Messe du 11e dimanche du temps ordinaire

 

Abbé Jean Glasson, église de Bussy, VD, le 17 juin 2012
Lectures bibliques : Ezékiel, 17, 22-24; 2 Corinthiens 5, 6-10; Marc 4, 26-34 – Année B


Frères et Sœurs,

Croyants de toutes confessions et de toutes religions, nous souhaiterions parfois que Dieu intervienne dans le cours de l’Histoire de façon directe et visible. Face aux souffrances des populations du tiers-monde ; face aux flots d’hommes, de femmes et d’enfants qui quittent leurs terres pour trouver un refuge dans nos pays occidentaux imaginant y trouver monts et merveilles ; face aux violences en Syrie ou dans d’autres pays, violences devant lesquelles les responsables politiques semblent impuissants ou indifférents ; face à la maladie d’un proche ou à la mort d’un enfant, tous, nous devons reconnaître qu’un jour ou l’autre, nous avons souhaité que Dieu intervienne. Nous le demandons aussi pour lui, en quelque sorte, lorsque les athées ou les agnostiques nous interpellent : « Comment un Dieu bon peut-il permettre des drames pareils ? »…

Dans l’Evangile de ce dimanche, Jésus veut nous aider à mieux comprendre que c’est parce que Dieu est Amour qu’il étend son règne d’une toute autre façon que nous le réclamons parfois. Son royaume n’a rien à voir avec la puissance d’une armée ou avec une quelconque force violente. Non, le royaume de Dieu est semblable à « un homme qui jette le grain dans son champ » ou encore à « une graine de moutarde » minuscule jetée en terre. Quoi de plus petit, de plus discret, de plus inoffensif qu’une graine ! Jetée en terre, elle disparaît à nos yeux et semble ne plus exister. Et pourtant, que nous dormions ou soyons éveillés, elle meurt, puis produit l’herbe, l’épi et le blé, ou alors l’arbre aux longues branches dans lequel les oiseaux peuvent nicher.

La condition actuelle du royaume de Dieu, c’est cette apparente insignifiance. Alors qu’il est réellement semé par la venue du Christ en notre monde, il grandit dans la discrétion des cœurs qui choisissent avec détermination d’aimer Dieu et leur prochain. Oui, c’est cette adhésion libre de chaque être humain à l’Amour qui fait croître le royaume. C’est avec nous que Dieu veut transformer ce monde et non pas malgré nous. Parfois, heureusement, des gestes médiatisés nous laisse entrevoir le royaume et donne sa place à une Bonne Nouvelle dans les colonnes des journaux ou des émissions télévisées : une Mère Teresa qui entoure d’affection une personne dont le corps est décharné à Calcutta, un abbé Pierre qui fait un appel au secours pour les sans-abri ou un Père Kolbe qui donne sa vie à la place d’un père de famille à Auschwitz. Là, on voit que le monde change, parce qu’un homme ou une femme a accueilli l’Amour de Dieu dans son cœur.

Cependant le plus souvent, « nous cheminons dans la foi, nous cheminons sans voir » comme l’enseigne déjà saint Paul aux chrétiens de Corinthe. Mais celui qui croit au Christ, à la puissance de salut de sa mort et de sa Résurrection, celui-là garde confiance. Il sait que la graine, aussi fragile qu’elle puisse paraître, porte en elle la puissance de la vie.

En contemplant l’échec apparent du Christ sur la croix, il discerne déjà la victoire du Ressuscité !

 

 

 

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