Messe du 13e dimanche ordinaire

 

 

Philippe Charmillot, assistant pastoral, et Bastien Fahrni, à l’église des Breuleux, JU, le 30 juin 2002

Lectures bibliques : 2 Rois 4, 8-16; Romains 6, 3-11; Matthieu 10, 37-42

Philippe Charmillot :
« Celui qui aime ses vacances plus que moi, n’est pas digne de moi. Celui qui aime son argent plus que moi, n’est pas digne de moi. Celui qui aime la Coupe du monde de foot plus que moi, n’est pas digne de moi ». Voilà des paroles que Jésus aurait pu dire aujourd’hui.

Bastien Fahrni :
C’est un peu facile de paraphraser Jésus. Surtout que l’attachement de quelqu’un pour des choses matérielles ou pour des personnes n’est pas comparable. Le texte est clair. Il parle de l’amour pour ses parents et pour ses enfants.

Ph.C.
Oui, je trouve d’ailleurs ces paroles très dures car j’ai moi-même encore mes parents et je suis père de famille. Mais Jésus veut nous mettre en garde contre le risque d’être aveuglé par le matérialisme, par un métier ou des loisirs trop accaparants ou par des personnes. Tellement pris et occupé que l’on devient déphasé par rapport à la hiérarchie des valeurs proposée par l’Evangile. Combien de suicides parce que le travail ou l’argent étaient devenus la priorité dans la vie ? Combien de passionnés ont sacrifié leur couple pour leur hobby ? Combien de familles brisées à cause du coup de foudre d’un des parents pour une autre personne ? Prisonniers de nos jeux relationnels, esclaves de l’agenda ou drogués de la télé et de l’ordinateur, nous risquons d’oublier Dieu ou de le reléguer au second rang.

B.F.
Et pourtant on peut vivre heureux et en bonne santé sans donner à Dieu la priorité dans notre hiérarchie personnelle des valeurs.

Ph.C.
Heureusement et tant mieux. Ce qui prouve deux choses : d’abord que Dieu n’est pas un despote et qu’il n’use d’aucun chantage sur ses créatures. Ensuite que le bonheur n’est pas la propriété privée des chrétiens. Il est accessible à tous. Mais croire en Dieu, c’est passer de la religion à la foi. De la conviction que « Quelque chose existe quelque part », à l’expérience de la rencontre de « Quelqu’un ». Rencontre avec Dieu qui nous pousse à nous mettre en mouvement pour suivre le Christ. Ce qui nous oblige à relativiser toujours nos attachements aux personnes et aux choses, comme le propose l’Evangile de ce matin. A reconnaître nos limites. A accepter l’aide de Dieu. A faire de lui un compagnon, un conseiller. A retrouver des forces dans la Parole de Dieu et dans la prière. Quand l’être humain accepte que Dieu lui parle au cœur, alors cela devient un événement extraordinaire et déterminant pour l’homme et pour Dieu.

B.F.
Mais pour être chrétien il faut porter sa croix comme le dit le texte. Rechercher la souffrance pour expier ses fautes ou racheter ses erreurs.

Ph.C.
Effectivement, on a souvent interprété ainsi ces paroles de Jésus. Ce qui a conduit à ces travers horribles, du genre : « Il faut beaucoup souffrir pour bien mourir ou pour être sauvé ». A mon avis, porter sa croix signifie se battre au nom du Christ, pour la justice, pour la solidarité, pour sa foi. Car souvent, exister comme chrétien conduit à la souffrance et à la critique. Je pense à ces enfants desquels on se moque parce qu’ils vont au caté. A ce jeune qui a choisi de vivre un camp en Eglise cet été, plutôt que d’aller avec les copains au bord de la mer. A ces hommes ou ces femmes en responsabilité politique ou économique qui sont mal vus parce qu’ils appliquent des décisions cohérentes avec leur foi, mais toujours avec les directives de rentabilité.

B.F.
Alors c’est un peu l’inverse des matchs de la Coupe du monde : il faut perdre pour gagner. Perdre sa cupidité pour gagner en partage. Perdre sa violence intérieure ou verbale pour gagner en douceur. Perdre du temps pour gagner en disponibilité. En fait, inverser quelque peu la hiérarchie des valeurs du monde au profit de celle de Dieu.

Ph.C.
Oui, et sachant que Dieu n’a pas d’autre puissance que celle d’aimer, la question est de savoir comment je peux le suivre en aimant davantage? Comment repartir sur ses traces ? Comment dans ma vie quotidienne laisser une place pour mon dialogue avec Dieu ? Afin que ma vie, ainsi embaumée des parfums de l’Evangile, trouve son plein sens et me remplisse d’un bonheur qui rejaillira pour les autres. Ainsi seulement j’aurai l’impression d’avoir réussi ma vie.

 

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