Messe du 13ème dimanche ordinaire

 

Abbé Pascal Desthieux, à la chapelle des Rédemptoristes, Matran, FR, le 27 juin 2004
Lectures bibliques : 1 Rois 19, 16-21; Galates 5, 1-18; Luc 9, 51-62 – Année C

Chers paroissiens de Matran,

chers amis de la communauté de langue portugaise,
et vous tous qui nous accueillez ce matin chez vous,

En ces jours de la coupe d’Europe des nations, nos yeux se tournent vers ce beau pays qu’est le Portugal. Et c’est pour nous une belle occasion de célébrer avec la communauté portugaise, une communauté importante et bien établie dans notre pays, une communauté croyante et fervente. Oui, comme il est bon de faire Eglise ensemble et d’intensifier nos liens.

Dans mon secteur pastoral de Romont, le 13 mai est devenu une date importante : Portugais, Capverdiens et Suisses fêtons ensemble Notre-Dame de Fatima par une grande procession dans les rues de notre ville.

Dès l’automne, nous célèbrerons aussi ensemble la messe du dimanche matin, une messe qui sera bilingue. Et nous nous préparons également à vivre un voyage pèlerinage au Portugal, spécialement à Fatima.

Nos yeux se tournent également vers le football. Et même si nous ne sommes pas tous des fans de foot, on peut faire de jolis liens entre le foot et l’Évangile. Il y a bien sûr les valeurs que l’on retrouve dans tout sport d’équipe : la cohésion du groupe, la collaboration entre les joueurs, l’endurance, le don de soi.

Mais à y regarder de plus près, Jésus n’est-il pas un formidable entraîneur pour son équipe d’apôtres ? Tout au long de l’Évangile, il les forme, les prépare à leur mission.

Il les emmène à Jérusalem, en sachant bien que la partie n’est pas gagnée d’avance. En bon entraîneur, il va montrer l’exemple en se donnant jusqu’au bout.

A celui qui veut le suivre, il explique que ce ne sera pas facile. Ce sera exigeant, inconfortable. Suivre le Christ, ce n’est pas se préparer une vie douillette, une bonne planque à l’abri des ennuis et des malheurs. Si c’était le cas, tout le monde serait chrétien… par intérêt et non par amour !

A d’autres qui au contraire veulent bien le suivre, mais pas tout de suite, parce qu’ils ont d’autres choses plus importantes à faire, il les invite à se mettre résolument en route, sans regarder en arrière.

On pourrait presque réécrire cet Évangile à la manière de l’Eurofoot. Cela donnerait ceci :

C’est l’heure de partir pour le Portugal. Il faut y aller, il va falloir se surpasser, donner tout ce que l’on a dans les tripes. L’entraîneur donne l’exemple, il se donne jusqu’au bout ; il risque gros : en cas de défaite, il sera limogé.

Les conditions sont dures : on n’est pas à la maison, on n’est pas dans son pays. Dans les stades, il faut affronter le public, ses sifflets et ses cris. Et puis l’arbitre : on a vraiment l’impression qu’il est du côté de l’adversaire. On commence à s’énerver, à implorer la malédiction sur toutes ces personnes hostiles. Mais l’entraîneur calme le jeu, et invite à redoubler d’effort.

Un jeune vient vers lui : « J’aimerais tant jouer avec vous. Je ferai tout ce que vous me direz, j’irai partout où vous irez ». « Tu sais, répond l’entraîneur, pour pouvoir jouer avec nous, il va falloir fournir de grands efforts, beaucoup t’entraîner, ne jamais te laisser aller, renoncer à plein de confort. »

Un joueur sélectionné lui dit : « Je viens volontiers avec toi, mais je vous rejoindrai plus tard car j’ai une fête de famille. » Un autre : « Moi, je dois aller à un enterrement ; vous comprenez, je viendrai quand j’aurai réglé la succession ». « Laissez tout cela, répond énergiquement l’entraîneur, votre mission est beaucoup plus importante : tout le pays compte sur vous. »

Puis, rassemblant tout son groupe, il leur rappelle quelques règles fondamentales, celles que nous a rappelées l’apôtre Paul dans la lecture. « Les amis, ce n’est pas du chacun pour soi. Au contraire, il faut vraiment que vous soyez unis, au service les uns des autres et respectueux de l’adversaire. Attention : si vous ne vous aimez pas, si vous êtes jaloux, cela ne va pas aller ; carton jaune ! Si vous faites des croche-pieds, des mauvais coups, alors là, c’est le carton rouge assuré ! »

Vous voyez que le foot n’est si pas éloigné de l’Évangile. Evidemment, la comparaison s’arrête là. La mission est tout autre. Le même saint Paul constatait déjà que les athlètes s’entraînent dur, et courent tous, mais un seul gagne le prix, une couronne de laurier, une couronne périssable. Traduit dans le langage du foot, il dirait : les joueurs suent, se donnent à fond, mais dimanche prochain, une seule équipe remportera la coupe, et ce sera vite oublié. Mais vous, ajoute l’apôtre, courez pour le Seigneur, de manière à pouvoir tous l’emporter, et vous remporterez ainsi une couronne impérissable (1 Co 24, 25).

Le Seigneur nous invite à le suivre, à nous mettre en route résolument, à nous donner à fond, à aimer jusqu’au bout. Qu’est-ce que cela veut dire : se donner, aimer jusqu’au bout ?

Je pense à un couple ami ; l’épouse est enceinte du deuxième, et ils apprennent qu’il est trisomique. Pour eux, pas de doute : « nous le gardons ; c’est notre enfant ! ». Ce petit est né, il a quelques mois. Récemment, je demande au papa comment il va. Il m’a répondu : « C’est notre rayon de soleil ». Voilà des parents dont l’amour va jusqu’au bout.

Et comment ne pas penser à notre pape Jean Paul II avec qui nous avons vécu un week-end formidable il y a trois semaines. Il va jusqu’au bout – c’est d’ailleurs ce qu’on lui reproche – mais il sait ce qu’il fait et il continue de « déplacer des montagnes ». Il a permis un rassemblement et une communion incroyable pour notre pays. Comme le Christ, il va jusqu’au bout, et il nous invite à en faire de même. Le samedi, à la BernArena, il nous exhortait :

« Jeune de Suisse, ‘mets-toi en route !’. Ne te contente pas de discuter; pour faire le bien, n’attends pas les occasions qui peut-être ne se présenteront jamais. Le temps de l’action est venu ! Au début de ce troisième millénaire, vous tous, les jeunes, vous êtes appelés à proclamer le message de l’Évangile par le témoignage de votre vie. Aujourd’hui plus que jamais, dans un monde qui est souvent sans lumière et qui n’a pas le courage des nobles idéaux, ce n’est pas le moment de rougir de l’Évangile. Il est plutôt venu le temps de le proclamer sur les toits. Prenez dans vos mains la Croix du Christ; ayez sur les lèvres les paroles de la Vie; ayez dans le cœur la grâce salvifique du Seigneur ressuscité ! Lève-toi ! C’est le Christ qui vous parle. Écoutez-le. »

Aide-nous, Seigneur, à te suivre, sans regarder en arrière. Montre-nous ce que tu attends de nous. Merci de nous rappeler qu’il n’y a pas de plus grande joie ni de plus grand amour que de se donner pour ceux qu’on aime.

 

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