur. Il nous faut faire vœu de pauvreté par rapport à nos soucis, par rapport à nos souffrances. Comment ? En y accueillant une Présence aimante pour que ce que nous rejoignons en notre cœur, ce ne soit plus de la douleur, mais Quelqu’un qui nous aime dans cette douleur, alors nous serons riches d’une Présence. Présence du Christ qui nous rejoint. Mais il faut aussi faire vœu de pauvreté de toutes nos joies. Comment ? Eh bien, en les traduisant comme une joie à offrir, en les traduisant dans un sourire, dans un regard, dans un geste, dans une attention vis-à-vis de l’autre. Plus nous serons désencombrés, plus nous deviendrons un espace d’hospitalité, un cœur, une présence hospitalière. Oui, si la flûte était pleine d’elle-même, comment ferait-elle résonner la vie pour tous ceux qui l’entendent ? Désencombrons-nous pour laisser le souffle de Dieu nous renouveler, nous régénérer, nous réorienter vers la Vie !

 

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