Messe du 14ème dimanche ordinaire

« Le Règne de Dieu est tout proche de vous »


Notre Dame des Marches, lieu de pèlerinage, nous accueille. Nous sommes tous des pèlerins, les uns visibles et, plus nombreux, les témoins non-visibles. Ensemble, nous venons d’écouter la même Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Il m’invite à vous souhaiter la paix : ’Paix à votre lieu de vie’.
Que cette paix du cœur repose sur vous, ou mieux, emplisse votre cœur !

Quelle mission m’a été confiée en ce dimanche ? Le Seigneur me dit : Va vers eux ! Dis-leur que je suis proche d’eux. Dis-leur que « le Règne de Dieu est tout proche de vous. » 
Je vous connais si peu ou pas du tout. Et pourtant depuis des semaines vous êtes présents dans mes pensées, dans mes prières. J’ai à vous apporter ce message. Le même message pourrait-il être ajusté  à vos attentes ? Nous vivons des étapes de vie si différentes. Chacun de nous porte une espérance et nous sommes tous avec des désirs si variés.
Qu’est-ce que la proximité du règne de Dieu dont nous prions sa venue dans le Notre Père ? Que nous apporte-t-il aujourd’hui ? La venue du règne de Dieu répond aux attentes les plus intimes de notre vie : « faire éclore ce qui germe en nos cœurs, faire mûrir ce qui est tombé en terre, faire revivre ce qui est mort. » Trois témoignages pourraient nous apprivoiser à la proximité du règne de Dieu dans le quotidien.

« Faire éclore ce qui germe dans nos cœurs »
L’an dernier, j’ai vécu un don immense dont je ne serais jamais suffisamment reconnaissant. Un membre de ma famille achevait sa vie parmi nous. Nous étions compagnons de route, particulièrement pour cette ultime étape. Plus s’approchait l’instant de son dernier souffle, plus son regard, son sourire, ses paroles, laissaient éclore de son cœur sa reconnaissance pleine de paix. Le final de cette éclosion de sérénité nous a tous pacifiés. Avec des mots plus simples que les miens, il témoignait déjà d’une vie qui l’habitait plus forte que la mort qui approchait. « Je sais où je vais et j’en suis heureuse. » Nous avons été témoins de cette proximité du règne de Dieu.

« Faire mûrir ce qui est tombé en terre »
Tim est un passionné. Célibataire, gagnant bien sa vie, il fut attiré par la vie des casinos. Sa passion pour le jeu se poursuivit après son mariage. De plus en plus, il assurait difficilement la vie de sa famille. Absence du foyer, souvent fatigué au travail, empruntant de l’argent, il en vint à faire des faux. Escalade de sa vie passionnée jusqu’aux décisions de justice. Tombé à terre, sevré des jeux, il vécut l’épreuve du silence, du face à face avec lui-même. A l’ombre de Tim, une épouse blessée, Sophia. Elle ne l’a pas abandonné ; elle ne lui a pas fermé la porte de son cœur. Trouvant l’énergie d’un amour souffrant, Sophia sut faire mûrir en Tim ce qui était tombé en terre, les vraies valeurs de sa vie et son désir de bonheur. Le recours de Sophia à une prière fut une simple demande : « Donne-nous aujourd’hui le pain de ce jour.» Pain nourrissant leur patience, pain restaurant leur amour, pain nourrissant la guérison de leurs blessures. Alors Tim, peu à peu, découvrit les valeurs profondes de sa propre vie. Elles avaient été enfouies par cet attrait pour le jeu. Ainsi Sophia rendit à Tim sa dignité d’homme et sa fidélité d’époux. Aujourd’hui, sa passion du jeu s’est transformée en passion pour que les siens soient heureux. Oui, le règne de Dieu est à l’œuvre, proche de ce foyer.

« Faire revivre ce qui est mort »
La confiance est un bien à la fois précieux et fragile. Bien précieux pour toutes nos relations humaines. La confiance rend sereins nos échanges, nos partages. Bien fragile car la confiance peut se pervertir en défiance, en méfiance, source de tant de procès imaginaires, de médisances et parfois même de calomnie. Combien d’innocents ont été victimes de rumeurs communiquées par des informateurs mensongers. Anastasie en a fait les frais. Par la jalousie d’une collègue, la rumeur est partie qu’elle détournait son patron de son foyer. La droiture d’Anastasie est bafouée. Ce fut un emprisonnement ayant pour clôture une rumeur, une certaine mise  mort morale. Le mensonge est toujours corrosif. Anastasie s’est déliée de cette rumeur injuste en laissant grandir en elle la grâce du pardon envers sa collègue. Les mois passent. Une circonstance opportune permit à sa collègue de lui avouer son méfait et de lui demander pardon pour tout le tort subi. L’une et l’autre se sont relevées et ont été libérées d’une situation morbide. Là encore quand une démarche de la vie l’emporte sur une démarche de la mort, le règne de Dieu est proche.

Guérissez celles et ceux qui sont malades. Dites-leur que le règne de Dieu est proche. Je ne saurai résoudre, amis pèlerins,  ce qui peut accabler votre corps et votre esprit. La prière ne remplace pas les soins médicaux ; elle n’annule pas un arrêté de justice et n’empêche de médire sur une personne. Mais la prière agit à un autre niveau. Elle nous conduit toujours vers le cœur ; elle prend soin de notre cœur. Là, dans cette intimité de votre vie, de nos vies, Jésus œuvre. Il fait éclore ce qui germe de bon en nous. Il fait mûrir ce qui était tombé en terre. Il fait revivre ce qui était mort. Alors l’espérance de bonheur renaît.

Membres d’une famille, Sophia et Tim, Anastasie et sa collègue, nous avons pu nous égarer, errer dans de fausses actions, de faux projets, de faux bonheurs. Nous avons traversé des moments sombres. Plus qu’une force de résilience, le Christ était avec nous, parmi nous comme Il est présent à nous tous ce matin. En sa présence, le règne de Dieu prend son vrai visage. Il façonne notre vie et nous transfigure en assoiffés de justice et en artisan de paix.

Laissez-moi entrer dans votre maison pour vous dire encore : « Que la paix de Dieu habite votre cœur. Le règne de Dieu est proche de vous.» Amen.