Messe du 15ème dimanche ordinaire

 

Mgr Denis Theurillat, au monastère du Carmel à Develier (JU), le 10 juillet 2005

Lectures bibliques : Isaïe 55, 10-11 ; Romains 8, 18-23 ; Matthieu 13, 1-23 – Année A

Nous vivons dans un monde, où les soucis et les préoccupations ne manquent vraiment pas.

– Je pense aux jeunes, qui ne trouvent pas de travail ou qui trouvent difficilement une place d’apprentissage.

– Je pense aux foyers déchirés, dont l’un des conjoints pour différentes raisons, reste seul avec les enfants.

De tels soucis étouffent ou peuvent étouffer la Parole de Dieu.

Nous vivons dans un monde, où les gens courent, pas seulement sur les terrains de sport.

– Je pense à ceux et celles, que la course au pouvoir et à la réussite essouffle et fatigue.

– Je pense à ceux et celles, qui, du matin au soir, courent afin que la richesse continue de remplir leurs greniers.

La course après le pouvoir, la richesse, l’avoir, étouffe ou peut étouffer la Parole de Dieu.

Parole de Dieu, qui, cependant, est proclamée et à laquelle adhèrent, jour après jour, tant de personnes. Parole de Dieu, que tant de personnes reçoivent comme source de vie et de lumière. Parole de Dieu, qui continue de donner vie à ce monde, contrairement aux apparences contraires. En effet, Parole de Dieu annoncée : un défi permanent lancé, alors que beaucoup de nos contemporains voudraient parler du silence de Dieu, alors que les attentats continuent de répandre la frayeur à beaucoup d’endroits de notre planète, comme à Londres, ces derniers jours.

D’une manière ou d’une autre, Jésus a brossé en son temps un même tableau. Lui, ce passionné de la rencontre avec toutes et tous sans exception, était en relation, lui aussi, du matin au soir, avec les personnes, au milieu de leurs joies et de leurs difficultés.

Lui aussi ne recevait pas l’accueil qu’il aurait souhaité, à chaque fois qu’il parlait.

Lui aussi était en bute avec ceux qui refusaient sa Parole

Lui aussi, cependant, avait la joie de voir sa Parole entendue et écoutée, mise en pratique et proclamée.

Jésus, lui, le premier, se rendait compte de ces nombreuses et diverses situations de vie. Il s’en rendait bien compte, lui qui semait la Parole, à temps et à contretemps. Il s’en rendait très bien compte, lui qui était venu dans le monde pour révéler son Père et conduire tous les hommes à Lui.

Un jour, le semeur sortit pour semer.

Le semeur, Lui, le Seigneur.

La semence, c’est-à-dire la Parole de Dieu.

Le sol, à savoir la réaction de l’auditeur.

Et l’attention de la part de Jésus est mise sur le rendement du grain selon le terrain, selon la bonne terre et le fruit qu’elle porte.

Jésus sème et il fait donc une constatation.

Oui, Il constate que le grain est jeté partout, à pleines mains.
Il constate qu’il y a certains terrains, favorables ou non à la réception du grain. Il constate que là, où le terrain est favorable, la graine produit du fruit en abondance. Jésus constate, mais en vue de nous révéler son regard positif.
Il veut nous révéler que la Parole de Dieu – la Bonne Nouvelle – est toujours féconde. Elle est féconde, si l’homme ne pose pas d’obstacles.

Frères et sœurs,
Nous arrivons à la fin d’une année pastorale. A beaucoup d’endroits, ce fut l’heure des bilans, ce fut le moment de constater, car durant cette dernière année, – comme durant les précédentes – tant de semeurs, à la suite de Jésus, sont sortis pour semer.

Tous les semeurs – j’en suis convaincu – ont fait le même constat que Jésus.

De jour et parfois de nuit, ils ont semé dans la prière et dans le travail quotidien à pleines mains. Tous les semeurs ont rencontré les différents terrains, je dirais, du moins fertile au plus fertile. Il faut alors garder ce regard positif de Jésus qui veut nous dire à tous : la Parole de Dieu, d’une manière ou d’une autre, est féconde si l’on ne pose pas d’obstacles.

Ce regard positif de Jésus nous révèle alors qu’il n’y a pas de cesse pour lui et qu’il nous invite à faire de même.

Jésus est débordant d’activités. Il se déplace d’un endroit à un autre. Il parle et il guérit, il enseigne et il soutient les foules. Et dans ce travail pastoral très actif, Jésus est réaliste. Il ne se décourage pas et il continuera sa mission avec force et détermination. Il veut – pour reprendre le langage de l’apôtre Paul -, que « la création, qui a été livrée au pouvoir du néant, soit libérée de la dégradation inévitable et connaisse la liberté et la gloire des enfants de Dieu. »

Son zèle pour l’annonce de la Bonne Nouvelle n’aura de cesse que sur la croix, que dans sa mort et sa résurrection.

Son zèle n’aura pas de cesse, car comme le dit le prophète Isaïe : « Ma parole, dit le Seigneur, comparable à la pluie et à la neige, ma parole, qui sort de ma bouche ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli sa mission. » Nous faisons l’expérience d’une telle parole, et les carmélites, qui nous accueillent aujourd’hui, prient, jour après jour, afin que cette Parole accomplisse sa mission, qu’elle ne retourne pas chez Dieu sans résultat.

Puissions-nous faire de plus en plus nôtre ce regard positif de Jésus, Maître et Seigneur ! Puissions-nous faire de plus en plus nôtre son zèle apostolique. Je vous y invite tous.

Je vous y invite tous, d’autant plus que cette parabole de la semence, de façon discrète, est un hymne de reconnaissance et d’encouragement à l’égard des semeurs de la Parole, au seuil du repos et des vacances bien mérités.

Reconnaissance de la part de Jésus, qui, parce que lui-même l’a expérimenté, semble dire aux semeurs : « Ce que vous faites est grand et indispensable. »

Encouragement de la part de Jésus, qui, quoiqu’il arrive, ne se résigne pas et qui, par conséquent, veut nous dire : « Poursuivez la mission que nous accomplissons ensemble, afin que la Parole de Dieu trouvent de plus en plus des terrains fertiles. »

Car, pour revenir aux exemples du début de ma méditation, il faut que les jeunes dans leurs difficultés, que les parents, au cœur de leurs épreuves, se sentent touchés par la Parole, qui veut les aider à rester debout, quand bien même justement la route est dure à parcourir.

Il faut que ceux et celles qui sont esclaves du pouvoir, de la richesse et de l’avoir fassent eux aussi cette expérience que le ciel et la terre passeront, mais que la Parole ne passera pas.

Il faut que tous fassent cette admirable expérience du chrétien, qui sait, parce qu’il met sa foi en la Parole, que quelque chose se construit secrètement dans les cœurs et donc dans le monde : « Quelque chose de grand qui sauve le monde. »
Amen.

 

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