Messe du 15e dimanche ordinaire

 

Mgr Rémy Berchier, à l’abbaye de St-Maurice, VS, le 16 juillet 2006
Lectures bibliques : Amos 7, 12-15; Ephésiens 1, 3-14; Marc 6, 7-13 – Année B

Frères et sœurs dans le Christ,

Amos, le prophète dénoncé auprès du roi pour incitation à la révolte, Amos, accusé de propos séditieux est littéralement chassé de Bethel – ce mot qui signifie : la maison de Dieu – , est chassé par Amazias. Je ne devrais pas rappeler cela ici, à Saint-Maurice, au terme de cette merveilleuse semaine romande de musique liturgique, mais Amos prophétisait en ces termes :

«Je déteste, je méprise vos pèlerinages, je ne puis sentir vos rassemblements ;… éloigne de moi le bruit de tes cantiques, le jeu de tes harpes je ne veux pas l’entendre ! » mais, chers amis musiciens et chanteurs, ne craignez pas, Amos disait cela en demandant la conversion pour arriver au jour où il n’y aura qu’un seul temple : Jérusalem ! Et bien Amos nous fait une confidence fabuleuse : « C’est le Seigneur qui m’a saisi ! » Amos est derrière son troupeau et le Seigneur lui dit « Va». .

Dimanche dernier, l’apôtre Paul nous partageait sa souffrance : «j’ai dans ma chair une écharde » et aujourd’hui, il nous dit : «C’est en Jésus-Christ que Dieu nous a choisis avant la création du monde… car elle est inépuisable sa grâce! »

Et dans l’ Evangile, nous trouvons la même démarche de Jésus avec les apôtres. Il les « appelle », dit le texte, et il les « envoie ».

Chers amis, voilà notre vocation première, notre vocation de chrétien : nous sommes choisis par Dieu, il nous appelle, nous sommes saisis par le Seigneur, il nous envoie ! Mais au centre de tout cela il nous faut mettre l’hymne de jubilation de Paul que nous venons d’entendre. C’est peut-être la plus belle prédication de l’histoire chrétienne. C’est la grande fresque du projet de Dieu et Paul s’émerveille en la contemplant et veut nous entraîner dans sa louange.

L’humanité rassemblée au point de ne faire qu’un seul homme en Jésus-Christ, à la tête de la création toute entière. Cette fresque est un triptyque ! Et chacun des éléments est une Bonne Nouvelle.

Tout d’abord Dieu a un projet sur nous, sur chacun de nous et sur l’ensemble de l’humanité. L’histoire humaine et notre histoire personnelle ont donc un sens, donc une direction et une signification ! Notre histoire avance vers son accomplissement. Nous allons, comme dit Paul, vers le moment où les temps sont accomplis. «Dieu nous a remplis de sagesse et d’intelligence en nous dévoilant le mystère de sa volonté ». Dieu nous fait entrer dans son intimité, il nous divinise, de tous les recoins de notre humanité, parfois pauvres et faibles, par sa grâce, il en fait de la beauté. N’est-ce pas le cheminement d’Amos, de Paul et des apôtres ? Quelle merveille ! Nous prenons vie et sens en Dieu ! Le deuxième volet du triptyque nous fait découvrir que la volonté de Dieu n’est qu’AMOUR ! Avez- vous remarqué les termes si forts de cette fresque : « Amour, bénédiction, grâce, bienveillance, louange de sa gloire ». et, en écho, le psaume 84 : « Ce que dit le Seigneur Dieu c’est la paix pour son peuple. Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ». Alors, quel bonheur de dire, lorsque je prie le Notre Père : « Que ta volonté soit faite ! » car elle n’est que bonne et amour.

Et le dernier élément du triptyque, nous l’accomplirons pleinement tout à l’heure, à la doxologie : «Par lui, avec lui et en lui ». Ce projet de Dieu s’accomplit à travers le Christ.

Telle est la prise de conscience de la proposition que Dieu ne cesse de nous faire ! Il ne s’impose pas ce Dieu qui n’est que séduction. Il nous a choisis le premier, saint Jean le dit, également avec force. Ce n’est pas nous qui lui faisons l’honneur de le choisir, comme nous serions trop souvent tentés de le penser. Non, notre vocation est de nous laisser séduire, de se laisser saisir, de répondre à son appel.

Mais, forts de la contemplation de tout ce que Dieu réalise en nous, à notre tour, nous sommes envoyés. Et Jésus, comme pour les douze, nous donne trois consignes : aller deux par deux, n’emporter que le strict nécessaire et ne pas nous laisser impressionner par le refus.

Selon la coutume juive, un témoignage n’est recevable que quand il est porté par deux personnes au moins. Nous ne sommes pas chrétien tout seul dans notre coin, c’est en communauté rassemblée que nous prenons corps, c’est en peuple que nous sommes en marche. L’expérience si forte de cette semaine de musique liturgique à Saint-Maurice en est aussi l’exemple. «Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux », nous dit aussi Jésus.

Puis, n’emporter que le strict nécessaire. Lorsque nous nous mettons en marche vers un lieu de pèlerinage nous remarquons combien tout est très vite lourd, alors nous nous délestons très rapidement de ce qui n’est pas nécessaire. Cette désappropriation est le meilleur moyen pour nous conduire à l’essentiel, à ce que nous sommes au plus profond de notre être : l’image et la présence de Dieu. Alors ce que nous faisons s’efface, que nous soyons organiste, soliste, parolier, musicien, directeur, animateur, chanteur ou tout autre engagé, reste important mais devient second face à l’essentiel qui m’habite et me fait vivre. Et la marche prend tout son sens : « nous allons vers le moment où les temps seront accomplis » dit Saint Paul.

Et enfin, il faut accepter d’être refusé. C’est Dieu, dans son Amour Infini qui laisse l’homme libre, Dieu qui se propose, qui n’a qu’une seule question : « Veux-tu de moi ? Veux-tu de mon Amour ?» le témoignage va jusqu’au respect de la liberté. Mais nous constatons aussi la croissance irrésistible des premières communautés chrétiennes après la Résurrection et tout au long de l’histoire de l’Eglise. Comment sommes- nous des témoins séduisants pour attirer vers le Christ, par ce que nous sommes ?

Bonne marche, frères et sœurs, en puisant sans cesse à l’essentiel que nous portons en nous et que nous sommes.

Amen

 

 

 

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