Messe du 14e dimanche ordinaire

 

Chanoine Jean-Claude Crivelli, au centre d’accueil La Pelouse, Bex, le 4 juillet 2010
Lectures bibliques : Isaïe 66, 10.14; Galates 6, 14-18; Luc 10, 1-20 – Année C

 

1.         « Ce qui m’impressionne le plus, c’est la joie pure des Sud-Africains, leur sourire, leurs danses, la chaleur de leur accueil », me confiait la semaine passée un jeune lors d’une rencontre de préparation à son mariage. Sa fiancée acquiesçait : « Quand on sait qu’après la Coupe du Monde, toute l’effervescence actuelle retombera, et que la plupart retourneront à leurs misérables cahutes, à leurs « Townships » insalubres, dans la violence et l’insécurité, il y a de quoi prendre conscience de la chance que nous avons d’avoir un bon toit, de quoi manger chaque jour. Il y a de quoi nous réjouir de notre couple, du bonheur qu’il nous est donné d’expérimenter. De quoi tout investir pour entretenir la fidélité que nous partageons l’un et l’autre ! »

2.         La joie, la source de la vraie joie. Authentique, pas éphémère. La joie qui nous habite déjà et à côté de laquelle nous passons régulièrement. La joie du couple et de la famille, à savourer durant le temps estival. La joie de la Parole de Dieu dégustée durant cette session biblique, sur la colline de la Pelouse à Bex. Cette Parole qui nous apprend à vivre : « La vie, mode d’emploi ! », tel était le thème de notre rencontre.

Il est beau de constater l’allégresse des septante-deux disciples mandatés deux par deux en avant du Christ, pour lui préparer le chemin ! Certes peu nombreux devant l’ampleur de la moisson, mais si enthousiastes ! Prions donc qu’ils soient de plus en plus nombreux aujourd’hui !
Et avec cela réalistes, ces disciples, envoyés comme des agneaux au milieu des loups. Mais si heureux de soumettre les esprits mauvais au nom du Christ !

Chargés de semer cette joie autour d’eux, en faisant retomber la paix sur toute demeure visitée. « Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord « Paix à cette maison » ». Paix, joie, shalom : ce passage, c’est l’évangile retenu pour la célébration de la bénédiction des maisons et de ceux qui y résident. N’hésitez pas à faire bénir votre demeure : c’est la joie du Seigneur qui reposera sur vous !

Surtout que le texte de Luc continue avec cette parole admirable, si importante pour nous, les missionnaires, les apôtres du 21e siècle : « restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous servira ». Voilà une phrase que je m’efforce toujours d’appliquer à la lettre, pour honorer ceux et celles qui me reçoivent !

Joie des disciples de tous les temps, lorsqu’ils voient le Règne de Dieu prendre figure et s’approcher de nous, en Afrique comme en Europe. Lorsque tous les esprits malveillants, les esprits de division et de dispersion reculent ! Lorsque nous nous laissons guider par la flamme du Christ, nous le proclamerons tout à l’heure durant la procession de communion : « En marchant vers toi, Seigneur, notre cœur est plein de joie : ta lumière nous conduit vers le Père, dans l’Esprit, au Royaume de la vie ».

3.         Cependant, Jésus va encore plus loin. La joie, authentique, pas éphémère. La source de la vraie joie, nous la chantons : « Tressaillez de joie, car vos noms sont inscrits pour toujours dans les cieux. Tressaillez de joie, car vos noms sont inscrits dans le cœur de Dieu. »

Mon nom, en Dieu. Mon être, uni au Seigneur. Dans une intimité impressionnante, resplendissante. Mon existence plongée dans l’Esprit du Christ, afin de m’ouvrir à sa fécondité infinie.

La voilà, la joie qui polarise notre vie et notre action. Satan tombe du ciel, en un éclair. Nous participons à la nature même de Dieu !

4.         Une joie véritablement mondiale. C’est Isaïe qui la chante. De Johannesburg à Jérusalem. Lorsque le Père nous prendra sur ses genoux, pour nous caresser. Comme une mère qui soulage son enfant. Lorsque le Seigneur nous consolera de toutes nos déceptions, qu’il fera reverdir nos membres alourdis, nos hanches déboîtées, nos bras désossés, nos jambes appesanties. Qu’il nous comblera d’une éternelle jeunesse, celle de la connaissance de sa volonté profonde. Celle qu’il réserve à tous ses serviteurs, à toutes ses servantes.

Un Mundial de la paix à Jérusalem, cité de la paix. Vous vous imaginez, une paix qui coulera tel un fleuve, charriant l’espérance de toutes les nations unies : Il y a de quoi rêver ! Et commencer dès aujourd’hui à l’accueillir, à nous y immerger. 

5.         Car à vrai dire, on pourrait avoir l’impression que c’est au football que la terre entière voue un culte ce mois-ci. En parodiant le Psaume 65 : « Acclamez-le tout l’univers ! Glorifiez-le en célébrant ses louanges ! Dites « Que tes actions sont redoutables ! » » Toute la planète se prosterne devant toi. Elle chante pour toi : « Venez et voyez les exploits redoutables des fils des hommes » ! »

La terre tourne au rythme du ballon, du Japon jusqu’au Chili, de Nouvelle Zélande au États-Unis, du Honduras en Serbie, du Ghana jusqu’au Portugal. Et nous divinisons ces piètres idoles. Et nous adorons ces pâles vedettes. Même en Suisse, l’entraîneur Othmar Hitzfeld avait été surnommé « Gottmar », comme « Gott », Dieu. Un divin entraîneur, quelle rigolade ! Il « avait été surnommé » ainsi, car on a vu ce que cela a donné. Nous avons bien vite déchanté, nous Helvètes.

6.         Car la vraie joie dure plus qu’un mois, elle ne se célèbre pas à coups de klaxons. Elle est de l’ordre de l’intériorité. Elle se trouve dans notre relation au Christ qui nous promet de partager son bonheur d’éternité. Elle se situe dans notre fréquentation du Seigneur qui nous invite à prier pour que des laïcs, religieux, religieuses, diacres, prêtres soient appelés, et envoyés.

Elle passe par la croix, par la souffrance, par l’épreuve inscrite dans notre corps, comme pour Paul, ce sportif de Dieu. La croix, notre seul orgueil, notre seule devise, berceau de la création nouvelle.

Car « croix » rime avec « joie », celle qui reste quand se taisent les « vuvuzelas », celle qui demeure quand s’éteignent les flonflons de la FIFA. La joie, mode d’emploi. Vive le Mundial de la joie ! Il a lieu chaque année, chaque semaine, chaque instant !

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