Messe du 13ème dimanche ordinaire

 

Chanoine Alexandre Ineichen, à l’abbaye de St-Maurice, le 26 juin 2005

Lectures bibliques : 2 Rois 4, 8-16; Romains 6, 3; Matthieu 10, 37-42 – Année A

Chers auditeurs, chers frères et sœurs,

J’aimerais vous convier ce matin à un exercice de lecture. Vous venez d’entendre l’Évangile, et si vous avez écouté la Parole de Dieu avec attention, maintenant ensemble relisons cette Parole de Vie, cette Bonne Nouvelle, comprenons-la afin de la mettre en pratique et essayer de la conjuguer avec notre quotidien.

N’est-ce pas le sens de toute méditation et le but de toute lecture spirituelle ? Écouter humblement, agir, et agir bien en conformité avec ce que nous avons entendu. C’est pourquoi je vous propose de relire la Parole de Dieu que nous venons d’entendre en ayant toujours à l’esprit que cet Évangile, s’il s’adresse en premier lieu aux disciples de Jésus et à ceux qui ont tout quitté pour le suivre, s’adresse aussi à tout un chacun. Même si je ne suis pas un prophète, ce passage évangélique est un signe pour ma vie, et ma vie la plus quotidienne. Bien que je sois pécheur et que mes actes soient souvent incohérents et marqués par la compromission, je veux le bien, non le mal et que la laideur de ce monde ne m’empêche de contempler les mystères auxquelles je participerai dans l’éternité.

Premièrement, interrogeons chaque mot, chaque lettre, c’est ce que l’on appelle une lecture littérale. Soyez sans crainte, je ne ferai pas ici l’exercice, faute de temps peut-être, mais surtout aussi parce que, lorsque tu pries, enferme-toi dans la chambre la plus secrète, là ton Père t’entendra. Pourtant, je crois que si je prends la Parole de Dieu à cœur, chaque mot, chaque parole, malgré leur obscurité et parfois même leur brutalité, ont une signification et une signification personnelle qu’il faut recueillir avec délicatesse et patience et qu’il faut comrpendre dans son sens et non au travers d’une interprétation fantasque.

Seul celui qui aime le Christ plus que ses parents ou ses enfants est digne de Jésus. Ces paroles sont dures. Mais n’est-ce pas difficile à une mère ou à un père de voir partir ces enfants ? Est qu’un fils ou une fille ne souffre-t-il pas de se séparer de ses parents pour mener une vie indépendante ? Jésus ne fait qu’accentuer une réalité tout humaine. Soyons courageux. Les Écritures sont la source inépuisable de la Vérité dans toute la réalité.

Maintenant, essayons de comprendre le sens prophétique des paroles de Jésus, – c’est la lecture prophétique de ce passage – et voyons dans l’accueil des disciples ou des prophètes, une réalité plus profonde. L’accueil du juste, même avec un simple verre d’eau fraîche, n’est pas une quelconque politesse, mais signifie un engagement pour la justice et le bien. Jésus l’a bien compris. Celui qui accueille un Apôtre l’accueille et surtout accueille Celui qui l’a envoyé, c’est-à-dire Dieu lui-même. Nos gestes et nos paroles ne sont pas seulement une bienveillance, mais une affirmation, bien plus une proclamation de notre foi. Mais, ne nous arrêtons pas aux seuls gestes prophétiques. Proclamer à temps et à contretemps la Parole de Dieu, c’est bien, mais il ne faut pas oublier de l’accomplir.

À une lecture prophétique, associons une action morale, – c’est la lecture morale des Écritures -. Lorsque Jésus dit que celui qui perdra sa vie à cause de lui la gagnera, il montre bien que ses paroles doivent se réaliser concrètement. La critique des Pharisiens que Jésus fait tout au long de l’Évangile et que nous connaissons bien ne dit rien d’autre. Les Pharisiens se croient justes, ils accueillent certes Jésus et lui donnent un verre d’eau, mais ils oublient la justice, ils oublient que c’est les plus petits d’entre les nôtres que nous devons accueillir et que la charité n’est pas qu’une bonne action pour calmer sa conscience. La morale, mot que l’on n’aime plus tellement entendre, mot galvaudé aujourd’hui comme toujours, n’est rien d’autre que d’aller jusqu’au bout de la parole prophétique pour le bien et contre le mal sous toutes ses formes.

Après la lecture littérale, prophétique et morale, il nous faut encore découvrir dans les Écritures l’image et le signe du monde à venir. L’Évangile le dit bien, l’écoute, l’accueil et la justice conduisent à une récompense : la vie éternelle. Notre réalité, la figure de ce monde passera, les prophéties disparaîtront et le mal sera vaincu. À leur place, nous espérons quelque chose de plus profond : le Royaume de Dieu, la parole éternelle : le Verbe fait chair, et nous vivrons une vie bienheureuse. D’ailleurs, en chaque Eucharistie, ne vivons-nous pas cette quadruple lecture ? En effet, nous avons, premièrement du pain, du vin, réalité toute banale, deuxièmement nous avons des paroles porteuses de sens, et qui, troisièmement, vivifient, et enfin, mystiquement, nous communions à Dieu lui-même qui nous promet la vie éternelle.

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