Messe du 12e dimanche ordinaire

 

Abbé Marc Donzé, à l’église d’Arconciel, FR, le 20 juin 2010
Lectures bibliques : Zacharie 12, 10-11; Galates 3, 26-29; Luc 9, 18-24 – Année C

 

Connais-moi, si tu peux, ô passant, connais-moi
Je suis ce que tu crois et suis tout le contraire
La poussière sans nom que ton pied foule à terre
Et l’étoile sans nom qui peut guider ta foi

Ces quatre vers sont de Marie Noël, grande poétesse, qu’en sa bonne ville d’Auxerre, la plupart des gens considéraient comme une vieille fille bigote.

« L’étoile sans nom qui peut guider ta foi ». Il arrive que, dans nos vies, nous découvrions cette étoile : une personne qui nous donne confiance, qui révèle le meilleur de nous-mêmes, qui donne sens à nos actions, qui oriente notre vie.

Point n’est besoin que ce soit quelqu’un de grandiose. C’est juste quelqu’un qui nous ouvre à un avenir. Comme ce jeune handicapé mental qui embrassa un petit voyou de la banlieue parisienne et le fit entrer dans la danse. Le voyou, qui n’avait guère eu l’occasion de se sentir aimé gratuitement, s’en trouva complètement bouleversé; et le petit handicapé mental devint comme une étoile pour lui. La petite frappe des bals du samedi s’appelait Tim Guénard.

Alors, cherchons : qui furent, qui sont les étoiles dans nos vies ?

Mais les étoiles, les compagnons d’humanité qui nous ouvrent la route, sont fragiles. Ils peuvent disparaître, se corrompre, trahir… Alors, que faire ? L’Evangile de ce jour nous esquisse une réponse.

Pierre, l’apôtre Pierre, avait trouvé son étoile. Il en avait reconnu l’identité profonde sous la poussière des chemins. « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ». Il lui avait donné sa foi, sa confiance, sa vie même.

Et patatras. L’immense fragilité des relations de ce monde le rejoint. Pire encore, l’énigme du mal, de l’injustice, de la cruauté le traverse. Jésus, l’Innocent, lui annonce qu’il doit souffrir, être condamné injustement, mourir.

Il y a de quoi perdre sens. Il y a de quoi être paumé, comme on dit. Pierre a à peine trouvé son étoile, qu’elle va déjà disparaître. Et de la pire façon.

Mais il y a un petit mot au bout de ce que dit Jésus, que Pierre a, je l’espère, entendu. « Le troisième jour, il ressuscitera ». Autrement dit, il y a un avenir après la catastrophe. Pierre mettra longtemps à comprendre. Il faudra qu’il souffre, qu’il ait peur, qu’il trahisse même ; puis qu’il rencontre le ressuscité, qu’il se sente pardonné, aimé, remis en confiance. Après le fond du trou, Pierre a été remis debout. Il a retrouvé l’étoile des étoiles.

Il se peut que nous vivions la même séquence d’événements que Pierre. D’abord, une belle rencontre qui donne sens, couleur, espérance, amour dans notre vie… et qui nous enracine dans la Source de l’Amour. Rencontre d’une personne qui nous donne à rencontrer l’essentiel. C’est notre étoile.

Puis, très souvent, vient le temps des épreuves, des défaites, des trahisons. Les étoiles ont l’air de tomber, les rencontres se ternissent. Peur et désespoir nous traversent. L’impression que tout est fini, vide, sans saveur. C’est alors que nous pouvons entendre la promesse la plus importante : « Le troisième jour, il ressuscitera ». Et nous avec lui.

La peur, l’horreur peuvent exister dans nos vies. Mais, en Dieu qui est source de vie, elles n’ont pas le dernier mot. Quelle bonne nouvelle.
L’étoile qui peut guider ma foi, si petite soit-elle, me fait entrer dans une lumière de résurrection.
Amen

 

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